lundi 28 mars 2016

The Assassin : Pourquoi a-t-on des codes au cinéma ?

Le pitch : Au 9ème siècle en Chine, une assassin professionnelle est chargée d'exécuter son cousin (et futur mari passé, si ça veut dire quelque chose), devenu seigneur d'une province rebelle.


Bon, à première vue, cela semble super simple non ? Et bien soit je suis totalement débile, soit ce film était si particulier que je n'en ai pas compris les 70%. Ouais ! A ce point ! Et ce n'est pas pour ça que le film est mauvais, loin de là. En le voyant, il est très aisé de remarquer pourquoi il a été récompensé pour sa mise en scène à Cannes...


Du coup, qu'est-ce qui est intéressant ici ? C'est de se demander pourquoi j'ai eu autant de mal à suivre ce qu'il se passait à l'écran. Certes, j'étais fatigué, je n'ai pas forcément réussi à rentrer dedans, mais il y a quelque chose de bien plus important à l'oeuvre ici : The Assassin permet de s'interroger sur les codes cinématographiques.


Les codes, ce sont les normes ; la manière dont on raconte une histoire. Quand on a vu beaucoup de films, notamment des productions occidentales, il est très aisé de reconnaître une structure et une manière de faire qui fonctionne. Ces productions sont l'équivalent de la pop en musique : le cerveau sait à quoi s'attendre dans l'ensemble, mais il peut encore être surpris par le détail.


Est-ce que sortir de cette norme veut dire produire un mauvais film ? Pour un producteur américain, très honnêtement, oui. Il suffit de lire le bouquin du producteur Blake Snyder pour le comprendre : si le film ne suit pas le format des trois actes avec le moment de désespoir à la fin du deuxième acte, n'a pas de personnage principal appréciable, n'accompagne pas son spectateur par la main... c'est un échec. Mais la réalité est bien plus complexe, et le fait de savoir jouer en dehors des plate-bandes sans se casser la figure est un art que seul les plus grands savent maîtriser.


Et c'est précisément ici que The Assassin se démarque, et sert d'illustration parfaite à mon problème : comment déterminer ce qui est mauvais, et ce qui est original ? Nous sommes évidemment influencés par notre expérience artistique au sens large (notre sensibilité à l'image, au mouvement, aux histoires, à certaines cultures), et la plupart des cinéphiles et autres critiques ont une culture similaire, ce qui explique leur appréciation commune pour certaines œuvres.


Donc, le cinéma a des codes. Il s'exprime de diverses manières, et certaines sont archétypales, certaines sont originales, et certaines sont mauvaises. Je me pose et je vous pose la question : comment savoir ce qui est original et ce qui est mauvais ? Pour l'instant je n'en sais rien. The Assassin, pour moi, est original. Même si j'ai eu beaucoup de mal à le suivre, il fait des choix dans sa manière de s'exprimer que je trouve intéressant, et qui m'ont beaucoup parlé. Sa mise en scène est très épurée, les plans sont longs et lents. Les décors sont riches et remplis, les costumes sublimes, mais pas forcément mis en avant. Parfois, seuls des mouvements vont exprimer une partie de l'histoire. Le cadre de l'image, très restreint (presque un 4:3 comme à la télévision) est inattendu pour un film qui comporte des scènes de combat spectaculaires. Elles-mêmes sont surprenantes car elles n'ont rien de réaliste mais ne sont pas filmées avec fantaisie. Enfin, l'actrice est incroyable : elle ne parle presque jamais, mais contrairement aux héros à la Clint Eastwood, elle exprime une gamme de sentiments extrêmement variée, et est sans aucun doute ma figure de femme forte préférée du moment.

Je suis assez perdu et perplexe face à The Assassin, mais il m'a permis d'ouvrir cette réflexion, et si jamais quelqu'un veut se joindre à moi ce sera avec un plaisir immense.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire