(avertissement : cette critique est extrêmement longue, peu subtile et met longtemps à parler de son sujet. Un peu comme le film dont elle parle en fait. Je l'ai adoré, mais j'en ai beaucoup à dire, c'est pourquoi j'ai mis des titres si vous souhaitez naviguer et aller directement à l'essentiel)
Introduction : danse des opinions
Connaissez-vous
le plus vieux mensonge du critique ? C'est qu'une opinion peut être
innocente.
Une
opinion, c'est un jugement personnel en costume, un concept qui se
donne des airs de vérité tout en cachant en son sein une sémantique
si ancienne qu'elle est presque mythologique.
Opinio,
en latin, veut dire deux choses qui s'opposent catégoriquement. D'un
côté, nous avons : la croyance, la conjecture, le préjugé,
l'illusion. De l'autre : une attente, une espérance. Ainsi,
nous autres critiques de cinéma en herbe ou goudronnés, du type qui
commente sur une vidéo Youtube à celui qui sera lu
par des millions sur Variety, nous faisons donc croire,
nous faisons illusion : en deux mots, nous pouvons donner
l'impression qu'une œuvre est bonne, ou qu'elle est mauvaise. Si
l'intégralité de la critique s'accordent à dire qu'un film est
mauvais, la critique a alors un pouvoir sur notre perception.
Pourquoi ? Sans doute à cause de nos besoins primordiaux de
communiquer, et d'exister en tant que membre de la société ;
comme participant ou dissident.
Une
opinion n'est donc en rien innocente ; une opinion est censée être
une partie de soi, d'une sensibilité propre et d'un jugement
affectif lié à nos valeurs morales et notre identité propre.
Comment expliquer autrement nos divergences quotidiennes, si ce n'est
avec la complexité de nos expériences humaines ? L'erreur, c'est de
voir l'opinion pour autre chose que ce n'est qu'elle est.
Certains
disent, et n'ont pas peur de le dire, que derrière chaque critique
se cache un cinéaste frustré. Cette banalité cache une vérité
bien plus intéressante que son apparence provocatrice ne le suggère
: le critique pense pouvoir brandir son marteau et condamner ou
gracier toute oeuvre artistique, du haut de sa tour de verre, sans ce
casser un ongle. Et c'est pourquoi nous nous méfions de plus en plus
des critiques après tout : comment osent-ils s'attaquer à cette
chose que j'apprécie ? Comment peuvent-ils avoir le culot de
défendre cette merde puante ?
Et
pourtant, les opinions pullulent et prospèrent et envahissent et
avilissent la vastité de notre monde virtuel. Bien plus vite que
Barry Allen, la rumeur court, et ce n'est point un murmure : Batman
v Superman est un mauvais film. Le monde entier s'accorde à
dire que la rencontre entre les deux super-héros les plus populaires
de l'histoire – et non pas de l'époque – est une déception ;
et les dissidents dissonants sont rares. Parmi ces dissidents, il y a
moi. Surpris ? Bien sûr que non… si vous êtes là, vous me
connaissez un petit peu. Je l'ai vu, adoré, et je le reverrai plus
de fois qu'il n'est considéré normal, et moins de fois que je le
souhaite au vu de mon emploi du temps chargé.
De
quoi ça parle ?
Batman
v Superman fait suite à Man of Steel, au sens
le plus strict du terme puisque son élément déclencheur est la
destruction de Metropolis qui a lieu dans le premier film. Superman
agit dans le monde entier et sauve des vies, mais certains n'oublient
pas toutes celles qu'il n'a pas sauvé auparavant. Les victimes du
conflit sont symbolisées par un homme qui a perdu ses jambes dans
l'attaque de Metropolis, et qui escalade la statue érigée en
honneur de Superman pour le marquer de la mention « faux
dieu ». Tout le conflit du film est centré sur cette notion :
un tout puissant est-il trop dangereux pour l'homme ? Trois
personnes en sont convaincues : Une sénateur américaine, Lex Luthor Jr., et le personnage principal du film, Batman.
La
force narrative du film est donc extrêmement simple, on est plein
dans le paradoxe du héros hors-la-loi : s'il existe en dehors
de la loi, il peut tout autant faire le bien que devenir fasciste.
« Nous avons toujours été des criminels, Alfred », dit
Bruce Wayne au début du film.
C'est
le centre névralgique de l'audiovisuel super-héroïque 2016 :
la saison 2 de Daredevil parle
de ça, Civil
War parle
de ça, Batman
v Superman parle
de ça. Niveau exécution en revanche, on s'éloigne de la simplicité
et on se rapproche d'un film choral, au risque de perdre les plus
distraits qui attendraient la prochaine scène de crêpage de
chignons. Tout converge uniquement durant les vingt dernières
minutes du film, qui servent de conclusion émotionnelle en apothéose
à la mise en place des personnages, de leurs émotions et conflits
internes.
Pourquoi
les critiques sont-elles négatives ?
Soyons
clairs : il y a deux types de critiques négatives. Celle des
cinéphiles, et celle des fans de comics qui pensent que les
personnages leur appartiennent.
Commençons
par les premiers, car là est la clé de la réception catastrophique
du film : les critiques sont négatives parce que ce que le film montre ne correspond pas du tout à ce que les gens ont envie de
voir. C'est bien simple, la quasi totalité des critiques accusent le
film d'être pompier, trop sérieux, trop lourd et insistant quant à
sa mythologie. Et ça, ce n'est pas une critique objective, c'est
l'expression d'une opinion : un film de super-héros n'a pas à
être léger, il n'a pas à être humoristique. Où est le problème ?
Le problème, c'est en réalité le succès des films Marvel, qui ont
installé des attentes vis à vis du genre. Les films Marvel sont
avant toute chose, fun. Ils ont bien des défauts, notamment une
esthétique inexistante, trop de personnages qui meurent pour de
faux, et des troisièmes actes souvent décevants, mais ils sont
toujours fun, cool, sympa. Ils sont même parfois, osons le dire,
très bons… assez pour avoir instaurer une norme. Et pour tout le
foin que l'on a pu faire autour de Deadpool, à aucun moment celui-ci
n'échappe à cette norme : c'est fun, c'est plein d'humour et
d'action, et à la fin y a un vaisseau qui s'écrase. Certes,
l'humour est plus osé et l'action légèrement plus ensanglantée,
mais le résultat est le même.
Et
donc, notre cinéphile, il en a déjà marre des films de
super-héros. Y en a partout, ils sont surchargés, gonflés à bloc…
mais au moins, ils sont fun. Et c'est à ce moment que la Warner
débarque avec une approche radicalement différente. D'abord avec
Man
of Steel
et son esthétique « ancrage dans le réel » (les
guillemets sont grosses croyez-moi), sa
lourdeur dialoguiste, ses thématiques messianiques… où est le
fun ? Avec son univers cinématographique DC, la Warner a décidé
de regarder ses héros en face, sans jouer sur le décalage à la
Marvel. Chez Marvel, les héros sont d'abord des hommes et des
femmes, ensuite des surhommes et surfemmes. Chez DC au cinéma, ce
sont des dieux qui tentent de vivre parmi les hommes. Point de fun
donc. Ou du moins, pas dans la même gamme que celle du voisin. Et
c'est un choix ! Avoir choisi Zack Snyder, ce n'est pas une
erreur de leur part, c'est une choix, une intention : l'envie de
proposer quelque chose de différent. Quelque chose qui demande au
spectateur d'oublier un instant que ces personnages et leurs
aventures sont totalement débiles, surfaites et surannées. En
somme, le spectateur, on lui en demande beaucoup.
Tout ça, à mon sens, parce que Batman
v Superman
arrive au mauvais moment. En fait, jamais un film de Zack Snyder n'aura paru aussi jumeau de son adaptation – tout aussi controversée par
ailleurs – de Watchmen, et les deux fonctionnent désormais comme
un diptyque antithétique du film de super-héros. Un dyptique sombre, sale, et pompier. Et le pompier, c'est passé de mode depuis trois siècles au moins, alors va plaire à un critique avec ça...
