mercredi 11 mars 2015

Selma : Gravitas et Formalisme sont sur un bateau, personne ne tombe à l'eau

Je n'ai pas grand chose à dire sur ce film. Voici deux trois mots dans des catégories qui donneront l'illusion d'une quelconque structure:


Le scandale des Oscars :

Parfois, un film n'est pas représenté aux Oscars, et ce n'est pas parce qu'il se fait snobber, c'est juste que ce n'est pas un si bon film que ça. Selma est un bon film, mais ce n'est pas un film génial. Il est extrêmement formel, attendu, logique. Un peu comme American Sniper, ou The Imitation Game, mais qui sont eux plus maîtrisés en terme de rythme... Il est vrai que l'on aurait pu espérer voir des nominations au niveau du jeu cependant. David Oyelowo est plus qu'impressionnant, mais quand on pense que Jake Gyllenhaal n'a pas non plus été nominé, ça fait relativiser.


La représentation du réel :

J'en ai déjà parlé avec The Imitation Game, ce genre de biopic/reconstitution historique est fascinant car il se permet de faire entrer des faits dans des codes narratifs qui reposent avant tout sur un système de causalité : or, dans la vraie vie, c'est juste le chaos les enfants. Rien n'est aussi simple qu'un simple lien de cause à effet, sinon nous serions tous bien plus aptes à faire des maths. Donc, en un sens, s'attaquer à de tels histoires est aberrant, mais aussi important... car ce sont des histoires qui méritent d'être connues. Et contrairement à ce que dit King dans le film, tout le monde ne se souvient pas de la marche de Selma.
Le problème de ce genre de film, est qu'il faut réussir à dissocier réalité et fiction : suis-je en train de ressentir autant d'émotions parce que je sais que c'est une histoire vraie, ou bien parce que la tension de la scène m'a amené jusqu'à cet état émotionnel ? Sachant qu'il y a toujours le risque de rajouter de la fiction dans la réalité pour avoir un impact encore plus fort (Le Majordome... non mais ce film), et encore une fois est-ce un problème ? Si le but est de faire un film, c'est-à-dire de la fiction, du mensonge présenté comme le réel 24 images par secondes (ou 25, si vous regardez ça à la télévision), tous les coups ne sont-ils pas permis ?

Biopic et temps présent :

Le moment où une oeuvre est écrite, au delà de l'époque qu'elle décrit, est extrêmement révélateur. Selon moi, un biopic est au minimum réussi s'il parvient à nous faire comprendre le pourquoi de son existence présente : là-dessus, Selma est irréprochable. S'il nous montre des soucis autour de la loi sur les droits civiques, des noirs martyrisés par une police véreuse, une présidence inquiète et parano qui met ses citoyens sur écoute, c'est pour mieux nous rappeler notre réalité bien à nous : actuellement, l'acte de 1965 est menacé par des républicains qui considèrent que la ségrégation est bel et bien terminée aux USA (spoiler : ce n'est pas le cas), la police de Ferguson a sciemment organisé une communauté raciste et violente, le gouvernement et la NSA ont mis sur écoute à peu près tous les humains de cette planète... Le contexte y est, et c'est surtout cela qui fait réfléchir. Nous sommes 50 ans plus tard, qu'avons-nous accompli ?



Remarques en vrac :

Superbe représentation de Lyndon Johnson et de sa manière complètement foutraque de parler.
Martin Sheen en deus ex machina du film, ça donne juste envie de regarder The West Wing en boucle. All heil the best president ever.
Pourquoi mettre Glory pendant le générique et pas pendant le film ?

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