Quand Alex Garland décide de réaliser un film, le petit cinéphile accro à la SF est à l'affût. Car ce monsieur, qui a vécu son entrée dans le cinéma lorsque Danny Boyle a adapté son roman The Beach pour le grand écran, a ensuite enchaîné en écrivant les scripts d'un paquet de bons films : dans l'ordre, 28 Days Later, Sunshine, Never Let Me Go, et le remake de Dredd qui a fait un carton dans la vente de DVD (je parlerai bien de son bide au cinoche mais il n'est même pas sorti chez nous... pas assez d'amour pour Karl "Manon Clément" Urban !).
Pour son premier passage derrière la caméra, monsieur Garland décide de s'attaquer à la question de l'intelligence artificielle, et il le dit lui-même, le film est une oeuvre à idées, qui permet de se poser des questions. Donc, l'histoire rapidement : dans un futur proche ou lointain qu'est-ce qu'on s'en branle, un employé de BlueBook est sélectionné pour aller passer une semaine en compagnie du génie à la tête de la compagnie, qui est un genre de Google/Facebook/Apple de ouf malade. Domnhall Gleeson débarque donc dans la maison totalement isolée d'un Oscar Isaac qui confirme encore une fois qu'il est un des grands, grands, GRANDS acteurs de ces dernières années et de celles à venir. Oscar Isaac, idolâtrée comme Steve Jobs et modèle physique exact du hipster type de la clientèle Apple - c'est-à-dire celui qui n'existe pas, le modèle qui cache le vrai -, lui explique le motif de sa venue : conduire le test de Turing sur une intelligence artificielle.
Une, car c'est une femme, bien évidemment. Après la Replicant de Blade Runner, après la Eve de Wall-E, sans parler de ce qui touche à Ghost In The Shell, l'interaction naît d'une forme de sensualité, et donc, le choix est fait, le créateur homme créé la femme - Alicia Vikander qu'on a pu voir dans Anna Karenina il y a peu - et la femme est sensuelle. Et à raison, comme on peut le découvrir durant le film. Là dessus, le scénario est habile car il est riche de nombreuses surprises, plus ou moins attendues, mais également de ruptures de ton allant de la comédie absurde au cinéma d'horreur. Par ailleurs, Ex Machina a l'intelligence de nous laisser des questions plein la tête, notamment sur les motivations des personnages, ce qui est un succès en soi. Franchement, rater la fin d'un film de SF ambitieux dans les idées et réduits dans les moyens (on pense beaucoup au Moon de Duncan Jones, et dans les thématiques également), ça aurait été impardonnable, mais heureusement il n'y a rien à pardonner.
Des questions, car beaucoup d'idées font que cette approche de l'intelligence artificielle est originale par rapport à d'autres, et cela se remarque dans les détails : comment par exemple, est-ce que l'IA reproduit des expressions humaines sur son visage et dans le ton de sa voix ? Tout simplement parce qu'elle est connectée au réseau BlueBook et sait ainsi tout des vidéos, photos, appels de tous les hommes de la planète. Ainsi, elle imite jusqu'à peut-être atteindre une indépendance. Le choix du test de Turing donne une structure aux interrogations qui encadre le jugement de l'intelligence artificielle ; qu'est-ce que l'intelligence ? Est-ce être capable de formuler des pensées ? Est-ce être capable de dessiner ? D'aimer ? De mentir ? Histoire de guider notre réflexion, le titre annonce la couleur dès le départ : dans Ex Machina, il n'y a pas de Dieu, alors qu'est-ce qui sort de la machine ? En bref, y a bon le cinéma SF en ce moment franchement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire