samedi 26 septembre 2015

The Program : De l'autre côté de la montagne

Où comment un putain de film dément passe totalement inaperçu au cinéma. Ouais, je l'ai dit, je l'assume, j'ai spoilé : The Program est un putain de film qui mériterait un peu d'Oscar buzz, et je ne comprends donc pas pourquoi il est sorti si tôt et dans si peu de salles. Parce que le monde est injuste et tout pourri, probablement.


Le nouveau film de Stephen Frears ressemble beaucoup au Social Network de David Fincher, en ce qu'il s'intéresse à un héros moderne et à son élévation destructrice. Après Philomena, le réalisateur britannique continue de faire de la fiction du réel, en adaptant ici le livre du journaliste qui a douté dès le départ de Lance Armstrong. C'est donc un biopic sans merci qui tente et à mon sens réussit à représenter les multiples facettes d'une réalité complexe sans aller vers la simplicité de la narration.


Frears s'intéresse donc à cette histoire dans toutes ces dimensions : la jeunesse d'Armstrong, sa rencontre avec le journaliste britannique qui sera par la suite le premier à douter de lui, l'ascension du dopage dans le milieu du cyclisme et le culte du silence qui fut instauré autour... voilà des points de départ. A partir de ceux-ci, le réalisateur ne ménage rien ni personne et en profite pour affubler le réalisme de sa structure scénaristique - c'est-à-dire qu'elle suit moins des processus de cause à effet et plus le chaos de la vie tel que nous la vivons - d'une esthétique british pop un peu comic book, ce qui est 1) Totalement absurde et incohérent 2) absolument génial.


Ben Foster crève l'écran dans son interprétation de Lance Armstrong, mais ne risque pas de voir les Oscars lui faire de l'oeil, car ces derniers ont encore une vision très biaisé de ce qu'un acteur mérite pour un premier rôle : c'est-à-dire un certain héroïsme. Presque tous les ans, les nominés et les vainqueurs en premier rôle sont des héros, qui parviennent à surmonter des difficultés inouïes ; ce que fait Lance Armstrong au début du film en traversant un cancer. Puis il devient monstrueux et assez antipathique, et c'est ce qui, à mon avis, lui coûtera une nomination. Ce qui est extrêmement ironique quand on y pense : la fable exceptionnelle de Lance Armstrong, celle à laquelle beaucoup ont cru pendant des années, aurait fait un film à Oscars. Celui-ci ose montrer ce que l'académie n'aime pas ; la chute dans l'envers du décor. The Program rappelle violemment que les grandes et belles histoires glorieuses, ça n'arrive finalement qu'au cinéma.

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