samedi 27 juin 2015

Mustang : Bonnes à marier

Il était une fois cinq beautés en prison,
Prisonnières d'une culture, d'une maison.
L'oncle vil, ses barreaux ; symboles d'une oppression
désarmante, désolante. Vile religion !



Virgin Suicides, mais en Turquie ? Réducteur,
Et pourtant vrai, tout deux font l'ode de la Candeur.
L'esthétique peut être hasardeuse parfois
mais dis-moi pourquoi pinailler face à la joie ?



Mustang parle de la vie, parle de malheur,
Mais ce sont les gloires de ces enfants, leurs bonheurs,
Qui peignent tristement le cadre en couleur;
Mustang ! Mélancolie figée, pleine de cœur.

vendredi 26 juin 2015

La Bataille de la Montagne du Tigre : Mais qu'est-ce que t'as fumé mec ?

C'est assez drôle de voir un film complètement perché sans y être préparé par des informations préalables. Des bastons totalement insensées avec des explosions outrancières en ralenti avec utilisation ludique à la limite du mauvais goût de la 3D, ça, c'est la partie que l'on attend d'un film spectaculaire de Tsui Hark en 2015. Ce qui surprend plus, quand on ne sait pas que le réalisateur hong kongais fait désormais des fresques idéologiques plus ou moins contrôlées par le gouvernement chinois, c'est la teneur de l'histoire et son cadre.


Le récit principal, c'est celui de trente braves soldats chinois qui protègent les villageois de la montagne, face à des brigands terribles dirigés par une tronche de faucon qui s'appelle Faucon. On a une femme forte, un gamin qui a soif de vengeance et qui veut retrouver sa mère, asservie par les brigands, et plein d'hommes forts et brillants et courageux et grandioses qui vont faire les choses bien et éclipser ces deux premiers lors de l'acte finale, parce que faut pas déconner, les hommes font la guerre pas les autres. Lol. On a dans ce film du patriotisme, de l'humour, des trahisons, des incohérences scénaristiques assez hilarantes - surtout quand elles sont liées à des messages secrets et du caca dans la neige -, et une séquence finale qui dépasse l'entendement sur laquelle je reviendrai... oh et un tigre ! Ouais, la montagne du tigre. Avec un vrai tigre en CGI.


Mais ce récit est intégrée dans un cadre qui est assez démentiel : le film s'ouvre sur un plan de "New York" en 2015 (oui, le texte indique New York mais euh, c'est clairement pas New York) puis sur une scène extrêmement bizarrement synchronisée au niveau du doublage, dans laquelle un petit Chinois fête son départ pour la Silicon Valley. Une chanson débile au karaoké lui rappelle ses origines et ses ancêtres qui ont vécu la bataille de la Montagne du Tigre, à la suite de quoi petit Chinois s'en va dans son pays d'origine pour retrouver sa grand-mère, et ATTENTION SPOILER les fantômes des soldats qui ont combattu, qui viennent dîner avec lui. Ouais, ça fait très très mal.



Mais moins mal que la séquence finale. Avez-vous vu le poster français du film ? Avec un avion qui survole la montagne ? Ouais, y a pas d'avion dans le film. Enfin, pas avant que le mec de 2015, pendant son dîner avec les fantômes, explique au spectateur (en voix-off, faut pas non plus déconner, y a déjà des ectoplasmes mon vieux) qu'il avait imaginé le climax de l'histoire différemment : plutôt qu'une course poursuite très classique dans la base des méchants, il y aurait vu une baston sur un avion, qui tente de décoller d'un tunnel secret d'au moins 12 km de long creusé dans la montagne. L'avion ne décolle d'ailleurs jamais, il se crache sur une montagne juste en sortant du tunnel. Mais qui est le gros débile qui a construit cette piste ici ? Bref cette séquence n'a aucun sens, elle n'a rien à faire là, c'est insensé, et il y a en réalité une explication du réalisateur pour ceci, mais je trouve ça bien plus drôle de ne pas le connaître, donc motus.

dimanche 21 juin 2015

Spy : Espion Malgré Elle

Je n'aime pas être en froid avec un réalisateur. Paul Feig m'avait extrêmement rebuté avec son Bridesmaids, que j'avais personnellement trouvé faux, laid, hideux, dégueulasse quoi, et je ne voulais pas en rester là. J'ai d'abord réussi à me réconcilier avec le producteur, Judd Apatow, en voyant sa série magistrale Freaks and Geeks, et maintenant, Spy est ma tentative pour transformer l'essai.