Et
c'est là que je reviens à mon idée d'illusion, ce qui me permet
d'avancer ceci : Zack Snyder est un putain de génie. Le type a
réussi à convaincre la Warner de lancer une campagne
cinématographique, un plan décennal dirons-nous, qui coûtera
plusieurs milliards de dollar, en leur faisant un tour de magie :
il a réussi à leur faire croire que le public d'aujourd'hui
voudrait voir ce film. Il leur a fait croire que son opinion sur
Batman, Superman et Wonder Woman était la bonne. Un tour de
passe-passe, et c'est dans la boite.
Du
coup, tant pis pour les spectateurs qui n'ont pas du tout envie de
voir un thriller politique/épique biblique à la Cécil B.
Demille/Baston générale de super-héros musclés, et tant mieux
pour ceux qui, comme moi, apprécient à la fois la prise de risque
et le résultat.
Ça,
c'est pour les critiques. Il me reste à parler des fanboys, de
Marvel et de DC, qui crachent sur le film car ils pensent posséder
la vérité sur ces personnages. Vous
noterez que j'ai utilisé le verbe «pensent », ce qui indique
qu'ils ont tort à mon sens. Il m'est impossible de compter les
interprétations de Batman, de Superman, Wonder Woman et autres Lex
Luthor et compagnie, puisqu'elles varient énormément. Ces
personnages sont réellement les mythes de l'Amérique moderne, et
leurs formes changeantes font partie de leur charme. Chaque fan, au
fond de lui, a une version de Superman, nourri de son expérience
personnelle et de ses lectures. Quoi, mais Renaud, tu veux nous dire
que c'est encore une affaire d'opinion ? Et bien oui.
Ceci
étant dit, je ne peux m'empêcher de penser que certaines opinions
sont moins valables que d'autres, permettez-moi donc d'en
attaquer quelques unes.
Oui,
Batman potentiellement tue des gens (jamais explicitement) dans ce
film, non, ce n'est pas la règle numéro un de Batman. La règle
numéro un de Batman, c'est que c'est un homme qui met un déguisement
de chauve-souris. Bat-man. C'est
toujours pareil, dans les comics y a des trucs qui explosent, des
gens qui tombent de haut et se brisent la colonne vertébrale… on
le voit pas directement tuer des gens, et là non plus. Mais qui plus
est, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une interprétation
nouvelle de Batman, et celle-ci commence avec une version du
chevalier noir… bien noire. Mais alors, noire sa race. Batman
marque au fer rouge de son symbole les criminels quoi !! C'est
le Batman facho de The
Dark Knight Returns
de Frank Miller au début du film. Et c'est son évolution dans le
film, dans une direction ou l'autre, qui fait l'intérêt de sa
caractérisation.
Non,
le film n'est pas coloré ni spécialement drôle. Vous avez déjà
vu un film de Zack Snyder ? Sérieusement ? Au bout d'un
moment, il faudrait comprendre que le mec c'est un auteur, qui a donc
des obsessions, et
qu'on commence un peu à les connaître : il aime le fascisme,
les vignettes, les tableaux pompiers, les sacrifices héroïques, les
hommes confrontés à des tâches insurmontables, les ralentis, la
démesure, la mythologie, le mouvement et les ralentis. Si vous allez
voir un film Snyder, et bah il faut s'attendre à un film Snyder les
gars ! Vous attendiez quoi de la part du mec qui a fait 300,
le film le plus pompier et débile de l'histoire des films ?
Snyder a la subtilité d'un éléphant qui fait des claquettes sur du
papier à bulles. Si ça vous dérange, ce film n'est pas pour vous,
tant pis, voilà, n'en faisons pas tout un fromage. Ou alors si, mais on le partage avec du vin parce que c'est trop bon le fromage. Franchement,
c'est comme si on disait « Hmmm j'ai vu le dernier Wes Anderson
et c'était trop symétrique et ça parlait trop de relations
familiales, c'était nul », ou encore « J'ai regardé un
Terrence Malick et c'était trop philosophique, c'était nul ».
