Quentin Dupieux. Ce mec est totalement frappé. Le monsieur, compositeur de musique électronique à ses heures, s'est fait connaître avec son troisième film, Rubber. Un film dont la partie la plus logique décrit la vie d'un pneu qui tue les gens par la télépathie (si la première question qui vous vient à l'esprit est "mais voit-on le pneu prendre une douche dans un motel ?", je peux y répondre. Oui.)... ça vous pose la carrière du type.
Réalité est son sixième film, et une synthèse de sa filmographie selon lui. On y retrouve les Etats-Unis, la langue anglaise, les comiques français (Jonathan Lambert et Alain Chabat qui succèdent ici à Eric et Ramzy... Eric Judor ayant joué dans trois films de Dupieux !), les animaux, la violence, et bien sûr l'absurde. C'est là-dessus que le cinéma de Dupieux a évolué avec le temps ; on est passé du "no reason" de son Nonfilm et de Rubber à un absurde beaucoup plus réfléchi, et donc beaucoup plus dérangeant. C'est un retour à la société dérangeante par son obsession plastique dans Steak, et la continuation de ses deux précédents opus, Wrong et Wrong Cops. Le principe est simple ; chez Dupieux, le monde est instable. Tout est bizarre. Il pleut à l'intérieur d'une agence de voyage pour les Bahamas, alors qu'à l'extérieur il fait beau... et c'est là que l'univers s'installe : les personnages n'en sont pas choqués. L'absurdité dérangeante du monde chez Dupieux est traité avec un détachement chronique qui rappelle beaucoup le cinéma de David Lynch, mais dans une veine bien plus comique.
Réalité est donc un film complètement incompréhensible. Alors là, pas de honte à l'avouer, à la fin on ne comprend plus rien, niet, nada, C'est l'histoire d'un caméraman, Alain Chabat, qui va vendre un projet de film à un producteur, Jonathan Lambert : les téléviseurs se révoltent et envoient des ondes qui tuent tous les êtres humain. Le producteur veut voir les gens souffrir et dit à Alain Chabat de trouver le gémissement que font les hommes en mourant. Comme ça, ça paraît simple... sauf qu'à cela s'ajoutent d'autres séquences. Des rêves, et des films. Et les personnages des trois réalités finissent par se croiser et alors là tout fout le camp.
Et c'est drôle, si drôle. Un homme vêtu d'un costume de rongeur se plaint d'avoir de l’eczéma mais personne ne le croit et surtout pas son médecin qui lui a la tronche bouffée par les plaques rouges, une gamine débat de la possibilité qu'un sanglier avale une cassette vidéo sans la mâcher, Alain Chabat s'interne lui-même dans un asile avec le même ton qu'un homme demandant une baguette au sésame à la boulangerie...
On se perd dans les différentes réalités, et Quentin Dupieux interroge habilement et malicieusement la perception de l'homme, la nature du spectateur, jusqu'à ce que tout se mélange et se confonde. Là-dessus, le choix de la musique est parfait : on entend sans cesse le début d'un morceau de Philip Glass qui avec ses notes très rapides et répétitives créé un sentiment de confusion similaire quant à la mélodie entendue.
C'est Dupieux, c'est génial, c'est trippant, toutes les répliques sont cultes, c'est débile, c'est marrant. Oh et on y voit le père de Lex Luthor dans Smallville jouer un réalisateur excentrique et hautain, et c'est sans doute la meilleure idée de casting de tous les temps. Et ça c'est une hyperbole. Bim.
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