Cette semaine, je ne sais pas trop pourquoi mais c'est un peu le rassemblement annuel des vaudevilles à l'ancienne. Nous avons deux films à l'ancienne avec des triangle amoureux bien barrés (dans les deux cas, et surtout dans Broadway Therapy, c'est plus un Tesseract amoureux tellement les participants sont nombreux et liés de façon insensé), qui jouent avec la comédie et tentent de danser la valse des grands classiques. Lubitsch, Wilder, avec une touche de Woody Allen période théâtre, Caprice et Broadway Therapy transpirent l'hommage. Mais sont-ils plus que ça ? La réponse après la pub !
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Broadway Therapy est un nouveau film de Peter Bogdanovich, figure complexe du cinéma américain au sens où il y occupe plusieurs places ; réalisateur, scénariste, critique, historien... il connaît le cinéma sous ses nombreuses facettes, et il semble alors évident qu'un homme tel que lui veuille rappeler ainsi à lui les classiques. Et puis il faut avouer qu'il est lui-même assez... démodé. Son succès n'a guère dépassé les années 70, en dehors de l'influence qu'il a eu sur les grands indépendants d'aujourd'hui comme Wes Anderson (qui est producteur sur le film, y a pas de hasard).
Bref tout ça on s'en fout, de quoi ça parle ? Dans le film, une nouvelle starlette d'Hollywood (Imogen Poots, délicieuse) raconte son ascension haute en couleurs à une journaliste cynique ; alors qu'elle était une call-girl, elle a rencontré un metteur en scène (Owen Wilson, insupportable) qui a changé sa vie. Le metteur en scène se retrouve dans la mouise parce qu'il réforme des call-girl dans tous le pays en s'inspirant d'une réplique d'un vieux film de Lubitsch (sans déconner) et que cela commence à se voir. Son acteur principal découvre la supercherie et tente de le piéger car il veut se taper sa femme... puis la call-girl auditionne pour une pièce de théâtre dirigé par Owen Wilson, se retrouve enamouré avec le dramaturge, qui du coup frustre sa copine actuelle, la psy totalement folle de la call-girl (Jennifer Aniston, dans son meilleur rôle à ce jour à mes yeux, et clairement la meilleure de tout le film)... en vrai c'est même plus compliqué que ça. Il faudrait rajouter un détective privé, entre autres.
Donc voilà, je pense que c'est assez évident, on est dans du vaudeville haut en couleurs, des quiproquos dans tous les sens au sein du monde des artistes de New York... mais si au final le film est extrêmement maîtrisé et toujours amusant, il ne devient jamais désopilant. Donc, très plaisant, mais surtout malgré la volonté du réalisateur de retrouver l'ambiance des années Hayes et de l'âge d'or d'Hollywood, on pense surtout à du Woody Allen qui sent un peu le réchauffé. Le film est donc très sympa, mais quand on me vend une comédie à la Lubitsch, je m'attends à plus que ça !
Est-ce que
Caprice, qui a connu une promotion similaire dans la presse spécialisée, s'en sort mieux ? Oui et non. Oui, parce que la première demi-heure du film est un des meilleurs moments que j'ai passé au cinéma cette année ; Emmanuel Mouret joue un professeur des écoles dingue d'une actrice de théâtre merveilleuse (Virginie Effira). Un jour, elle débarque dans son école pour lui demander des cours particuliers pour son neveu (c'est absurde, tiré par les cheveux ? Oui ! Mais c'est fait avec la légèreté et la beauté de la déraison), et la romance peut commencer, lentement et tendrement.
Le ton est décalé, ce que joue Emmanuel Mouret à la perfection (par exemple lorsqu'Anaïs Demoustier lui demande tout naturellement si ça ne le dérange pas qu'elle l'observe au théâtre, alors qu'elle est assise à côté de lui, parce qu'il lui rappelle quelqu'un), et surtout l'humour n'est jamais moqueur. Le rire naît du fait que les personnages sont extrêmement touchants. Ou absurdes ! La seule personnalité du fils du héros est qu'il aime lire. Pour son anniversaire, il est aux anges lorsqu'on lui offre l'intégrale de Victor Hugo dans les éditions de la Pleïade... normal, quand on a huit ans.
Mais surtout, c'est Virginie Effira qui crève l'écran pendant ces trente premières minutes. Son personnage est d'une douceur, d'une attention toujours totale qui la sublime... ce n'est pas souvent que l'on tombe amoureux au cinéma, alors chapeau. Et puis, Anaïs Demoustier vient apporter son grain de sel, le triangle amoureux commence (même si c'est plus compliqué, mais je passe hein) et le film s'enlise dans le mélo. Le ton reste légèrement décalé mais se perd dans les sentiments d'une manière assez peu cohérente avec le premier acte. Et c'est fort dommage ! Du coup, on s'ennuie.
Donc, deux tentatives pas trop mal réussies, mais toutes deux décevantes à leur manière aussi. Pendant le générique de
Broadway Therapy, Bogdanovich a inséré une scène de
Cluny Brown (
La Folle Ingénue), de Lubitsch, ce qui rappelle bien rapidement que si l'on veut ressentir ce que fait ressentir le cinéma de cette époque, autant aller le chercher directement.
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