(Avant de lancer l'article, voici une "petite" vidéo tournée pour le fun, pour discuter des Oscars. C'est tout. Lolilol. C'est assez drôle de voir comment on s'est planté pour plein de trucs. Mais ne regardez pas cette vidéo.)
Salut ! Vous allez bien ? Il fait un peu beau mais un peu moche aujourd'hui, c'est assez étrange comme type de ciel.
Voici mes remarques et pensées sur la cérémonie des Oscars de cette année, en quelques catégories bien distinctes :
Des Césars aux Oscars :
De vendredi soir à dimanche soir ont lieu tous les ans trois cérémonies. Les Césars bien de chez nous, puis les Spirit Independent Awards, et les "Dependent Awards" le dimanche, comme l'a si bien dit Neil Patrick Harris, c'est-à-dire les Oscars.
Et franchement, j'aime le cinéma français, mais je n'aime vraiment pas les Césars. Déjà, je trouve qu'ils représentent une tranche étrange de notre cinéma, sans oser par exemple aller représenter les plus indépendants (Pascale Ferran...) ou aller chercher dans les gros succès populaire - en dehors de La Famille Bélier -. Mais ça, c'est une mince critique, c'était une belle sélection et il y avait de très beaux films qui méritent d'être vus et reconnus, notamment Les Combattants et Timbuktu. Donc, seulement trois choses :
1. La cérémonie coûte quatre fois moins cher que les Oscars, mais elle fait beaucoup, beaucoup, beaucoup moins professionnelle que cela. A aucun moment je n'ai ressenti un amour pour le cinéma émaner de l'assemblée... et encore moins pour la comédie. Car admettons-le, un bon français est un français qui a de l'humour, et si on engage des comédiens comme Edouard Baer pour animer, il faudrait peut-être que les stars rient un peu à ses blagues, plutôt que de le laisser se manger des bides intersidéraux... Aux Oscars, le temps de parole est limité, et c'est grave abusé pour les techniciens (mais au moins eux reçoivent des prix là-bas), mais au moins c'est pro.
2. La musique. Putain de merde la musique. Est-ce que c'est si compliqué que ça, au moment où un film remporte un trophée, de passer dans la salle la musique du dit film ? Et ainsi honorer le film en question ? Ah, on me répond "non fuck youuu on va mettre la musique des Avengers quand Timbuktu va gagner c'est pas logique mais je t'emmerde mon gaaars", donc tant pis.
Aux Oscars, ils ont tellement la classe qu'ils ont un orchestre. Et cet orchestre joue des phrasés musicaux cohérents à chaque fois qu'une célébrité vient présenter quelque chose : la musique d'Edith Piaf pour Marion Cotillard, une variation des Hunger Games pour Josh Hutcherson... et... une version symphonique de "Eye of the Tiger" pour Matthew McConaughey? Bon, je n'ai pas compris ce dernier choix, mais hé au moins c'était classe !
3. On peut aimer ou non La Famille Bélier. Bon, moi je ne l'aime pas du tout. Mais déjà, la nomination en tant que meilleur espoir de l'actrice principale m'avait beaucoup surpris. Le fait qu'elle ait remporté le prix me dégoûte, tout simplement. Parce que si je n'aime pas sa manière de chanter, je peux reconnaître qu'elle chante bien. Mais son jeu... n'était pas bon. Et face à elle, dans cette catégorie, il y avait les deux actrices de Respire, le film bouleversant de Mélanie Laurent. Cette victoire peut vouloir dire deux choses : les votants ne savent pas ce que c'est que de jouer, ou bien ils n'ont vu aucun des autres films nominés dans cette catégorie, ce qui n'est pas franchement plus glorieux.
Je trouve que récompenser sa performance et ignorer celles des autres est une injure à tous les acteurs et actrices du pays qui tentent de faire carrière.
Passons maintenant aux Oscars, et pour en parler, divisons cela en trois catégories : le défilé, le spectacle et les vainqueurs. (Je précise ici : il y a quelques films que je n'ai pas pu voir au moment des Oscars, puisqu'ils n'étaient pas sortis : Selma, Still Alice. Et j'ai aussi raté Unbroken)
Le Défilé :
Les Oscars, c'est avant tout une démonstration, un show. Ce sont des belles tenues, des belles coiffures et l'occasion pour nous tous qui adorons le cinéma d'admirer tous ces acteurs et ces actrices sur leur 31. Et malgré le fait que j'ai un jour eu la chance de mettre en scène un défilé de mode (forever grateful Marinette), on ne peut pas dire que je m'y connaisse beaucoup donc : c'était beau. Voilà.
J'ai notamment apprécié les costumes de Jared Leto et Matthew McConaughey, ainsi que certains de Neil Patrick Harris qui rappellent aux hommes qu'ils ne sont pas forcés de se vêtir de noir. Anna Kendrick était superbe, Zoe Saldana resplendissante, et Reese Witherspoon transpirait la classe.