Eeeeeet ben le ballon s'est cogné contre le pilier, mais on m'a offert un hot-dog. C'est un peu le sentiment. Je n'aime toujours pas son style, ses blagues pipi caca m'agacent toujours autant, mais le film avait des bons côtés. Ses personnages secondaires notamment, sont extrêmement réussis pour certains, notamment la méchante façon Jackie dans That 70s Show et l'espion extrême joué par Jason Statham. Et c'est une comédie plutôt réussie dans sa manière de jouer avec les codes du film d'espionnage, son souci majeur est simplement qu'elle sort la même année que Kingsman.


Le film est actuel dans le sens où, comme dans Bridesmaids et bientôt Ghostbusters, Paul Feig met des personnages féminins dans le feu de l'action sous les projecteurs... mais je ne sais pas, quelque chose ne fonctionne pas. Pour une raison qui m'échappe, je trouve toujours quelque chose qui cloche, comme si c'était fait sans conviction, ce que je ne peux vraiment dire que je ne connais pas le bonhomme ni ses intentions. Tout ce que je peux dire c'est que ça ne fonctionne pas vraiment pour moi, et que clairement, le Ghosbusters version fille ne me dit donc rien qui vaille. Pas pour le concept, mais simplement parce que Paul Feig ne m'a toujours pas convaincu.

mardi 16 juin 2015

Vice-Versa (Inside Out) : Mélancolie Glorieuse

C'est vraiment, vraiment des crevards chez Pixar. Franchement, c'est pas permis de pondre un truc pareil, quand on a déjà eu l'idée de Toy Story, de Monstres et Compagnie, de Là-Haut... Et c'est peut-être ici la plus riche, la mieux exploitée de l'histoire du studio. Je n'ai pas dit la plus originale, car ils ne sont pas les premiers à avoir eu l'idée d'imaginer le petit monde des humeurs qui font nos émotions ; des gens aussi différents que Woody Allen et François Pérusse en ont déjà parlé avant. Mais qu'importe, les autres on s'en fout, maintenant on parle de la lampe au déhanché sexy ! Enfin, moi je trouve que son déhanché est sacrément mignon, pas vous ?



En fait, ce n'est pas la peine de lire cet article si vous n'avez pas vu le nouveau Pixar. Juste, allez le voir, faites-moi confiance, et ensuite revenez et on en parle. Parce que je vais en parler, dire deux trois mots, mais en me concentrant sur la substance, plus qu'à l'accoutumée. Parce que beaucoup ont déjà parlé de la technique, des différences entre le monde extérieur et le monde intérieur, de la difficulté d'animer un personnage qui scintille... je n'ai pas envie de parler du fait qu'Amy Poehler était le plus beau choix de casting que j'ai jamais vu à ce jour dans un dessin animé, ni de la sublime musique, je ne veux pas parler de l'évolution du dessin... je veux parler des idées, et des détails, pas vous dire texto que c'est une merveille absolu. Je vais juste le dire maintenant comme ça ce sera fait : je n'ai jamais autant pleuré au cinéma (mais je n'ai vu Là-Haut qu'en DVD, donc, tout de même), et je pense que c'est le film le plus profond, le plus riche, le plus sincère et le plus puissant de l'histoire du studio. Et je dirai bien que je pèse mes mots, mais j'ai déjà fait cette blague dans un article précédent et de toute façon je n'aime pas peser mes mots, je préfère les emporter avec moi et rester coincé dans un ascenseur, on se racontera des histoires. Ok, Vice-Versa, Inside Out, c'est parti ! Quelques petites palabres à peine, sans ordre aucun, et je vous laisse.



L'idée de ce petit monde qui régit nos pensée est déjà bien formidable, mais son utilisation est grandiose. Quand la petite Riley naît, la première émotion à exister c'est la Joie. Déjà, ça se pose là comme vision du monde. On pourrait penser que d'abord un bébé pleure, mais non, Pete Docter a décidé qu'en premier, l'être humain est heureux et émerveillé.



