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jeudi 5 février 2015
Force Majeure (Snow Therapy) : Traité de la virilité de l'homme en milieu frisquet
Deuxième film du mois pour moi, un drame suédois avec Johannes Bah Kuhnke (quoi ? Vous ne connaissez pas cet acteur ? Mais siiiiii. C'est le robot Rick dans la série Real Humans !). Snow Therapy est l'autre - titre bien ridicule mais malgré tout approprié - de Force Majeure (son titre au festival de Cannes, où le film a eu le prix du Jury de la sélection Un Certain Regard). Pourquoi approprié ? Parce qu'il résume exactement le propos du film. Pourquoi ridicule ? Parce qu'il est bien trop rentre-dedans et tape à l’œil pour une oeuvre aussi sobre et maîtrisée.
Ruben Östlund, qui en est à son quatrième long-métrage et qui a début comme réalisateur de vidéos de ski (ça ne s'invente pas) s'empare d'une famille fragile sous des dehors mensongers. La première scène du film montre un photographe touristique arrêtez le couple et leurs deux enfants en pleine montagne pour réaliser une série de clichés modèles. Le réalisateur (et scénariste) décide alors de déclencher une catastrophe mineure sur cette pauvre famille afin d'en révéler les fissures ; et scène après scène, avec une répétition insoutenable, il gratte et gratte le vernis jusqu'au pétage de plomb.
Deux heures de film, cinq jours de vacances au ski durant lesquels les lieux, les situations et rituels se répètent sans stagner : la remontée mécanique, les coups de feu des avalanches contrôlée, les brossage de dents, les disputes dans le couloir sous les yeux d'un technicien aussi curieux que le spectateur. Östlund se sert de la montagne comme un révélateur et détruit totalement le personnage du père de famille, il le met à nu et montre ce qu'un enfant ne veut jamais voir : un père vulnérable, faible, trouillard. C'est rare de voir un personnage masculin aussi malmené de la sorte, et à ma grande surprise, lorsqu'il craque enfin, une bonne partie du public (surtout féminin, à l'oreille) a trouvé cela extrêmement drôle. Il est vrai que le pathétique côtoie facilement le ridicule, et c'est indéniable sur ce passage, mais tout de même...
Je ne peux pas non plus parler de Force Majeure sans mentionner la mise en scène. J'ai rarement vu un film aussi sobre dans son langage : la quasi totalité des plans du film sont fixes, et très longs, comme si les caméras étaient figées dans le froid (hé, il fallait oser faire une métaphore aussi pourri, je l'ai fait, passons à autre chose). Cela donne une véritable puissance émotionnelle à la fois au montage, puisqu'une grande partie de la compréhension de l'image repose sur une connaissance et une absence de connaissance du hors champ, et aux mouvements extrêmement rares. (les scènes de ski d'ailleurs, sont superbes. Ce que je comprends mieux depuis que j'ai regardé la bio du réalisateur). Réussir à en dire autant, en utilisant si peu, ce n'est pas à la portée de tout le monde mes chers ! Un exemple: la caméra se fait oublier lors des nombreuses scènes de brossage de dent, alors qu'elles sont toutes face à un miroir ! Certes, c'est un tour de passe passe numérique, mais c'est fait avec tant de subtilité et de discrétion qu'à aucun moment pendant le film on ne s'interroge sur la technique.
Enfin, il me faudrait trois paragraphes de plus pour parler de la fin du film, mais je ne veux pas mettre trop de spoilers sur mon blog, donc je vais me retenir. Mais si certains l'ont vu et veulent en parler, ce sera avec plaisir
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