Le Spectacle :
Avec trois sous-parties :
Neil Patrick Harris :
Il est vraiment agréable de voir comment un hôte apporte sa touche personnelle à une cérémonie. Avec ce cher NPH, on pouvait s'attendre à un peu d'humour, beaucoup de musique et une touche de magie ; et c'est exactement ce que nous avons vu. Le numéro d'ouverture, évidemment musical, célébrant la grandeur du cinéma tout en s'offrant une auto-critique décapante avec cette apparition de Jack Black, a été pour moi la meilleure partie de la soirée. NPH a aussi lancé une scène parodiant Birdman tout en incluant Whiplash avec brio, c'était vraiment bien trouvé.
Son tour de magie a aussi été assez amusant, même s'il était plus directement réservé aux personnes présentes dans la salle.
Son tour de magie a aussi été assez amusant, même s'il était plus directement réservé aux personnes présentes dans la salle.
Enfin son humour a été... en dents de scie. La plupart des blagues étaient amusantes, mais son tempo était vraiment étrange. Mais ça n'a aucune importance, le reste était super !
La musique :
Là, le film Lego a marqué un grand coup. La performance de "Everything is Awesome" était vraiment totalement dingue, vraiment il faut le voir pour le croire. Ils n'avaient pas besoin d'être nominés dans la catégorie meilleur film d'animation, ce numéro aura bien suffi à faire jaser ! Et puis lors de leur distribution d'Oscars en lego (ah mais oui) dans le public, ils n'ont pas oublié Channing Tatum, énorme snub après sa performance dans Foxcatcher, et cela m'enchante.
Puis, il y a eu Glory. C'est un de ces moments où Hollywood mélange réalité et fiction, mais sans le côté malsain qu'on lui reproche souvent. C'est simplement un moment d'émotion pure, c'est une toute salle émue par des mots et par l'héritage qu'ils portent avec eux. Les Oscars, tous les ans c'est politique et cette année ne déroge pas à la règle ! La mention de la mise en danger du Civil Rights Act, des inégalités hommes/femmes, de la situation d'Edward Snowden, sans parler du discours exceptionnel du scénariste de The Imitation Game... certains s'attaquent à des grandes causes et ont bien raison.
Enfin, le moment wtf de la soirée pour moi, c'est clairement l'hommage à The Sound of Music par Lady Gaga. Finalement, l'étape suivante dans le "toujours plus choquant et bizarre" de la chanteuse, c'était ça, et c'était absolument brillant. Chapeau bas, franchement bravo.
Les animations :
C'est là aussi où les Oscars ont franchement, la classe ultime. La réalisation de l'événement est toujours irréprochable, et la présentation des nominés dans toutes les catégories notamment les techniques et technologiques, est à la fois inventive et respectueuse des films présentés. Je pense à l'animation qui accompagne le montage son, qui montre des pistes dans un logiciel de montage, je pense à la transformation des acteurs qui illustre le travail de coiffure et de maquillage, ou encore aux belles photographies qui montrent les décors et accessoires... Ce respect du travail de l'artisan qui réalise les films est sans aucun doute ce que je préfère aux Oscars.
Les Vainqueurs :
Au final, cela n'a aucun sens de comparer la majorité de ces films ou leurs travaux. Regardez la catégorie film d'animation : comment comparer deux superproductions pour enfants de Disney et Dreamworks, à des films plus expérimentaux et plus adultes comme Le Conte de la Princesse Kaguya et Le Chant de la Mer ? Cela n'a pas vraiment de sens, c'est simplement une question de goût.
Les nominations ont du sens. L'académie sélectionne un petit groupe, une élite qui correspond à son cadre cinématographique (ce qui ignore une grande partie du cinéma du monde bien évidemment, et en toute conscience !) et dit aux spectateurs "voici des films, œuvres, talents, personnes, qui nous ont impressionnés cette année. Nous vous les présentons". C'est de la promotion ! Il s'agit de mettre certaines créations sous les feux de la rampe. Ainsi, quand un film des frères Dardenne (Deux Jours Une Nuit), un film d'animation franco-danois (Le Chant de la Mer) ou encore un film en noir et blanc polonais (Ida) se retrouvent honorés aux Oscars, aux côtés de d'autres films plus "importants" mais tout aussi bons comme les succès indépendants de l'année Birdman et Boyhood... et bien il y a de quoi être content.
Dès lors, les vainqueurs sont juste une satisfaction personnelle ; Ida a remporté un Oscar et son réalisateur a parlé plus longtemps que la musique, c'était merveilleux. Eddie Redmayne a été récompensé pour sa performance, Patricia Arquette aussi, et surtout The Grand Budapest Hotel a été honoré pour sa richesse visuelle et sonore à de nombreuses reprises. Sans parler du succès d'Interstellar dans la catégorie effets visuels, ce qui dénote d'un respect et d'une appréciation encourageante pour les réalisateurs et techniciens qui tentent encore et toujours de nous faire rêver avec des effets spéciaux, et non pas un abus d'effets numériques.
Je me fiche de qui a gagné, je retiendrai simplement que beaucoup de très beaux films ont été représentés lors d'une soirée importante pour le cinéma, puisque la cérémonie est vue par beaucoup de gens qui n'ont pas vu les films en question... alors si ça peut leur faire de la pub, tant mieux !
Joyeuse semaine à tous, et vive Ida, vive Boyhood, vive The Grand Budapest Hotel, et vive le cinéma sa race.