Les émotions se complexifient avec le temps ; autre idée de génie, et le passage dans la tête de la mère nous permet de comprendre par avance la résolution du film. Bannir la tristesse est une idée calamiteuse, il faut savoir s'en servir comme du reste pour avancer dans la vie, et c'est pour cela que Tristesse dirige le mouvement dans la tête de la mère. Ainsi nos émotions se complexifient avec le temps et l'expérience, pour peu que l'on leur laisse la possibilité de le faire, et ainsi le studio d'animation le plus cool de la planète réalise un film sur, ni plus ni moins, l'intelligence émotionnelle. Boum.


A-t-on déjà ri aussi fort dans un cinéma après avoir pleuré aussi bruyamment ? Entre Joie qui empile des petit ami imaginaire brun ténébreux du Canada pour se faire un pont, le passage dans la tête d'un chat ou du garçon qui entre en contact soudain avec Riley, Pixar nous connaît, connaît le monde et sait nous montrer avec ce petit décalage animé que la vie est franchement drôle... et bon, évidemment, tout cela vient après le sacrifice de l'ami imaginaire, que j'ai honnêtement vu venir à trois mille lieux, genre tellement loin que je sais pas combien ça fait une lieu mais je sais que trois mille c'est beaucoup, mais que même comme ça j'en pleurais tellement que je ne voyais plus l'écran. Et avec cette idée de l'ami imaginaire, Pixar me vole ici une pièce de théâtre que j'ai à moitié écrit dans un carnet il y a deux ans, mais franchement comment je pourrais être fâché quand c'est aussi bien mené ? Et puis je pourrais aussi parler du coeur du scénario, la disparition de joie et tristesse, qui font que Riley n'arrive plus à ressentir quoi que ce soit. Et qui donne lieu à cette scène où Dégoût tente d'imiter joie, ce qui crée sarcasme... sans déconner Pixar. Sans déconner. C'est pas permis d'être aussi malin.


Quelques références assez jouissives et même drôles en soi dans ce film : la tête du père qui ressemble à un passage de Star Trek, et surtout la référence gigantissime à Chinatown, j'en serai tombé de mon siège si j'étais dans un cinéma vraiment mal foutu avec des sièges pas bien vissés. Sans parler du passage dans les studios des rêves, là encore grand moment de magie couplé d'humour (le chien coupé en deux sans déconner). Pixar a conscience du cinéma, car Pixar est le cinéma, le grand. Celui qui gravit des montagnes et fait du snowboard sur des bobines en nitrate. Je sais même pas ce que je raconte je vous emmerde ce film déchire sa mère putain.



D'ailleurs je me demande ce qu'il se passe, dans le monde de Vice-Versa Inside Out, quand une personne est au cinéma. Et je me sers de cette phrase pour introduire mon dernier point ; c'est que Pixar a de la suite dans les idées. Et par là je ne veux pas dire qu'il faut faire une suite à ce film, ce serait tout de même assez étrange, mais je veux dire qu'il va rester longtemps, parce que tout l'univers présenté ouvre un milliards (au moins) de possibilités, qui nous permettent de tout repenser sous cette angle. Pixar n'a pas peur de laisser le spectateur sortir avec des questions plein la tête, et c'est grâce à cela que nous avons des théories totalement fantasques sur l'univers dépeint par le studio, et c'est tant mieux ! Le train de pensée, les pensées abstraites (séquence d'animation magistrale tiens ça d'ailleurs), le subconscient, la putain de musique de dentifrice qui revient tout le temps... c'est là que je pense que Pete Docter a Vréussi (quoi ? Mais on écrit pas réussi avec un V ?) avec un grand V (aaaah ben ok) puisque ce film, je l'annonce je n'en ai pas peur, on va en parler très, très longtemps.



Je vais vous donner un seul exemple ; dans un monde comme celui de Vice-Versa, qui prend les décisions ? Est-ce que Riley est entièrement déterminée par les actions des êtres pensants qui vivent en son sein, ou bien est-ce elle-même qui par son évolution, guide ses émotions là où elle tente d'aller. Le monde selon Pixar, déterministe ou pas déterministe ? Vous pensez bien que je ne vais pas vous apporter la réponse... la beauté réside toujours dans la question.

