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dimanche 8 janvier 2017

10 trucs pour apprécier le film d'Assassin's Creed

métaphore de l'échec du film, très subtile.

La légende dit...

Qu'il existe une prophétie décrivant la venue miraculeuse depuis les cieux, d'une oeuvre cinématographique de qualité qui serait adaptée d'un jeu vidéo. Seulement voilà, les légendes c'est pour les ploucs et les films étranges de Ridley Scott (coucou Tom Cruise). Dans la vraie vie, celle du réchauffement climatique, du 49.3 et des gens qui se déplacent en segway, les films adaptés de jeu vidéo sont tous mauvais.

Et ce n'est pas parce que Justin Kurzel réalise, et que Michael Fassbender et Marion Cotillard jouent dans Assassin's Creed qu'il faut espérer le voir échapper à la règle. Cher jeune cinéphile fan de jeux vidéos que je vois au fond de la salle, tu peux éteindre tes lueurs d'espoirs et pleurer un bon coup dans le noir, parce que c'est toujours pas pour maintenant. Ton tour viendra... un jour, peut-être.


En attendant, continue de regarder Scott Pilgrim en boucle, et lis donc cet article pour voir comment tu peux tenter d'apprécier le film d'Assassin's Creed. Si jamais tu es encore assez motivé pour t'y rendre.
  • 1. Le voir en VF
Parce que les répliques sont tellement stupides que si on les imagine en français, ça doit donner un sacré bonus en matière de connerie et rendre le film potentiellement tolérable. Ma préférée, c'est quand Marion Cotillard dit à Fassbender : "tu as juste une scission neurologique, rien de grave".
  • 2. Aller voir une version où toutes les répliques sont coupées du montage
Faut pas non plus abuser, elles sont vraiment totalement ridicules et on dirait que les comédiens et comédiennes sont franchement gêné de devoir prononcer des bêtises pareilles. Alors qu'en fait, ils sont tous franchement bons dans le film ! Dès qu'ils n'ont pas à parler. Du coup, si on retire tout le texte, on devrait avoir un superbe film muet avec de belles performances et pas mal d'action.
Vous vous dîtes peut-être qu'on risque là de perdre le fil du scénario. Je répondrai que je ne vois pas le problème.
  • 3. Aller voir une version où il n'y a que les scènes qui se déroulent en 1492
Oui, en fait Assassin's Creed à l'origine, c'est un jeu où des parties chiantes ont lieu dans le présent, et des parties cool ont lieu à différentes époques avec les ancêtres des personnages du présent. Du coup, les créateurs du film ce sont dit qu'ils allaient faire en sorte que 75% du film se passe dans le présent. Spectateur, émerveille-toi devant les murs blancs immaculés, le décor vide et le bras mécanique magique qui t'envoie dans le passé, probablement désigné par un ingénieur se nourrissant principalement de rails de coke !
Ou alors, on enlève tout ça. Et on garde des scènes aux visuels super moches qui ne donnent jamais l'impression d'un moindre lieu palpable, à l'action super décousue et au montage totalement pété, dans lesquelles Michael Fassbender tranche des gorges en passant sa lame à 10cm de la gorge de ses ennemis, et raconte des conneries en espagnol.
Ce qui certes, ne donne pas envie, mais au moins certains bouts de chorégraphie sont pas dégueu, et au moins en enlevant la partie dans le présent, les scènes d'actions auront peut-être un minimum d'impact émotionnel sur le spectateur. Sérieusement, c'est un peu la leçon numéro un du film d'action : si ta course poursuite met en scène des types qui n'ont littéralement aucun impact sur l'histoire... personne n'a envie de la regarder !
  • 4. Aller voir une version où il n'y a que les scènes de l'aigle
Personne ne sait pourquoi, ou alors ça devait être dans la note d'intention qui ne nous a pas été distribuée au cinéma, mais dans la moitié des scènes du film, y a un aigle qui vient survoler les décors tout pourris en images de synthèses LIDL.
Si on garde ces scènes, et qu'on y rajoute par exemple, au hasard, une voix off de Werner Herzog qui lit ses listes de courses, là je paye direct pour le voir en IMAX 3D.
  • 5. Aller voir une version où le film s'accélère à chaque fois que le mot "assassin" est prononcé
Parce que comme ça, ça devrait durer à peu près cinq minutes, et ce sera plié ; tu pourras même continuer tes courses de Noël après.
  • 6. Prendre un somnifère pendant la pub, et rêver d'un meilleur film à la place
Deux possibilités ici.
Proposition a) Tu rêves d'une meilleure adaptation, qui exploiterait mieux les thématiques de liberté de conscience et de violence qui sont exposées par le film. Les méchants Templier veulent d'un monde sans violence, et d'un monde où les distractions ont remplacé le libre-arbitre. Les gentils assassins sont convaincus que la liberté est plus importante, et qu'elle ne peut s'obtenir que par la violence. Je suis étrangement certain qu'une meilleure présentation de ces thématiques pourraient parler à beaucoup de spectateurs, au vu de la tronche de notre belle année 2016.
Proposition b) Tu rêves que le film est la suite de Creed, et que Rocky Balboa doit trouver qui est le salopard qui a assassiné le jeune prodige de la boxe et fils d'Apollo Creed, pour prouver son innocence. Et à la fin, lors du procès, ils font un match de boxe avec les jurés ! C'est dément, je vous jure.
  • 7. Se tromper de salle et aller voir Paterson
Tu seras forcément perturbé par l'absence de lien entre le titre Assassin's Creed et le contenu du film, mais ça en vaut clairement la peine.
  • 8. Se tromper de salle et aller voir Monster Cars
Parce que même ça, je suis persuadé que c'est nettement plus fendard qu'Assassin's Creed.
  • 9. Aller aux toilettes au début de la séance et passer 2h sur le trône à lire Cinématraque
Clairement la meilleure solution.
  • 10. Rester chez soi, et jouer à Assassin's Creed
Mais pas Unity. Unity, c'est vraiment de la merde.

