Un boxeur célèbre qui s'est fait tout seul, pur produit du rêve américain, de l'orphelinat au palace, et qui suite à un faux pas, perd tout. Il ne pourra jamais récupérer ce qu'il a perdu, mais il peut au moins essayer de trouver une sorte de rédemption et réparer ce qu'il reste de sa vie.
Antoine Fuqua est un réalisateur particulier, parce qu'il vit un peu dans un autre temps ; on dirait souvent qu'il se prend pour Don Spiegel, ou le Clint Eastwood des années 70. Son cinéma est peuplé d'hommes de la rue, violents comme pas deux, et de femmes fourreaux, qui sont les seules à savoir calmer la rage qui boue des cœurs aux phalanges. Depuis Training Day, cela n'a pas changé, et il ne faut pas longtemps à Jake Gyllenhaal pour retrouver l'autre motif principal des films de Fuqua : la rue.
Une famille déchirée, une fortune dilapidée, et le boxeur se retrouve au plus bas, dans la crasse des crasseux de New York City, dans le monde qui l'a connu et qui l'a vu grandir, pour y retrouver sa propre violence. Et c'est peut-être de cette manière qu'Antoine Fuqua est également le suiveur de Nicholas Ray, plus connu sous le nom de "meilleur réalisateur du film noir de l'histoire d'Hollywood" (moi, pas objectif ? En effet.), puisque si les poings et le sang sont omniprésents, si les hommes sont condamnés à la violence, la rédemption n'emprunte pas d'autre chemin. Ainsi, pour reconstruire sa famille et retrouver son statut de père, Jake Gyllenhaal va boxer ; jamais il n'envisage une autre solution, et jamais le film ne propose aucune autre réalité. De cette manière, Antoine Fuqua produit une oeuvre totalement satisfaisante car elle est toujours fidèle à son propos. Aucune errance, et La Rage au Ventre embrasse pleinement son statut de film machiste démodé. Il n'y a pas de plaisir coupable, mais s'il y en avait, ce film en serait certainement un.
Les scènes de boxe sont gigantesques, notamment parce qu'en adoptant un style très télévisuel dans leurs retransmissions, elles donnent assez de distance au spectateur pour voir les coups, c'est-à-dire voir les acteurs se prendre des torgnoles dans la face. Et ça, si c'est pas du putain de dévouement à son art d'acteur franchement... ça change de Vin Diesel dans Babylon A.D qui refuse d'être face à un mur en chocolat qui explose. Et par ailleurs, se prendre des marrons dans la tronche est ce que fait Jake Gyllenhaal de moins impressionnant dans ce film, puisqu'il est tout bonnement exceptionnel (les autres aussi mais je m'en fous des autres ok ? Je parle QUE de Jake. Bon, juste un mot : 50 Cents joue dans ce film, et il est plutôt bon), et confirme tranquillement mais sûrement qu'il est - ATTENTION MA SUBJECTIVITE REVIENT - le meilleur acteur américain de l'industrie. Tout simplement.
Enfin pour revenir aux scènes de boxe et leur style très télévisuel : cela permet à Antoine Fuqua de confronter deux histoires, celle très personnelle et authentique d'un père qui veut reconstruire sa famille, et celle des médias qui se sert d'une tragédie et lui tort le cou pour lui soutirer tout son blé. Ecouter les commentateurs lors du dernier match est à la limite du soutenable ; malsain, il n'y a pas de meilleur mot pour le décrire.C'est bien pour cela que le film se termine avec cet agent de sécurité qui éloigne la caméra et les journalistes du vestiaire du boxeur, de son intimité, et de sa vérité.
Je pense que vous l'aurez compris, j'ai absolument adoré La Rage au Ventre. Allez le voir ?
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