Un Français : Allons Errants de la Patrie

Voilà pour moi une occasion de parler d'un film qui mérite d'être vu, et qui s'en prend quand même plein la gueule dans la critique. Bon, j'exagère, mais son accueil à la fois critique et public me dépasse, car c'est une oeuvre de qualité et surtout inattendue dans le paysage actuel. Alors parlons-en ! Tous ensemble, allez venez approcher on s'assoit en tailleur. On peut commencer par un peu de small talk si vous voulez ; vous venez souvent ici ? Moi oui, enfin c'est là que j'écris quoi. Ah, on me signale dans l'oreillette que je dois commencer !


Un Français donc. Son réalisateur, c'est le genre de type qui agace beaucoup : musicien, dramaturge, metteur en scène, réalisateur, romancier et journaliste, qui a le droit d'être aussi doué ? Voilà son deuxième passage derrière la caméra, et un passage compliqué puisque 50 avant-premières ont été annulés, après que le film a été aussi recalé à Cannes... certains disent que c'est à cause de son sujet, mais vu qu'il n'y a aucun moyen de savoir véritablement, oublions. Franchement, moi tout ça jm'en tabasse les poules en pantalon, ce qui m'intéresse c'est le film : l'histoire sur trente ans d'un skinhead d'extrême droite (et pas d'extrême gauche, attention ouais ouais), interprété par fucking Klaus de la série Hero Corp, j'ai nommé Alban Lenoir, qui s'en sort comme un chef.


Bon, je ne vais pas vous mentir, Un Français a de quoi me plaire personnellement, et ce pour deux raisons : il est bourré de plans séquences très immersifs et bien pensés, et il traite de l'évolution d'un personnage sur une longue durée de temps. Qui a crié marotte ? Ah, c'est moi. Le ptit Marc, on ne lâche pas pendant tout ce temps... ou presque. Disons que l'intelligence des séquences fait que l'on se retrouve plongé dans des moments précis, toujours instantanés et très vivants vivaces et terrifiants (le plan séquence du squat punk qui se finit en fusillade putain de sa mère bordel), mais entre chacune les ellipses sont gigantesques. Par exemple, on passe en dix minutes d'un meeting du FN en 1995 à la finale de la coupe du monde de foot de 98, pour enfin arriver à 2003.


 Le film se termine d'ailleurs de nos jours, à la grande belle époque de la Manif pour Tous, retrouvant ainsi l'idée de base du film : montrer comment un homme, au cœur du mouvement skinhead, s'en détache au fur et à mesure (certains critiques ont dit que les ellipses rendent ce détachement incompréhensible ; il fallait ouvrir les yeux pendant les séquences, pas entre celles-ci... dès la première scène on voit bien que le héros n'est pas à l'aise dans le contexte...), mais  aussi montrer comment il continue à voir ses proches évoluer dans cette spirale de haine et de violence. C'est une situation que, toutes proportions gardées, beaucoup d'entre nous peuvent reconnaître et comprendre.


Déjà, le sujet est poignant et inhabituel, et si l'utilisation d'images d'archives déplaira à certains, c'est quand même une grosse claque américaine dans la gueule que de voir la dédramatisation de MEURTRES par le Front National. Qui plus est, on n'est pas dans le film à message ; celui-ci, on peut le décortiquer et l'extraire tout seul, si on en a envie. Si non, on ne peut y voir qu'une histoire, et une histoire franchement triste, celle d'un Français.


Mais ce qui lui donne vraiment de l'intérêt, c'est qu'il est traité intelligemment dans la forme ; j'ai déjà parlé des plans séquences, qui donnent à la violence une atmosphère particulière, particulièrement invivable, mais qui rendent les ellipses particulièrement impressionnantes également. Et puis, au fur et à mesure que la vie du héros change, le style change avec lui, et le montage devient plus classique, moins emballé... c'est logique, c'est intelligent et c'est bien formulé. Les séquences, mises bout à bout, créent un sens unique par une sorte d'effet Koulechov (ouais, je déforme un peu le principe mais l'idée est là), et on voit des parallèles particulièrement savoureux ici et là : une Marseillaise nationaliste, puis une autre. Un couteau de boucher, puis un autre. Enfin, il serait déloyal de ne pas parler de la réussite exceptionnelle - et je pèse mes mots et la balance dit que c'est bon pas besoin de faire de pompes ni de tours de terrain ils sont bien comme il faut stop your stupid fat shaming this is what real words look like - du passage du temps dans Un Français : Alban Lenoir surtout, que l'on voit dans plusieurs états, a su rajeunir et vieillir grâce à la magie du cinéma mais aussi grâce à une sacré préparation, mais bon là personne n'en parle vu que la promotion autour du film n'existe pas. Et il n'est pas le seul, c'est notamment très impressionnant pour une des actrices que l'on retrouve au tout début et à la presque fin... ça en ferait presque froid dans le dos, de voir que le cinéma peut nous mentir si bien.


Un Français est un film unique dans le paysage cinématographique français actuel, et je ne peux que vous recommander d'aller le voir. D'ailleurs je viens de le faire, et je vais le refaire : allez-y s'il vous plait.

lundi 15 juin 2015

Le Monde de Nathan : X+Y

Je n'ai rien à dire sur ce film, qui n'avait pas grand intérêt au final. C'est l'histoire d'un jeune garçon autiste, qui adore les mathématiques et qui tente de s'adapter au monde. C'est globalement de la qualité générale d'un téléfilm, extrêmement cliché surtout dans la dernière demi-heure, voire malhonnête dans sa façon de filmer de manière réaliste un vrai problème pour ensuite tout jeter à la poubelle pendant les trente dernières minutes. Je pense tout de même que le film peut plaire à ceux qui se reconnaîtrons dans l'histoire et le personnage, et je sais qu'il y en a ; et puis sinon, voici ce qu'il faut faire. Allez voir le nouveau Pixar, puis si vous tenez vraiment à voir ce film, allez le voir en pensant au Pixar et imaginez ce qu'il se passe dans la tête de Nathan tout le long du film.


La seule question que je poserai sera celle-ci : pourquoi avoir changé X+Y en "Le Monde de Nathan"  ? Est-ce qu'on a des focus groups en France qui ont décidé que vraiment, les maths on n'aime pas ça et surtout il ne faut pas essayer de montrer aux gens que ça peut être cool ? Ou alors, plus grave, est-ce qu'on s'est dit que c'était trop compliqué à comprendre comme titre, comme quand la suite de Divergent, Insurgent, s'est retrouvée affublée du titre Divergente 2 ? Ce serait sympa qu'on arrête de nous prendre pour des cons... surtout que je vois bien Le Labyrinthe 2 arriver, et l'absence de labyrinthe dans l'histoire du film risque de m'énerver un peu.

jeudi 11 juin 2015

Jurassic World : Metadinosaurus Rex

2015 est une année particulièrement nostalgique pour les fans de cinéma populaire : c'est le retour de Star Wars, de Terminator, de Max Max, et aujourd'hui, de Jurassic Park. Mad Max, on a vu, on est mort, on est retourné le voir encore et encore, et c'est à mes yeux un des plus grands films jamais réalisés. Star Wars, on n'en sait pas des masses mais je vais dire ici ce que je répète à qui veut bien l'entendre : on est à peu près certain que ça sera un bon film. Parce que JJ Abrams, globalement. Et puis il reste Terminator, dont les différentes bande-annonces sont plus inquiétantes qu'autre chose... et c'est pareil pour Jurassic World.


Ce qu'il faut savoir, c'est que cela fait depuis le troisième opus que Spielberg et coe cherchent de quoi en faire un nouveau film, le problème n'étant pas la page blanche pour les scénaristes mais le trop-plein d'idées ; apparemment des dizaines et des dizaines de scripts ont vu le jour et ont été proposé à Amblin et Universal. Il a fallu alors que Spielberg ait l'idée d'un parc dont les gens se seraient lassés (oui, comme quoi, même à lui ça peut lui arriver d'avoir des idées pas franchement excellentes, il faut bien l'avouer), et qu'un autre type (je sais plus qui est à l'origine de celle-ci) pense à un dresseur de vélociraptors, et le projet final était lancé. Cela vous semble bien débile ? On va y revenir, mais dîtes-vous qu'on a failli avoir un film avec des hybrides vélociraptors/humains qui braquent des banques. Je ne déconne pas. Donc... ça aurait pu être bien pire.