Et d'ailleurs, le film a quelques moments marrants, qui fonctionnent
effectivement comme du « comic relief » au milieu du
reste très guindé ; c'est notamment Alfred qui le transmet,
mais également César le boss du Daily Planet qui a LA punchline du
film. Ce n'est rien de plus que quelques moments très, très brefs
de légèretés qui conviennent tout à fait à l'ambiance autrement
plus taciturne du film.
Quels
sont les défauts du film ?
Car
il en a, et parmi les critiques et opinions, certaines semblent plus
avisées que d'autres : à mon sens, il en a deux. Le premier
c'est le montage actuel du film, qui souffre dans certaines scènes
d'actions. Si par exemple la vision de la destruction de Metropolis
depuis le sol est grandiose et très claire, ce n'est pas le cas de
la baston finale qui malgré son côté orgasmique n'est pas toujours
des plus claires. Mais comme certains le savent, les plans ont été
en partie raccourcis pour faire passer le film en PG-13, et ils
seront complétés dans la version DVD qui aura une demi-heure de
plus de contenu. La dernière fois qu'un film de Snyder a connu le
même traitement, c'était Watchmen,
et son Director's Cut a quand même bien calmé tout le monde. Donc,
on peut espérer que ce point soit sauvé par la version « réelle »
du film. Et puis ça vaut un peu aussi pour son scénario, qui dans certains passages n'est pas hyper clair... donc, oui, il y a des défauts.
Le
deuxième point, c'est son titre. Il
laisse supposer un véritable affrontement… et il a lieu, certes,
mais ce n'est pas vraiment ça, le cœur du film. Batman
v Superman
est sombre en tout points, mais c'est précisément parce que c'est
« L'aube de la Justice ». Batman l'a dit lui même un
jour, il fait toujours plus sombre avant l'aube.
L'affrontement ne peut de toute façon pas être direct quoi qu'il arrive, parce que Superman coucherait Batman en deux secondes trente et on n'en reparlerait plus… Le titre vend mal le film, et il est fort à parier qu'il sera plus apprécié une fois que sa promotion sera digérée. Après, je ne veux pas faire mon crevard, mais c'est pas Marvel qui vont venir faire les fiers avec leurs titres à deux balles… L'ère d'Ultron qui dure maximum une demi-semaine, bientôt Civil War qui consiste en un affrontement entre quinze péquenauds… je pense qu'on peut tous s'accorder sur le fait que les films de super-héros ont besoin de se trouver des titres un peu moins bidon. Au final, ce serait simplement « L'aube de la Justice », le film fonctionnerait beaucoup, beaucoup mieux. Et il serait fou d'ignorer que le tout est tout de même franchement bordélique ; le film essaie beaucoup, mais ne parvient pas forcément à accomplir ce qu'il pourrait réussir.
L'affrontement ne peut de toute façon pas être direct quoi qu'il arrive, parce que Superman coucherait Batman en deux secondes trente et on n'en reparlerait plus… Le titre vend mal le film, et il est fort à parier qu'il sera plus apprécié une fois que sa promotion sera digérée. Après, je ne veux pas faire mon crevard, mais c'est pas Marvel qui vont venir faire les fiers avec leurs titres à deux balles… L'ère d'Ultron qui dure maximum une demi-semaine, bientôt Civil War qui consiste en un affrontement entre quinze péquenauds… je pense qu'on peut tous s'accorder sur le fait que les films de super-héros ont besoin de se trouver des titres un peu moins bidon. Au final, ce serait simplement « L'aube de la Justice », le film fonctionnerait beaucoup, beaucoup mieux. Et il serait fou d'ignorer que le tout est tout de même franchement bordélique ; le film essaie beaucoup, mais ne parvient pas forcément à accomplir ce qu'il pourrait réussir.
Il
est facile de négliger le poids qu'ont nos attentes quant à notre
appréciation finale d'une œuvre, et difficile de réussir à se
vider l'esprit pour découvrir le tout sans à priori, c'est-à-dire
sans opinions préconçues.
Quelles
sont ses qualités ?
Tout le reste. Non, vraiment, je suis sérieux. Et évidemment que ce n'est que mon opinion, je pense qu'avec tout ce que je rabâche depuis tout à l'heure, on est assez clair sur le sujet. Il n'empêche que c'est réellement ce que je pense.
