Pour adapter un long-métrage animé autour du Petit Prince - car oui, ce film n'est pas une adaptation page par page du classique absurde de la littérature française -, les studios français ont annoncé vouloir créer une histoire profonde, émotionnelle, à la fois pour les enfants et les adultes, "à la Pixar". Pour cela, ils ont donc engagé un réalisateur de Dreamworks, Mark Osborne... Ok ? Donc, le type qui a réalisé les Kung-Fu Panda. Ce n'est pas un mauvais choix !
Parce qu'il apporte avec lui une codification de l'image, un rythme et une dynamique très américaine, qui se mêle assez bien à un long-métrage au rythme inhabituel, qui peut se le permettre justement parce que c'est une production française. On a donc trois films pour le prix d'un dans celui-ci : il y a d'abord l'histoire d'une petite fille dans un monde carré, où tout est décidé et où le travail fait la vie. Dans celui-ci, Mark Osborne ne fait que reprendre les thèmes qui lui tiennent à cœur en confrontant un parent seul et son univers, à un enfant qui a encore besoin de rêver. Puis, on a l'histoire du Petit Prince, subliment animée en stop-motion avec des pliages de papier, qui nous parvient depuis le biais du chaos du vieux pilote. Et enfin, nous avons une séquence qui mélange les deux univers façon Hook - mais en mieux parce que Hook ça pue le caca périmé - de façon à la fois géniale et terrifiante - de nombreux parents ont fait sortir leurs enfants dans la salle à ce moment - ce qui en fait à mon sens LA partie réussie du film.
Car le reste est un peu... maladroit ? Disons que l'ensemble manque de subtilité. Le monde très dichotomique présentée dans Le Petit Prince, le livre, très manichéen et simpliste, fonctionne parce qu'il est transmis dans une expression absurde, parfois poétique parfois prosaïque. Ici, il est associé à un univers où tout est carré, où la subtilité est restée sous le tapis. Le résultat, c'est qu'une grande partie du film dégouline d'un message moralisateur mal venu, et c'est dommage, car le reste est par moments grandiose. En dérobant la légèreté de l'oeuvre originale pour accabler cette dernière d'une rhétorique diabolisant le travail - symbolisé par les mathématiques, car tout le monde sait que les sciences sont l'ennemi de l'art, évidemment... -, Mark Osborne n'atteint définitivement pas la richesse d'un Pixar. Mais on retiendra les réussites du film, qui sont elles bien réelles.
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