lundi 28 mars 2016

The Assassin : Pourquoi a-t-on des codes au cinéma ?

Le pitch : Au 9ème siècle en Chine, une assassin professionnelle est chargée d'exécuter son cousin (et futur mari passé, si ça veut dire quelque chose), devenu seigneur d'une province rebelle.


Bon, à première vue, cela semble super simple non ? Et bien soit je suis totalement débile, soit ce film était si particulier que je n'en ai pas compris les 70%. Ouais ! A ce point ! Et ce n'est pas pour ça que le film est mauvais, loin de là. En le voyant, il est très aisé de remarquer pourquoi il a été récompensé pour sa mise en scène à Cannes...


Du coup, qu'est-ce qui est intéressant ici ? C'est de se demander pourquoi j'ai eu autant de mal à suivre ce qu'il se passait à l'écran. Certes, j'étais fatigué, je n'ai pas forcément réussi à rentrer dedans, mais il y a quelque chose de bien plus important à l'oeuvre ici : The Assassin permet de s'interroger sur les codes cinématographiques.


Les codes, ce sont les normes ; la manière dont on raconte une histoire. Quand on a vu beaucoup de films, notamment des productions occidentales, il est très aisé de reconnaître une structure et une manière de faire qui fonctionne. Ces productions sont l'équivalent de la pop en musique : le cerveau sait à quoi s'attendre dans l'ensemble, mais il peut encore être surpris par le détail.


Est-ce que sortir de cette norme veut dire produire un mauvais film ? Pour un producteur américain, très honnêtement, oui. Il suffit de lire le bouquin du producteur Blake Snyder pour le comprendre : si le film ne suit pas le format des trois actes avec le moment de désespoir à la fin du deuxième acte, n'a pas de personnage principal appréciable, n'accompagne pas son spectateur par la main... c'est un échec. Mais la réalité est bien plus complexe, et le fait de savoir jouer en dehors des plate-bandes sans se casser la figure est un art que seul les plus grands savent maîtriser.


Et c'est précisément ici que The Assassin se démarque, et sert d'illustration parfaite à mon problème : comment déterminer ce qui est mauvais, et ce qui est original ? Nous sommes évidemment influencés par notre expérience artistique au sens large (notre sensibilité à l'image, au mouvement, aux histoires, à certaines cultures), et la plupart des cinéphiles et autres critiques ont une culture similaire, ce qui explique leur appréciation commune pour certaines œuvres.


Donc, le cinéma a des codes. Il s'exprime de diverses manières, et certaines sont archétypales, certaines sont originales, et certaines sont mauvaises. Je me pose et je vous pose la question : comment savoir ce qui est original et ce qui est mauvais ? Pour l'instant je n'en sais rien. The Assassin, pour moi, est original. Même si j'ai eu beaucoup de mal à le suivre, il fait des choix dans sa manière de s'exprimer que je trouve intéressant, et qui m'ont beaucoup parlé. Sa mise en scène est très épurée, les plans sont longs et lents. Les décors sont riches et remplis, les costumes sublimes, mais pas forcément mis en avant. Parfois, seuls des mouvements vont exprimer une partie de l'histoire. Le cadre de l'image, très restreint (presque un 4:3 comme à la télévision) est inattendu pour un film qui comporte des scènes de combat spectaculaires. Elles-mêmes sont surprenantes car elles n'ont rien de réaliste mais ne sont pas filmées avec fantaisie. Enfin, l'actrice est incroyable : elle ne parle presque jamais, mais contrairement aux héros à la Clint Eastwood, elle exprime une gamme de sentiments extrêmement variée, et est sans aucun doute ma figure de femme forte préférée du moment.

Je suis assez perdu et perplexe face à The Assassin, mais il m'a permis d'ouvrir cette réflexion, et si jamais quelqu'un veut se joindre à moi ce sera avec un plaisir immense.