samedi 9 avril 2016

Gods of Egypt : Les Racistes du Zodiaque

Il fut un temps où le nom d'Alex Proyas pouvait faire frémir l'amateur de cinéma de genre ; une époque révolue où la simple mention d'un The Crow ou de Dark City pouvait faire briller les yeux des mortels.


Tout cela paraît bien loin en 2016, lorsqu'Alex Proyas sort Gods of Egypt, film assassiné par la critique et la société qui y voit à la fois un mauvais film et un exemple idéalement anachronique de whitewashing. Et ni l'un ni l'autre n'ont tort, hélas.


Gods of Egypt s'inspire de la mythologie égyptienne complexe et fascinante pour construire une histoire compliquée et barbante : les Dieux sont grands et forts, et ils dominent les hommes. Osiris, fils de Râ et père de Horus, se fait assassiner par son frère Seth qui prend le pouvoir sur le disque-monde. Oui parce que dans cette histoire, le monde entier est un disque dont une face représente le royaume des vivants, et l'autre le royaume des morts. Horus crée une alliance avec un humain (sacrilège ! Un humain, c'est si inférieur et naze !) pour reconquérir le monde et le libérer du joug de son frère.


Le film est moche, mal dosé, chiant comme un rat prof d'éco, prévisible et sans surprises pour 95% de son contenu. Gerard Butler en fait trop en Seth mais en même temps ce mec est tellement toujours intense que je paierais juste le voir commander un Big Mac, Brendan Thwaites est insipide, Elodie Yung (Elektra) est correcte en déesse de l'amour, Nikolaj Coster-Waldau est lourd, tous les autres presque sans exception n'ont aucun intérêt. Le pire de tout étant Chadwick Boseman qui joue Thoth le dieu du savoir, qui a été dirigé à la perfection si le but était de me faire pisser du sang par les oreilles.


En plus, le whitewashing fait vraiment mal aux yeux. Certes c'est un film de fiction, c'est une fantaisie en long en large et en travers, mais tous les figurants sont très variés dans leur physique. Les personnages principaux ne le sont pas, et c'est juste franchement super dommage. C'est vraiment gênant de voir un Danois blanc comme un cul danois être célébré par la population pauvre (pour ne pas dire esclave carrément) égyptienne quand eux sont basanés quoi. Et puis... Alex Proyas est égyptien. Et blanc. C'est quand même intéressant ça comme phénomène.


Mais j'ai bien dit 95%, parce qu'au final, sous des couches de caca de classicisme bidon, il se cache un film de qualité. C'est là qu'il y a de quoi être frustré, parce que beaucoup d'éléments sont captivants : les démons qui assaillent la déesse de l'amour, les serpents géants, la lutte perpétuelle de Râ contre le monstre qui veut dévorer le monde... En fait Gods of Egypt par moments ressemble aux Chevaliers de Zodiaque. On a même une princesse qui se prend une flèche en plein coeur, et le chemin des morts comme dans l'anime!

Malheureusement, toutes ses qualités indéniables n'apparaissent que sous les décombres gigantesques d'un cinéma démodé, aussi vieux et calciné que la mythologie qu'il mutile et colonise au fer blanc. Reviens Alex Proyas, s'il te plait. Reviens.

dimanche 3 avril 2016

Rosalie Blum : Suivre une fille dans la rue, c'est mignon

Non, dans la vraie vie, c'est pas super mignon du tout. C'est même supra flippant. D'ailleurs, si vous avez l'intention ce soir de vous faire une petite escapade et suivre quelqu'un dans la rue, suivez ce conseil : ne le faîtes pas. Ne le faîtes jamais.


Et pourtant, c'est là en grande partie le propos de Rosalie Blum, un film adapté d'une série de bande dessinée française. Et en grande partie sa réussite.

Rosalie Blum, c'est l'histoire d'un loser coiffeur sacrément complexé d'Oedipe, qui un jour s'intéresse à une femme qu'il ne connaît pas. Il ne sait pas pourquoi, mais il se met à l'observer, à la suivre partout et découvrir sa vie, de loin. Il la suit dans un bar, et découvre une chanson de Belle and Sebastian. Il la suit dans un cinéma, et découvre un film d'horreur japonais.


On est très loin d'une histoire de stalkage flippante et glauque à la Brian de Palma, ou à la David Lynch. Notre cher coiffeur, interprété avec brio par Kyan Khojandi, n'a aucune intention mauvaise vis à vis de Rosalie Blum. En fait, il n'a aucune intention vis à vis d'elle... il s'ennuyait voilà tout. On est donc aussi loin de James Stewart et de sa mystérieuse blonde dans Vertigo... sauf dans un élément, que je ne divulguerai pas ici.


Le film ne s'arrête pas à ça, et ne connaissant pas la bande dessiné je n'étais pas préparé à certains retournements, qui m'ont je dois l'avouer, fort enchanté sa mémé. Au final, on parle de personnes brisées, des laissées (accord de majorité féminine) pour compte, des affaiblies. Qui se rencontrent, avec originalité et douceur... maladroitement certes. Mais comment peuvent-ils se rencontrer et apprendre à s'aimer autrement ? Les personnes brisées sont souvent maladroites. On leur pardonne.


Rosalie Blum est un beau film. Peut-être pas génial d'un point de vue esthétique et avec quelques faux pas (la voix off par moment), mais c'est un beau film.

samedi 2 avril 2016

Un Monstre à Mille Têtes : Les yeux dans les yeux... des autres.

Une femme désespérée, accompagnée de son fils dépassé, tente de forcer sa compagnie d'assurance à payer le traitement de son mari, gravement malade. Son désespoir mène à la violence...


Voilà ce qu'il se passe lorsque l'on va voir un film en n'en connaissant que le titre (méchamment cool, avouons-nous les choses en face sans langue de bois), et son affiche. On tombe sur un truc indé mexicain assez frappé, une tragédie qui mérite son nom tant l'épée de Damoclès passe loooongtemps au dessus de l'héroïne. Et si je vous parle du titre, ce n'est pas anodin : celui-ci a une importance capitale dans notre interprétation du film en tant que spectateur.


Pour m'expliquer, je me vois forcé de vous parler de style. Non, attendez, c'est stupide comme phrase. J'adore parler de style, rien ne me force, et c'est parti : Un Monstre à Mille Tête joue énormément avec le cadrage et les focales. En gros, le réalisateur nous montre uniquement ce qu'il a envie de nous montrer et joue avec les points de vues. Très souvent, il nous donnent les événements à voir depuis les yeux de personnages apparemment secondaires. Sauf que - et là est toute l'originalité du film - ces moments s'accompagnent de pistes audio où l'on entend ces personnages témoigner lors d'un procès. Celui de notre pauvre femme.


Et oui, le monstre à mille têtes, ce sont tous les témoins qui n'ont vu que le pire de cette femme et l'ont condamné... le monstre, c'est l'absence de compassion, c'est la perspective du spectateur éloigné qui ne voit que la conséquence de la souffrance.


Le film est extrêmement malin puisqu'en diabolisant la compagnie d'assurance (cette belle de brochette de crevards d'enflures de bites), il nous permet de nous faire compatir avec cette pauvre femme malgré ses actions, et ce même en nous plaçant dans le point de vue des témoins tout le long du film. Une oeuvre donc placée sous le signe de la pitié.

Super habile, super original, c'est rafraîchissant, c'est cool.

lundi 28 mars 2016

The Assassin : Pourquoi a-t-on des codes au cinéma ?

Le pitch : Au 9ème siècle en Chine, une assassin professionnelle est chargée d'exécuter son cousin (et futur mari passé, si ça veut dire quelque chose), devenu seigneur d'une province rebelle.


Bon, à première vue, cela semble super simple non ? Et bien soit je suis totalement débile, soit ce film était si particulier que je n'en ai pas compris les 70%. Ouais ! A ce point ! Et ce n'est pas pour ça que le film est mauvais, loin de là. En le voyant, il est très aisé de remarquer pourquoi il a été récompensé pour sa mise en scène à Cannes...


Du coup, qu'est-ce qui est intéressant ici ? C'est de se demander pourquoi j'ai eu autant de mal à suivre ce qu'il se passait à l'écran. Certes, j'étais fatigué, je n'ai pas forcément réussi à rentrer dedans, mais il y a quelque chose de bien plus important à l'oeuvre ici : The Assassin permet de s'interroger sur les codes cinématographiques.


Les codes, ce sont les normes ; la manière dont on raconte une histoire. Quand on a vu beaucoup de films, notamment des productions occidentales, il est très aisé de reconnaître une structure et une manière de faire qui fonctionne. Ces productions sont l'équivalent de la pop en musique : le cerveau sait à quoi s'attendre dans l'ensemble, mais il peut encore être surpris par le détail.


Est-ce que sortir de cette norme veut dire produire un mauvais film ? Pour un producteur américain, très honnêtement, oui. Il suffit de lire le bouquin du producteur Blake Snyder pour le comprendre : si le film ne suit pas le format des trois actes avec le moment de désespoir à la fin du deuxième acte, n'a pas de personnage principal appréciable, n'accompagne pas son spectateur par la main... c'est un échec. Mais la réalité est bien plus complexe, et le fait de savoir jouer en dehors des plate-bandes sans se casser la figure est un art que seul les plus grands savent maîtriser.


Et c'est précisément ici que The Assassin se démarque, et sert d'illustration parfaite à mon problème : comment déterminer ce qui est mauvais, et ce qui est original ? Nous sommes évidemment influencés par notre expérience artistique au sens large (notre sensibilité à l'image, au mouvement, aux histoires, à certaines cultures), et la plupart des cinéphiles et autres critiques ont une culture similaire, ce qui explique leur appréciation commune pour certaines œuvres.


