Oui, pour beaucoup encore, y a pas, le cinéma français, c'est typiquement chiant à mourir. Le spectateur lambda mate un milliard de séries américaines voire britanniques, il mate les grosses productions américaines, et pense encore que le cinéma français, c'est un truc en noir en blanc avec un mec qui fume dans sa voiture, avec une voix-off qui décrit sa dépression de cadre parisien.
Oui, tout dans ce premier paragraphe sonne cliché, seulement voilà ; les Césars approchent et je voulais en profiter pour vous montrer comment le cinéma français est encore extrêmement riche et versatile. Oui, on n'a pas de gros films de super-héros (on en a un petit en 2015, qui s'appelle Vincent n'a pas d'écailles et qui déchire), certes, mais on a quand même de la sacré bombe. Et sachez en plus de cela que les César sont loin de représenter l'étendue totale du spectre du cinéma français, puisqu'on n'y trouvera pas "Alain Chabat veut faire un film sur des télés qui tuent des gens sauf que son film existe déjà mais dans un rêve réalité" (Réalité) ou encore "des ados parisiens skateurs se prostituent" (The Smell of Us) ni même "une jeune fille balayeuse dans un gros hôtel se transforme en oiseau et se prend pour Batman" (Bird People).
Voici donc des pitchs de films nommés aux Césars, suivis de leurs titres.
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Le cadavre d'une mamie disparaît et on se prend à plaindre le nécrophile qui arrive trop tard pour en profiter. Pauvre petit Dussolier ! 21 Nuits avec Pattie.
Un ancien soldat traumatisé par ses crimes de guerre devient gardien dans une cité parisienne, et se retrouve confronté aux histoires de gangs locales. Dheepan.
Un film qui combine de l'espionnage en Russie pendant la guerre froide et une grande histoire d'amour destructrice et déchirante. Trois Souvenirs de ma Jeunesse
Un astronaute américain atterrit sur le toit d'une cité et passe plusieurs jours avec une mamie marocaine. Asphalte.
Une riche dame chante de l'opéra dans un cercle fermé d'amateur. Son chant est affreux mais personne ne lui dit car c'est elle qui finance le tout. Marguerite.
Trois prostituées marocaines vivent leur quotidien difficile et parfois humiliant, mais surtout elles vivent. Much Loved.
Un bataillon en Afghanistan voit ses hommes disparaître mystérieusement nuit après nuit ; les causes semblent divines, les conséquences infernales. Ni le ciel Ni la terre.
Un couple de résistants s'échappe d'un pays répressif dans un biopic qui insère des blagues de stand-up dans une histoire tragique ; celle des parents de Kheiron. Nous Trois ou Rien.
La vie de cinq jeunes filles élevées dans l'obscurantisme religieux de la campagne turque ; représentant illustre de la France aux Oscars dimanche, Mustang.
La vie d'une presque vieille femme originaire du Maghreb, qui s'éclate à jongler entre trois emplois pour financer les études de ses filles en France, et qui consigne ses pensées dans des textes qui finiront par être publiés. L'histoire vraie de Fatima.
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S'ajoutent à ceux-là des films plus classiquement "français" comme les gens le pensent, mais qui n'en sont pas moins intéressant et souvent très réussis, entre policiers, histoires d'amours homosexuelles, dépressions, drames sociaux et autres : entre L'Affaire SK1, La Belle Saison, Mon Roi, La Loi du Marché et La Tête Haute, on n'est franchement pas en reste cette année.
Du coup, voilà ma conclusion : non, le cinéma français n'est pas chiant. En revanche les Césars le sont très souvent, mais ça, c'est un autre problème...
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