Une femme désespérée, accompagnée de son fils dépassé, tente de forcer sa compagnie d'assurance à payer le traitement de son mari, gravement malade. Son désespoir mène à la violence...
Voilà ce qu'il se passe lorsque l'on va voir un film en n'en connaissant que le titre (méchamment cool, avouons-nous les choses en face sans langue de bois), et son affiche. On tombe sur un truc indé mexicain assez frappé, une tragédie qui mérite son nom tant l'épée de Damoclès passe loooongtemps au dessus de l'héroïne. Et si je vous parle du titre, ce n'est pas anodin : celui-ci a une importance capitale dans notre interprétation du film en tant que spectateur.
Pour m'expliquer, je me vois forcé de vous parler de style. Non, attendez, c'est stupide comme phrase. J'adore parler de style, rien ne me force, et c'est parti : Un Monstre à Mille Tête joue énormément avec le cadrage et les focales. En gros, le réalisateur nous montre uniquement ce qu'il a envie de nous montrer et joue avec les points de vues. Très souvent, il nous donnent les événements à voir depuis les yeux de personnages apparemment secondaires. Sauf que - et là est toute l'originalité du film - ces moments s'accompagnent de pistes audio où l'on entend ces personnages témoigner lors d'un procès. Celui de notre pauvre femme.
Et oui, le monstre à mille têtes, ce sont tous les témoins qui n'ont vu que le pire de cette femme et l'ont condamné... le monstre, c'est l'absence de compassion, c'est la perspective du spectateur éloigné qui ne voit que la conséquence de la souffrance.
Le film est extrêmement malin puisqu'en diabolisant la compagnie d'assurance (cette belle de brochette de crevards d'enflures de bites), il nous permet de nous faire compatir avec cette pauvre femme malgré ses actions, et ce même en nous plaçant dans le point de vue des témoins tout le long du film. Une oeuvre donc placée sous le signe de la pitié.
Super habile, super original, c'est rafraîchissant, c'est cool.
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