Donc, le cinéma a des codes. Il s'exprime de diverses manières, et certaines sont archétypales, certaines sont originales, et certaines sont mauvaises. Je me pose et je vous pose la question : comment savoir ce qui est original et ce qui est mauvais ? Pour l'instant je n'en sais rien. The Assassin, pour moi, est original. Même si j'ai eu beaucoup de mal à le suivre, il fait des choix dans sa manière de s'exprimer que je trouve intéressant, et qui m'ont beaucoup parlé. Sa mise en scène est très épurée, les plans sont longs et lents. Les décors sont riches et remplis, les costumes sublimes, mais pas forcément mis en avant. Parfois, seuls des mouvements vont exprimer une partie de l'histoire. Le cadre de l'image, très restreint (presque un 4:3 comme à la télévision) est inattendu pour un film qui comporte des scènes de combat spectaculaires. Elles-mêmes sont surprenantes car elles n'ont rien de réaliste mais ne sont pas filmées avec fantaisie. Enfin, l'actrice est incroyable : elle ne parle presque jamais, mais contrairement aux héros à la Clint Eastwood, elle exprime une gamme de sentiments extrêmement variée, et est sans aucun doute ma figure de femme forte préférée du moment.

Je suis assez perdu et perplexe face à The Assassin, mais il m'a permis d'ouvrir cette réflexion, et si jamais quelqu'un veut se joindre à moi ce sera avec un plaisir immense.

samedi 26 mars 2016

Batman v Superman : Le Crépuscule de la Justice des Opiniâtres




(avertissement : cette critique est extrêmement longue, peu subtile et met longtemps à parler de son sujet. Un peu comme le film dont elle parle en fait. Je l'ai adoré, mais j'en ai beaucoup à dire, c'est pourquoi j'ai mis des titres si vous souhaitez naviguer et aller directement à l'essentiel)

Introduction : danse des opinions
Connaissez-vous le plus vieux mensonge du critique ? C'est qu'une opinion peut être innocente.
Une opinion, c'est un jugement personnel en costume, un concept qui se donne des airs de vérité tout en cachant en son sein une sémantique si ancienne qu'elle est presque mythologique. 


Opinio, en latin, veut dire deux choses qui s'opposent catégoriquement. D'un côté, nous avons : la croyance, la conjecture, le préjugé, l'illusion. De l'autre : une attente, une espérance. Ainsi, nous autres critiques de cinéma en herbe ou goudronnés, du type qui commente sur une vidéo Youtube à celui qui sera lu par des millions sur Variety, nous faisons donc croire, nous faisons illusion : en deux mots, nous pouvons donner l'impression qu'une œuvre est bonne, ou qu'elle est mauvaise. Si l'intégralité de la critique s'accordent à dire qu'un film est mauvais, la critique a alors un pouvoir sur notre perception. Pourquoi ? Sans doute à cause de nos besoins primordiaux de communiquer, et d'exister en tant que membre de la société ; comme participant ou dissident.


Une opinion n'est donc en rien innocente ; une opinion est censée être une partie de soi, d'une sensibilité propre et d'un jugement affectif lié à nos valeurs morales et notre identité propre. Comment expliquer autrement nos divergences quotidiennes, si ce n'est avec la complexité de nos expériences humaines ? L'erreur, c'est de voir l'opinion pour autre chose que ce n'est qu'elle est.
Certains disent, et n'ont pas peur de le dire, que derrière chaque critique se cache un cinéaste frustré. Cette banalité cache une vérité bien plus intéressante que son apparence provocatrice ne le suggère : le critique pense pouvoir brandir son marteau et condamner ou gracier toute oeuvre artistique, du haut de sa tour de verre, sans ce casser un ongle. Et c'est pourquoi nous nous méfions de plus en plus des critiques après tout : comment osent-ils s'attaquer à cette chose que j'apprécie ? Comment peuvent-ils avoir le culot de défendre cette merde puante ?


Batman V. Superman: Dawn Of Justice
Et pourtant, les opinions pullulent et prospèrent et envahissent et avilissent la vastité de notre monde virtuel. Bien plus vite que Barry Allen, la rumeur court, et ce n'est point un murmure : Batman v Superman est un mauvais film. Le monde entier s'accorde à dire que la rencontre entre les deux super-héros les plus populaires de l'histoire – et non pas de l'époque – est une déception ; et les dissidents dissonants sont rares. Parmi ces dissidents, il y a moi. Surpris ? Bien sûr que non… si vous êtes là, vous me connaissez un petit peu. Je l'ai vu, adoré, et je le reverrai plus de fois qu'il n'est considéré normal, et moins de fois que je le souhaite au vu de mon emploi du temps chargé.



