mercredi 2 septembre 2015

Miss Hokusai : Naïveté sans reproches

Keiichi Hara est loin d'être un débutant en matière de réalisation, ça c'est clair. Après des décennies à bosser sur Doraemon et d'autres trucs pas exactement fascinants, il commence à sortir des long-métrages d'animation plus personnels, plus authentique bref plus cinéma. Miss Hokusai est le quatrième de ceux-là, et raconte quelques moments de la vie de la fille du célèbre peintre japonais Hokusai. Mais si, celui qui a peint la vague avec le mont Fuji derrière !


Le sujet est la première bonne surprise ; je ne savais pas que ce peintre avait une fille, qui elle-même était son assistante, et peintre elle-même et talentueuse et reconnue de surcroît ! Découvrir sa jeunesse, en pleine ère Edo en 1814, est un vrai bonheur. Plus qu'une trame soutenue, le film de Hara se structure autour de moments, qui ensemble forment un fragment de vie. Oui, ça sonne un peu cliché un peu mignon gentil mais... Miss Hokusai a beaucoup de cela, en réalité. On ressent dans le film et dans son traitement original une naïveté candide, qui a le mérite d'être sincère. Pendant à peine une heure et demie, on découvre la relation de Oï Katsushika (la fille) avec son père, leur relation d'artiste à artiste, ses rapports avec les hommes, et avec sa petite soeur malade et aveugle, à qui son père ne rend jamais visite. C'est cette dernière qui donne sa force étrange à l'oeuvre, et qui offre une candeur sans concessions qui saura séduire certains, tout comme elle m'a séduit moi. C'est extrêmement simple, mais voir cette fille de peintre, accompagnée de sa grande soeur elle-même artiste, être justement incapable de voir, cela fait naître quelque chose de fort et nous force à remettre en question nos propres perceptions.


L'autre grande qualité du film lui est lié, c'est son absence de pudeur quant à la formalité du style. Différentes approches d'animation se côtoient aussi, parfois très dynamiques et en mouvement, parfois plus statiques comme on est habitué à le voir du côté de chez Ghibli. Sans parler des visions et autres moments de grâce liés aux tableaux de Hokusai, qui eux aussi ajoutent une qualité aventureuse, et de la musique, tantôt traditionnelle tantôt rock moderne et ce sans la moindre raison. Non enfin je pense qu'il y a une raison, mais je ne l'ai pas trouvé et surtout je m'en fous, cela m'a séduit : Miss Hokusai ne se laisse pas limiter par les codes qu'il aurait pu s'imposer à lui-même en tant que film d'animation, et cela le rend d'autant plus séduisant.

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