samedi 12 juillet 2014

Les meilleurs films de Hugh Jackman

Mais qu'est-ce que c'est que cette tournure de phrase ? Pourrait-on attribuer le succès d'une oeuvre filmique à l'un de ses acteurs, comme ça, rien qu'en claquant des doigts ?

La réponse est, bien sûr, non. Pour autant, cela ne nous empêche pas de considérer des acteurs pour les rôles surprenants, hors normes ou encore effarants qu'ils peuvent interpréter. Alain Resnais et Sydney Lumet le disent eux même : ce sont les actrices et les acteurs qui avant tout les attiraient au cinéma. Penchons-nous alors sur un acteur à travers quelques films qui méritent un ou deux visionnages, voire plus si affinités.

Hugh Jackman

Homme de spectacle, comme le prouvent ses nombreuses apparitions en tant que maître de cérémonie aux Tony ou aux Oscars, et sa carrière qui a débuté sur les planches de West End, dans une interprétation d'Oklahoma!, Hugh Jackman a vu sa carrière se lancer grâce aux films de X-Men dans lesquels il interprète Wolverine, mutant aussi reconnaissable par ses griffes en adamantium que par ses rouflaquettes.

Et puisque qu'un directeur de casting a été assez fou pour imaginer qu'un chanteur et danseur australien puisse interpréter le super-héros le plus viril de la planète, Hugh Jackman n'a pas dû avoir beaucoup de mal à en convaincre d'autres de sa versatilité. Voici donc une liste purement personnelle et très réduite des cinq meilleurs rôles - et meilleurs films - de Hugh Jackman.

5. Scoop, Woody Allen



Dans ce film, un des plus étranges que Woody Allen a réalisé ses dernières années - il s'ouvre par une scène sur un bateau sur le fleuve des Enfers -, Hugh Jackman a le rôle du mauvais, du fourbe, du manipulateur et de l'opportun. La majeure partie de l'histoire joue sur les mensonges permanents qui font la conversation et le rapprochement de Peter Lyman, artistocrate ambitieux, et Sondra Pronsky (Scarlett Johansson), journaliste quelque peu maladroite. La seconde tente de démasquer le premier, soupçonné d'être un tueur en série avide de prostituées.

Jackman est délicieux dans ce monde faux-semblants et joue avec les masques et les attentes de ce milieu de la haute - à la fois intellectuelle et sociale - dont Woody Allen se moque sans cesse avec cruauté et déraison.

4. Les Misérables, Tom Hooper



Ce rôle, c'est un peu un retour aux sources, au jeu le plus émotif et le plus direct - et donc souvent critiqué et mal aimé et ce tout particulièrement en France -, celui de la comédie musicale. Interpréter le grand Victor Hugo et travestir son texte par la musique et l'anglais, c'est un crime pour certains, mais un peu d'ouverture d'esprit et le fait est là : Hugh Jackman est un parfait Jean Valjean. Il joue la force du personnage dans la carrure, ses faiblesses dans sa fuite permanente et ses peurs, et il transmet par la voix cette dimension spirituelle qui fait la beauté édifiante de nombreuses œuvres du dix-neuvième.

Ce qui frappe avant tout, c'est l'absence de distance entre les personnages - et donc celui de Jean Valjean - et le spectateur ; gigantesques sur un écran de cinéma, ils sont alors infiniment plus humains, car toutes les aspérités de leurs êtres sont visibles.

3. The Prestige, Christopher Nolan



Sans doute un des films les plus méconnus de Christopher Nolan avec ses premiers essais (c'est-à-dire un film largement vu malgré tout), The Prestige met en scène une rivalité entre "deux" hommes et a l'intelligence de mener son spectateur en bateau ; c'est une oeuvre qui, tout comme The Sting (L'Arnaque en français), est structurée autour de son propos même : la duperie, le mensonge et l'illusion.

Le personnage de Hugh Jackman a tout du héros macabre d'une tragédie shakespearienne : obsédé par une vengeance qui se mêle à un complexe d'infériorité sans ne plus savoir les dissocier, il est prêt à tout sacrifier pour percer le secret d'un tour de magie. On voit alors l'acteur jouer avec son image d'homme de spectacle, habitué des cérémonies et des projecteurs, mais avec une noirceur époustouflante. A voir, et à revoir.

2. Prisoners, Denis Villeneuve



Sans aucun doute le film le plus noir de sa carrière à ce jour, c'est une histoire affreuse à la mise en scène glaçante, et ce dès la première image du film, où l'on voit un cerf être abattu en forêt, et s'effondrer dans une neige sans reflets, sans espoir et sans providence. Hugh Jackman interprète un père de famille dont la fille disparaît le soir de Thanksgiving. La suite pourrait être une lente et incessante descente aux Enfers si toute idée de spiritualité n'était pas anéantie par le langage du film ; c'est un tableau d'une Amérique dépouillée et désespérée qui ne trouve aucune autre solution que la violence pour s'en sortir.

Le personnage de Hugh Jackman est celui dont la chute est la plus frappante, tout simplement parce qu'elle est la plus présente à l'écran. D'abord victime, il endosse très vite le rôle de bourreau et force le spectateur à remettre en cause son attachement au personnage. Un film résolument humain, certes très sombre et parfois insoutenable dans sa dureté psychologique, mais humain malgré tout.

1. The Fountain, Darren Aronofsky



Avant que Noah soit le vilain petit canard dans la filmographie de Darren Aronosky, The Fountain tenait ce rôle à merveille : mal aimé, mal compris et rejeté, le simple fait de proclamer son amour pour le film peut faire passer pour un hipster/réactionnaire qui veut paraître plus intelligent qu'il ne l'est. Il n'y a pourtant rien du paraître dans ce film, qui est résolument concret ; c'est-à-dire que les images, aussi farfelues et inhabituelles qu'elles soient dans leur esthétique et leur enchaînement, ne font que parler de thèmes universels. L'amour, et la mort.
Le personnage de Hugh Jackman aime une femme. Cette femme l'aime. Cette femme est confrontée à la mort. Une particularité cependant : trois époques y sont représentées et entremêlées, pour raconter une seule et même histoire, celle d'un amour perdu, et d'un espoir de vivre. Ce que montrent les quatre films qui précédent dans cette liste, c'est que Hugh Jackman sait transmettre les émotions les plus simples - et donc par essence, les plus fortes -, et il met ici sa technique au service d'un film atypique mais résolument humain.