Batman V. Superman: Dawn Of Justice
De quoi ça parle ?
Batman v Superman fait suite à Man of Steel, au sens le plus strict du terme puisque son élément déclencheur est la destruction de Metropolis qui a lieu dans le premier film. Superman agit dans le monde entier et sauve des vies, mais certains n'oublient pas toutes celles qu'il n'a pas sauvé auparavant. Les victimes du conflit sont symbolisées par un homme qui a perdu ses jambes dans l'attaque de Metropolis, et qui escalade la statue érigée en honneur de Superman pour le marquer de la mention « faux dieu ». Tout le conflit du film est centré sur cette notion : un tout puissant est-il trop dangereux pour l'homme ? Trois personnes en sont convaincues : Une sénateur américaine, Lex Luthor Jr., et le personnage principal du film, Batman.


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La force narrative du film est donc extrêmement simple, on est plein dans le paradoxe du héros hors-la-loi : s'il existe en dehors de la loi, il peut tout autant faire le bien que devenir fasciste. « Nous avons toujours été des criminels, Alfred », dit Bruce Wayne au début du film.
C'est le centre névralgique de l'audiovisuel super-héroïque 2016 : la saison 2 de Daredevil parle de ça, Civil War parle de ça, Batman v Superman parle de ça. Niveau exécution en revanche, on s'éloigne de la simplicité et on se rapproche d'un film choral, au risque de perdre les plus distraits qui attendraient la prochaine scène de crêpage de chignons. Tout converge uniquement durant les vingt dernières minutes du film, qui servent de conclusion émotionnelle en apothéose à la mise en place des personnages, de leurs émotions et conflits internes.


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Pourquoi les critiques sont-elles négatives ?
Soyons clairs : il y a deux types de critiques négatives. Celle des cinéphiles, et celle des fans de comics qui pensent que les personnages leur appartiennent.
Commençons par les premiers, car là est la clé de la réception catastrophique du film : les critiques sont négatives parce que ce que le film montre ne correspond pas du tout à ce que les gens ont envie de voir. C'est bien simple, la quasi totalité des critiques accusent le film d'être pompier, trop sérieux, trop lourd et insistant quant à sa mythologie. Et ça, ce n'est pas une critique objective, c'est l'expression d'une opinion : un film de super-héros n'a pas à être léger, il n'a pas à être humoristique. Où est le problème ? Le problème, c'est en réalité le succès des films Marvel, qui ont installé des attentes vis à vis du genre. Les films Marvel sont avant toute chose, fun. Ils ont bien des défauts, notamment une esthétique inexistante, trop de personnages qui meurent pour de faux, et des troisièmes actes souvent décevants, mais ils sont toujours fun, cool, sympa. Ils sont même parfois, osons le dire, très bons… assez pour avoir instaurer une norme. Et pour tout le foin que l'on a pu faire autour de Deadpool, à aucun moment celui-ci n'échappe à cette norme : c'est fun, c'est plein d'humour et d'action, et à la fin y a un vaisseau qui s'écrase. Certes, l'humour est plus osé et l'action légèrement plus ensanglantée, mais le résultat est le même.


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Et donc, notre cinéphile, il en a déjà marre des films de super-héros. Y en a partout, ils sont surchargés, gonflés à bloc… mais au moins, ils sont fun. Et c'est à ce moment que la Warner débarque avec une approche radicalement différente. D'abord avec Man of Steel et son esthétique « ancrage dans le réel » (les guillemets sont grosses croyez-moi), sa lourdeur dialoguiste, ses thématiques messianiques… où est le fun ? Avec son univers cinématographique DC, la Warner a décidé de regarder ses héros en face, sans jouer sur le décalage à la Marvel. Chez Marvel, les héros sont d'abord des hommes et des femmes, ensuite des surhommes et surfemmes. Chez DC au cinéma, ce sont des dieux qui tentent de vivre parmi les hommes. Point de fun donc. Ou du moins, pas dans la même gamme que celle du voisin. Et c'est un choix ! Avoir choisi Zack Snyder, ce n'est pas une erreur de leur part, c'est une choix, une intention : l'envie de proposer quelque chose de différent. Quelque chose qui demande au spectateur d'oublier un instant que ces personnages et leurs aventures sont totalement débiles, surfaites et surannées. En somme, le spectateur, on lui en demande beaucoup.


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Tout ça, à mon sens, parce que Batman v Superman arrive au mauvais moment. En fait, jamais un film de Zack Snyder n'aura paru aussi jumeau de son adaptation – tout aussi controversée par ailleurs – de Watchmen, et les deux fonctionnent désormais comme un diptyque antithétique du film de super-héros. Un dyptique sombre, sale, et pompier. Et le pompier, c'est passé de mode depuis trois siècles au moins, alors va plaire à un critique avec ça...
Et c'est là que je reviens à mon idée d'illusion, ce qui me permet d'avancer ceci : Zack Snyder est un putain de génie. Le type a réussi à convaincre la Warner de lancer une campagne cinématographique, un plan décennal dirons-nous, qui coûtera plusieurs milliards de dollar, en leur faisant un tour de magie : il a réussi à leur faire croire que le public d'aujourd'hui voudrait voir ce film. Il leur a fait croire que son opinion sur Batman, Superman et Wonder Woman était la bonne. Un tour de passe-passe, et c'est dans la boite.


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Du coup, tant pis pour les spectateurs qui n'ont pas du tout envie de voir un thriller politique/épique biblique à la Cécil B. Demille/Baston générale de super-héros musclés, et tant mieux pour ceux qui, comme moi, apprécient à la fois la prise de risque et le résultat.
Ça, c'est pour les critiques. Il me reste à parler des fanboys, de Marvel et de DC, qui crachent sur le film car ils pensent posséder la vérité sur ces personnages. Vous noterez que j'ai utilisé le verbe «pensent », ce qui indique qu'ils ont tort à mon sens. Il m'est impossible de compter les interprétations de Batman, de Superman, Wonder Woman et autres Lex Luthor et compagnie, puisqu'elles varient énormément. Ces personnages sont réellement les mythes de l'Amérique moderne, et leurs formes changeantes font partie de leur charme. Chaque fan, au fond de lui, a une version de Superman, nourri de son expérience personnelle et de ses lectures. Quoi, mais Renaud, tu veux nous dire que c'est encore une affaire d'opinion ? Et bien oui.


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Ceci étant dit, je ne peux m'empêcher de penser que certaines opinions sont moins valables que d'autres, permettez-moi donc d'en attaquer quelques unes. Oui, Batman potentiellement tue des gens (jamais explicitement) dans ce film, non, ce n'est pas la règle numéro un de Batman. La règle numéro un de Batman, c'est que c'est un homme qui met un déguisement de chauve-souris. Bat-man. C'est toujours pareil, dans les comics y a des trucs qui explosent, des gens qui tombent de haut et se brisent la colonne vertébrale… on le voit pas directement tuer des gens, et là non plus. Mais qui plus est, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une interprétation nouvelle de Batman, et celle-ci commence avec une version du chevalier noir… bien noire. Mais alors, noire sa race. Batman marque au fer rouge de son symbole les criminels quoi !! C'est le Batman facho de The Dark Knight Returns de Frank Miller au début du film. Et c'est son évolution dans le film, dans une direction ou l'autre, qui fait l'intérêt de sa caractérisation.


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Non, le film n'est pas coloré ni spécialement drôle. Vous avez déjà vu un film de Zack Snyder ? Sérieusement ? Au bout d'un moment, il faudrait comprendre que le mec c'est un auteur, qui a donc des obsessions, et qu'on commence un peu à les connaître : il aime le fascisme, les vignettes, les tableaux pompiers, les sacrifices héroïques, les hommes confrontés à des tâches insurmontables, les ralentis, la démesure, la mythologie, le mouvement et les ralentis. Si vous allez voir un film Snyder, et bah il faut s'attendre à un film Snyder les gars ! Vous attendiez quoi de la part du mec qui a fait 300, le film le plus pompier et débile de l'histoire des films ? Snyder a la subtilité d'un éléphant qui fait des claquettes sur du papier à bulles. Si ça vous dérange, ce film n'est pas pour vous, tant pis, voilà, n'en faisons pas tout un fromage. Ou alors si, mais on le partage avec du vin parce que c'est trop bon le fromage. Franchement, c'est comme si on disait « Hmmm j'ai vu le dernier Wes Anderson et c'était trop symétrique et ça parlait trop de relations familiales, c'était nul », ou encore « J'ai regardé un Terrence Malick et c'était trop philosophique, c'était nul ». Et d'ailleurs, le film a quelques moments marrants, qui fonctionnent effectivement comme du « comic relief » au milieu du reste très guindé ; c'est notamment Alfred qui le transmet, mais également César le boss du Daily Planet qui a LA punchline du film. Ce n'est rien de plus que quelques moments très, très brefs de légèretés qui conviennent tout à fait à l'ambiance autrement plus taciturne du film.


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Quels sont les défauts du film ?
Car il en a, et parmi les critiques et opinions, certaines semblent plus avisées que d'autres : à mon sens, il en a deux. Le premier c'est le montage actuel du film, qui souffre dans certaines scènes d'actions. Si par exemple la vision de la destruction de Metropolis depuis le sol est grandiose et très claire, ce n'est pas le cas de la baston finale qui malgré son côté orgasmique n'est pas toujours des plus claires. Mais comme certains le savent, les plans ont été en partie raccourcis pour faire passer le film en PG-13, et ils seront complétés dans la version DVD qui aura une demi-heure de plus de contenu. La dernière fois qu'un film de Snyder a connu le même traitement, c'était Watchmen, et son Director's Cut a quand même bien calmé tout le monde. Donc, on peut espérer que ce point soit sauvé par la version « réelle » du film. Et puis ça vaut un peu aussi pour son scénario, qui dans certains passages n'est pas hyper clair... donc, oui, il y a des défauts. 