L'histoire est bien pensée ; les héros se cherchent, ils sont affaiblis et un homme fou et mauvais en profite pour jouer avec les dieux. On est dans la continuité de Man of Steel, dans les balbutiements d'une quête initiatique sur l'héroïsme et la condition humaine. Les thématiques sont aussi lourdes qu'elles doivent l'être, puisqu'on y aborde la mythologie dans tous les sens : chrétienne, grecque, nordique... Entre la figure messianique de Superman, les obsessions de Lex Luthor pour les démons antiques, et la supériorité de Wonder Woman, véritable déesse descendante de Zeus, qui marche parmi les hommes sans se dévoiler, on a affaire à une sacré dose de symbolisme. Là où Snyder est fort, c'est qu'il utilise ses excès de style non pas pour Wonder Woman et Superman, mais pour Lex Luthor et surtout Batman, nous montrant ainsi comment les hommes et les dieux sont tous les incarnations d'une mythologie commune. Le problème étant que Batman comprend cela, Lex Luthor non.
Les personnages et interprètes sont incroyables. Ben Affleck est le Bruce Wayne le plus cool du monde, et le Batman le plus proche des comics post-Frank Miller qui soit. Oui, n'en déplaisent aux fans qui considèrent que lui faire dire "nous avons toujours été des criminels" est une trahison du personnage, fans qui semblent avoir oublié que cette réplique est littéralement une des répliques les plus connues du roman graphique The Dark Knight Returns de Frank Miller, Batman est juste, et génial. Son arc narratif est le meilleur du film, et cela présage que du bon pour la suite. Superman a lui aussi, un arc narratif fascinant puisqu'il essaie tant bien que mal d'exister en tant que Superman dans un monde moderne ; c'est-à-dire qu'il est confronté aux critiques et complexités diplomatiques, sans réellement parvenir à symboliser un espoir unilatéral comme le personnage pouvait le faire il y a 60 ans. Y parviendra-t-il à la fin du film ? Vous verrez bien... Wonder Woman, quant à elle, est démentielle. Peu présente certes, mais ses apparitions dénotent quelque chose de particulier... son personnage semble effectivement avoir vécu 5000 ans, et elle en impose carrément. Loïs est cool, la sénateur est super cool, Alfred est super cool, même Doomsday malgré son côté expédié est au final très réussi. Et les apparitions "surprises" qui aident à mettre en place l'univers DC cinématographique sont aussi très cool.
Et puis... il y a Lex Luthor Jr. Et là, mais les gars, mais il va falloir se calmer niveau fanboyisme par que je vais être clair : la dernière fois qu'un personnage de méchant m'a autant fait jubiler dans un film, il s'agissait du Joker dans The Dark Knight. Ouiiiii mais Renaud tu dis n'importe quoi parce que Lex dans ce film ne ressemble pas au vrai Lex Luthor, et bla et bla bla...
Non. Alors déjà, il n'y a pas de vrai Lex Luthor. De plus, Lex Luthor c'est quoi sa base ? C'est un génie sans force physique, capable d'être le plus grand ennemi de Superman juste en étant intelligent. Est-ce que c'est le cas dans le film ? Oui, mille fois oui, et cela donne mes deux scènes préférées du film, et le seul Lex Luthor correct que l'on ai eu au cinéma. Ensuite, le Joker de Heath Ledger n'a rien voir avec le Joker, et ça ne l'empêche pas d'être exceptionnel. Et enfin, LE détail qui tue sa maman : ok, il ne ressemble pas à Lex Luthor. Ouais, ben c'est peut-être parce que c'est PAS Lex Luthor en fait les gars !! Il le dit lui-même dans le film, en fait son personnage c'est Lex Luthor Jr. Son fils. Et bim. Les types savaient que les fanboys allaient faire leurs rageux, et ils ont décidé de faire une esquive... dommage pour eux, ça n'a pas marché, et les gens enragent. Lex Luthor Jr. est la meilleure partie du film, point final. Il est totalement barré, ses répliques sont démentielles, et son sous-texte fera bien plaisir aux fans qui savent chercher les informations.