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Le deuxième point, c'est son titre. Il laisse supposer un véritable affrontement… et il a lieu, certes, mais ce n'est pas vraiment ça, le cœur du film. Batman v Superman est sombre en tout points, mais c'est précisément parce que c'est « L'aube de la Justice ». Batman l'a dit lui même un jour, il fait toujours plus sombre avant l'aube.




L'affrontement ne peut de toute façon pas être direct quoi qu'il arrive, parce que Superman coucherait Batman en deux secondes trente et on n'en reparlerait plus… Le titre vend mal le film, et il est fort à parier qu'il sera plus apprécié une fois que sa promotion sera digérée. Après, je ne veux pas faire mon crevard, mais c'est pas Marvel qui vont venir faire les fiers avec leurs titres à deux balles… L'ère d'Ultron qui dure maximum une demi-semaine, bientôt Civil War qui consiste en un affrontement entre quinze péquenauds… je pense qu'on peut tous s'accorder sur le fait que les films de super-héros ont besoin de se trouver des titres un peu moins bidon. Au final, ce serait simplement « L'aube de la Justice », le film fonctionnerait beaucoup, beaucoup mieux. Et il serait fou d'ignorer que le tout est tout de même franchement bordélique ; le film essaie beaucoup, mais ne parvient pas forcément à accomplir ce qu'il pourrait réussir.
Il est facile de négliger le poids qu'ont nos attentes quant à notre appréciation finale d'une œuvre, et difficile de réussir à se vider l'esprit pour découvrir le tout sans à priori, c'est-à-dire sans opinions préconçues.


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Quelles sont ses qualités ?
Tout le reste. Non, vraiment, je suis sérieux. Et évidemment que ce n'est que mon opinion, je pense qu'avec tout ce que je rabâche depuis tout à l'heure, on est assez clair sur le sujet. Il n'empêche que c'est réellement ce que je pense.

L'histoire est bien pensée ; les héros se cherchent, ils sont affaiblis et un homme fou et mauvais en profite pour jouer avec les dieux. On est dans la continuité de Man of Steel, dans les balbutiements d'une quête initiatique sur l'héroïsme et la condition humaine. Les thématiques sont aussi lourdes qu'elles doivent l'être, puisqu'on y aborde la mythologie dans tous les sens : chrétienne, grecque, nordique... Entre la figure messianique de Superman, les obsessions de Lex Luthor pour les démons antiques, et la supériorité de Wonder Woman, véritable déesse descendante de Zeus, qui marche parmi les hommes sans se dévoiler, on a affaire à une sacré dose de symbolisme. Là où Snyder est fort, c'est qu'il utilise ses excès de style non pas pour Wonder Woman et Superman, mais pour Lex Luthor et surtout Batman, nous montrant ainsi comment les hommes et les dieux sont tous les incarnations d'une mythologie commune. Le problème étant que Batman comprend cela, Lex Luthor non.

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Les personnages et interprètes sont incroyables. Ben Affleck est le Bruce Wayne le plus cool du monde, et le Batman le plus proche des comics post-Frank Miller qui soit. Oui, n'en déplaisent aux fans qui considèrent que lui faire dire "nous avons toujours été des criminels" est une trahison du personnage, fans qui semblent avoir oublié que cette réplique est littéralement une des répliques les plus connues du roman graphique The Dark Knight Returns de Frank Miller, Batman est juste, et génial. Son arc narratif est le meilleur du film, et cela présage que du bon pour la suite. Superman a lui aussi, un arc narratif fascinant puisqu'il essaie tant bien que mal d'exister en tant que Superman dans un monde moderne ; c'est-à-dire qu'il est confronté aux critiques et complexités diplomatiques, sans réellement parvenir à symboliser un espoir unilatéral comme le personnage pouvait le faire il y a 60 ans. Y parviendra-t-il à la fin du film ? Vous verrez bien... Wonder Woman, quant à elle, est démentielle. Peu présente certes, mais ses apparitions dénotent quelque chose de particulier... son personnage semble effectivement avoir vécu 5000 ans, et elle en impose carrément. Loïs est cool, la sénateur est super cool, Alfred est super cool, même Doomsday malgré son côté expédié est au final très réussi. Et les apparitions "surprises" qui aident à mettre en place l'univers DC cinématographique sont aussi très cool.

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Et puis... il y a Lex Luthor Jr. Et là, mais les gars, mais il va falloir se calmer niveau fanboyisme par que je vais être clair : la dernière fois qu'un personnage de méchant m'a autant fait jubiler dans un film, il s'agissait du Joker dans The Dark Knight. Ouiiiii mais Renaud tu dis n'importe quoi parce que Lex dans ce film ne ressemble pas au vrai Lex Luthor, et bla et bla bla...

Non. Alors déjà, il n'y a pas de vrai Lex Luthor. De plus, Lex Luthor c'est quoi sa base ? C'est un génie sans force physique, capable d'être le plus grand ennemi de Superman juste en étant intelligent. Est-ce que c'est le cas dans le film ? Oui, mille fois oui, et cela donne mes deux scènes préférées du film, et le seul Lex Luthor correct que l'on ai eu au cinéma. Ensuite, le Joker de Heath Ledger n'a rien voir avec le Joker, et ça ne l'empêche pas d'être exceptionnel. Et enfin, LE détail qui tue sa maman : ok, il ne ressemble pas à Lex Luthor. Ouais, ben c'est peut-être parce que c'est PAS Lex Luthor en fait les gars !! Il le dit lui-même dans le film, en fait son personnage c'est Lex Luthor Jr. Son fils. Et bim. Les types savaient que les fanboys allaient faire leurs rageux, et ils ont décidé de faire une esquive... dommage pour eux, ça n'a pas marché, et les gens enragent. Lex Luthor Jr. est la meilleure partie du film, point final. Il est totalement barré, ses répliques sont démentielles, et son sous-texte fera bien plaisir aux fans qui savent chercher les informations.

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Les scènes d'actions sont gigantesques, malgré leur côté brouillon. L'esthétisme du film prend le parti de nous faire un roman graphique animé, comme pour Watchmen et 300 au final, et un peu Le Royaume de Ga'Hoole, ce qui permet au fond d'ancrer plus profondément ce côté "voilà un film sur des statues grecques" mais aussi d'assumer un style. On retiendra certaines fulgurances visuelles qui, contrairement à ce que disent certains, sont presque toujours sublimées par l'émotion qui précède, et ce notamment dans toute la symbolique visuelle qui entoure Superman lors du début du combat contre Doomsday : avec quelques images et en intégrant les thématiques du film, Snyder construit une narration qui s'exprime par le mouvement et la stagnation, plus que par les dialogues. Et ça, cela ne s'appelle pas "être un réalisateur seulement bon pour faire du style", ça s'appelle être un vrai réalisateur de cinéma.

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Pourquoi faire confiance à mon opinion ?
Pourquoi me croire plus qu'un autre ? Parce que je suis fan de Superman, et de Batman ? Non, pas du tout. Le fait de me croire s'appuie une forme de confiance.
Ici j'en reviens à mon point de départ, sur les opinions : même si j'estime être capable de donner mon avis dans une critique, il est évident que je suis moi-même pris au piège de l'opinion. A force de voir des films, je sais ce que j'apprécie, et je sais que je n'apprécie pas. Je sais que je préfère un film qui va tenter de s'exprimer différemment de la norme, même dans un contexte aussi normatif que le film de super-héros. Et vous aussi, vous savez ce que j'apprécie, parce que vous me lisez. Vous savez que j'apprécie toutes formes de cinéma narratif, mais vous savez aussi que j'adore les super-héros. On parle quand même d'un type qui était angoissé de décevoir sa maîtresse en maternelle parce qu'il n'avait dessiné que des Batman durant une année entière à l'école. Et ce n'est pas une hyperbole, c'est un pourcentage exact : 100% de dessins de Batman. 


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Au final, on suit certains ou certaines critiques parce qu'on leur fait confiance. On comprend que ce qu'ils nous offrent est une vision personnelle des choses, avec quelques morceaux d'objectivités en accompagnement.

Alors, je vous demande une chose, et ce n'est pas de me faire confiance à moi spécifiquement. C'est plutôt de réfléchir à qui vous êtes prêts à la donner, et pourquoi le faire. Parce que les opinions ne sont pas innocentes, parce qu'elles ne sont que l'illusion d'une objectivité qui n'a rien faire dans un domaine artistique, ne les prenez pas à la légère.

Et à votre tour, formez-vous votre propre opinion. Comprenez-là, acceptez-là, et essayez de comprendre celle des autres également. Parce qu'un critique doit être bienveillant. Si le critique est tout puissant, il ne peut pas être bienveillant. Si le critique est bienveillant, il ne peut pas être tout puissant.


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Ainsi, de l'opinion en tant que préjugé, on en parviendra à son deuxième sens, celui de Superman : l'espérance.

lundi 21 mars 2016

Midnight Special / 10, Cloverfield Lane : Cinéma d'extraterrestres, cinéma extra.


Midnight Special, de Jeff Nichols : un père enlève à une secte son fils, prophète involontaire aux pouvoirs mystérieux, pour le ramener là où est sa place... avec des extraterrestres?


10, Cloverfield Lane, de Dan Trachtenberg: suite à un accident de voiture, une jeune fille se réveille prisonnière d'un bunker anti-apocalypse. Son "sauveur" lui apprend que l'apocalypse a eu lieu, et que les extraterrestres ont exterminé toute l'humanité à la surface. Est-ce vrai ou bien est-il fou ?

Cette semaine, deux excellents films indépendants de "science-fiction" sont sortis au cinéma. Les deux ont de petit budget, et représentent deux formes de cinéma bien distinctes, mais qui sont tout autant appréciables. Voyons donc ce qui vous plaira le plus !