Les scènes d'actions sont gigantesques, malgré leur côté brouillon. L'esthétisme du film prend le parti de nous faire un roman graphique animé, comme pour Watchmen et 300 au final, et un peu Le Royaume de Ga'Hoole, ce qui permet au fond d'ancrer plus profondément ce côté "voilà un film sur des statues grecques" mais aussi d'assumer un style. On retiendra certaines fulgurances visuelles qui, contrairement à ce que disent certains, sont presque toujours sublimées par l'émotion qui précède, et ce notamment dans toute la symbolique visuelle qui entoure Superman lors du début du combat contre Doomsday : avec quelques images et en intégrant les thématiques du film, Snyder construit une narration qui s'exprime par le mouvement et la stagnation, plus que par les dialogues. Et ça, cela ne s'appelle pas "être un réalisateur seulement bon pour faire du style", ça s'appelle être un vrai réalisateur de cinéma.
Pourquoi
faire confiance à mon opinion ?
Pourquoi
me croire plus qu'un autre ? Parce que je suis fan de Superman,
et de Batman ? Non, pas du tout. Le fait de me croire s'appuie
une forme de confiance.
Ici
j'en reviens à mon point de départ, sur les opinions : même
si j'estime être capable de donner mon avis dans une critique, il
est évident que je suis moi-même pris au piège de l'opinion. A
force de voir des films, je sais ce que j'apprécie, et je sais que
je n'apprécie pas. Je sais que je préfère un film qui va tenter de
s'exprimer différemment de la norme, même dans un contexte aussi normatif que le film de super-héros. Et vous aussi, vous savez ce que j'apprécie, parce que vous me lisez. Vous savez que j'apprécie toutes formes de cinéma narratif, mais vous savez aussi que j'adore les super-héros. On parle quand même d'un type qui était angoissé de décevoir sa maîtresse en maternelle parce qu'il n'avait dessiné que des Batman durant une année entière à l'école. Et ce n'est pas une hyperbole, c'est un pourcentage exact : 100% de dessins de Batman.
Au final, on suit certains ou certaines critiques parce qu'on leur fait confiance. On comprend que ce qu'ils nous offrent est une vision personnelle des choses, avec quelques morceaux d'objectivités en accompagnement.
Alors, je vous demande une chose, et ce n'est pas de me faire confiance à moi spécifiquement. C'est plutôt de réfléchir à qui vous êtes prêts à la donner, et pourquoi le faire. Parce que les opinions ne sont pas innocentes, parce qu'elles ne sont que l'illusion d'une objectivité qui n'a rien faire dans un domaine artistique, ne les prenez pas à la légère.
Et à votre tour, formez-vous votre propre opinion. Comprenez-là, acceptez-là, et essayez de comprendre celle des autres également. Parce qu'un critique doit être bienveillant. Si le critique est tout puissant, il ne peut pas être bienveillant. Si le critique est bienveillant, il ne peut pas être tout puissant.
Ainsi, de l'opinion en tant que préjugé, on en parviendra à son deuxième sens, celui de Superman : l'espérance.
Au final, on suit certains ou certaines critiques parce qu'on leur fait confiance. On comprend que ce qu'ils nous offrent est une vision personnelle des choses, avec quelques morceaux d'objectivités en accompagnement.
Alors, je vous demande une chose, et ce n'est pas de me faire confiance à moi spécifiquement. C'est plutôt de réfléchir à qui vous êtes prêts à la donner, et pourquoi le faire. Parce que les opinions ne sont pas innocentes, parce qu'elles ne sont que l'illusion d'une objectivité qui n'a rien faire dans un domaine artistique, ne les prenez pas à la légère.
Et à votre tour, formez-vous votre propre opinion. Comprenez-là, acceptez-là, et essayez de comprendre celle des autres également. Parce qu'un critique doit être bienveillant. Si le critique est tout puissant, il ne peut pas être bienveillant. Si le critique est bienveillant, il ne peut pas être tout puissant.
Ainsi, de l'opinion en tant que préjugé, on en parviendra à son deuxième sens, celui de Superman : l'espérance.
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