Midnight Special et Jeff Nichols. Le cinéma d'auteur : ambiance, émotion et images cinématographiques



Midnight Special a donc un scénario sympa, et prenant, on a le gouvernement et Adam Driver le scientifique au grand coeur qui poursuit les héros, on a une secte flippante qui vit coupée du monde, et tout plein de trucs cool... Mais ça n'est pas du tout le centre du film. Non, ici Jeff Nichols est bien plus dans un délire à la Damon Lindelof : on nous projette dans une histoire in medias res et jamais les personnages ne vont s'arrêter pour nous expliquer le tout. Le spectateur grappille ce qu'il peut ici et là, et au final l'essentiel est là. Et il y a des incohérences si l'on s'attarde dessus... mais mieux vaut ne pas, puisque là n'est clairement pas le but.

Plus que toute autre chose, on a affaire à du cinéma d'auteur. Et du coup je vais un peu cracher sur la promotion du film qui compare le film à du Spielberg... Mouais. Ok. Y a un enfant, des histoires d'alien, une Amérique rurale et des flash de lumière, certes. Mais Spielberg les gars, c'est un cinéma de l'innocence juvénile, de la naïveté (au sens mélioratif), c'est sentimental et léger. Ici les cocos on est chez Jeff Nichols, et le mec est plutôt pas trop dans ce délire. Ici, on ne rigole pas, on n'est pas trop émerveillé. En revanche, certes, on ressent. Et on ressent ENORMEMENT. Jeff Nichols a des obsessions : la relation père-enfant, la perte de l'innocence, la folie, la violence. Et plus que tout, il aime confronter ses personnages plus qu'humains à des situations qui les dépassent totalement.



Et l'humain ici, c'est Joel Edgerton, qui joue là son meilleur rôle. Non, vraiment, son meilleur rôle. Et puis d'abord, qui parmi vous en a quelque chose à foutre de la filmo de Joel Edgerton ? Parce que moi j'en avais rien à cirer des pompes de clown jusqu'à voir Midnight Special, mais là il m'a subjugué. Et pourquoi ? Parce qu'il est notre point de repère dans le film, notre point de vue sur cette famille déchirée - Michael Shannon, Kirsten Dunst et le petit - par une secte et par des événements surnaturels, et c'est à ses côtés que nous passons du doute à l'émerveillement. Et ce surtout lors de la séquence finale, qui restera dans les mémoires. Enfin, les miens. Les miennes ? Passons. Toujours est-il que Joel est notre porte d'entrée, et dans l’entrebâillement, on aperçoit une famille qui voudrait être, mais qui ne pourra jamais s'accomplir. Et cela, on le voit deux fois de manière très claire, et très puissante : la première, c'est une scène du petit qui joue au Lego sur le tapis. Ses parents sont assis dans deux fauteuils, et se tiennent la main. Ils le regardent. Joel Edgerton, lui, les regarde... tout en rechargeant un fusil. La deuxième, c'est une embrassade familiale qu'observe Joel... l'enfant porte un gilet pare-balles, resserré avec du gaffer pour s'adapter à sa taille.

Une sacré bombe ce film.


10 Cloverfield Lane : De la balle explosive de sa mère la mante religieuse de l'espace.



En fait, j'ai décidé de ne pas vous parler de ce film. J'aurais beaucoup à dire mais je vais être bref : là où Midnight Special a une histoire qui sert un besoin de raconter des émotions et des obsessions cinématographiques, 10 Cloverfield Lane a une mise en scène super méga efficace qui est en permanence au service de son ambiance.



C'est le premier film de Dan Trachtenberg, et c'est une sacré prouesse. Sous la direction de grand gourou mauvais robot JJ Abrams, le bonhomme a réussi à créer une ambiance oppressante de film d'horreur psychologique ultra angoissant. C'est simple, je pense que c'est tout simplement la meilleure performance de John Goodman depuis The Big Lebowski et Barton Fink. Oui je pèse mes mots, et ils ont beau être aussi lourds que John Goodman lui-même, je ne reviendrai pas dessus. Il est TERRIFIANT putain. La mise en scène d'une petite scène de repas le sert bien notamment, et à partir de ce moment du film, impossible de ne pas paniquer à la moindre de ses actions, même quand il baisse sa garde et montre des côtés plus humains. Face à lui, John Gallager Jr. est très bon, et surtout Mary Elizabeth Winstead, aka Ramona Flowers, aka Mrs Lincoln chasseuse de vampires, est l'héroïne la plus cool de 2016 so far. Bon, je suis à peu près certain que Wonder Woman va la défoncer dans deux jours, mais on s'en fout. Elle est incroyable.



Et puis... et puis je ne veux pas trop vous parler de la fin du film. Mais bon, les quinze dernières minutes du film ont été pour moi totalement jubilatoires. Un des meilleurs moments que j'ai passé au cinéma de toute ma vie, et peut-être que je vous le survends, mais je m'en bats les batteries, parce que ce film défonce tout.