Et si je voulais être méchant avec le film, c'est ce que je dirais de lui : Jurassic World, ça aurait pu être bien pire. En vérité, c'est surtout un divertissement très sympa, et je dois avouer que je suis sorti du cinéma rassuré, et même content. Jurassic World nous plonge donc au coeur du parc d'attraction hyper tendance, et ce sous différents points de vue : la femme qui gère le parc, qui détient désormais le trophée de plus grande distance parcourue sur sol inadapté en talons hauts, ses deux neveux envoyés là-bas par leurs parents pendant qu'ils règlent des soucis personnels, un dresseur de vélociraptors et son équipe (dont Omar Sy, qui nous gratifie d'un petit "merde" en français dans le texte, ça fait toujours plaisir), les geeks de la tour de contrôle du parc (avec Nick de New Girl quand même), les scientifiques (welcome back Dr Wu !), et... les "méchants". Je ne vois pas comment les appeler autrement, c'est tellement ridicule. Donc ça en fait du peuple, et vous remarquerez qu'en plus ça ressemble à peu de choses près au setting du premier Jurassic Park. Et bien c'est parce que ce film n'a de cesse de revisiter le film de 1993, à la fois dans le scénario (le parc à succès + dinosaure qui s'échappe + panique + les méchants qui veulent voler des dinosaures + l'adulte qui a du mal avec les enfants + les enfants paumés) mais aussi dans des références plus ou moins subtiles, qui je l'avoue pour certaines m'ont fait jubiler.


Donc, à partir de tout ça, voilà ce qui déclenche tout le bordel : le parc fait moins d'entrées qu'avant, et pour garder le tout intéressant l'équipe du parc crée un nouveau dinosaure. On ajoute dans le tas un type qui veut militariser les dinosaures carnivores tels que les vélociraptors "dressés" de Chris Pratt, et lorsque le nouveau dinosaure se fait la malle, et bien c'est la grosse catastrophe dans le parc ! Ainsi les gentils petits touristes se retrouvent à se cacher derrière des piles de jouets de ptérodactyles pour échapper à des vrais ptérodactyles... ouais le film est extrêmement méta en fait, il joue beaucoup sur sa nature de film et de suite. Certains des dialogues du film sont CLAIREMENT des messages adressés au spectateur pour lui demander d'accepter cette suite et également de ne pas oublier de respecter et d'admirer le film d'origine... on appréciera tout de même un moment où le Dr Wu explique entre les lignes le pourquoi du comment les dinosaures de leur parc n'ont pas de plumes, ça c'était franchement amusant.


L'un des intérêts de la structure narrative d'un film de cette saga, c'est qu'il peut aisément échapper aux codes des films de super-héros qui envahissent près de tous les blockbusters actuellement (codes qui sont en réalité ceux des films pour enfants, et qui ont été emprunté par les blockbusters par la suite, je me demande pourquoi personne ne parle de ce détail), et ainsi profiter d'une bonne heure d'exposition et de découverte du parc, avant que tout se chamboule et que les personnages, tout sous différents fronts, se retrouvent finalement rassemblés. Ou morts ! Parce que justement, cette saga fonctionne plus comme un film d'horreur au final et se rapproche des Aliens et autres Predator, et dans le paysage actuel c'est clairement rafraîchissant.


Maintenant, il faut dire ce qu'il est, si le film est sympa, il est quand même franchement débile. Le plan des méchants de prendre des dinosaures pour les utiliser dans l'armée est totalement insensé... mais étrangement, quand ils font ça dans Alien, ça ne me choque pas. Peut-être est-ce parce que la capacité à faire croire à un spectateur les choses les plus absurdes est ce talent d'illusionniste qui sépare les Hitchcock, Spielberg, Nolan et autres, des réalisateurs professionnels moins talentueux ? je dis peut-être, mais en fait je ne me le demande pas, j'en suis persuadé. Au delà de ça, la majorité des scènes de parlote sont étrangement dirigées, et si certains acteurs sont franchement bons malgré la rigidité des dialogues, ça reste assez tendu. Qui plus est, la réalisation n'est pas toujours hyper maline, et si on trouve des idées assez chouettes ici et là (le gag de l'oiseau, le T-Rex difficile à apercevoir derrière tous les gens collés à la vitre, comme dans un vrai zoo), on ne peut pas vraiment dire que le montage où le cadrage soit toujours propice aux sensations fortes. La première apparition frontale d'un dinosaure dans le film par exemple, n'est pas vraiment réussie, ce qui me permet de toucher un mot sur les effets visuels : ils sont bons. C'est vrai, ils le sont, et c'est nettement plus beau à voir que les scènes du même type dans le film de 1993.



Mais... c'est jamais aussi vrai que les Animatronics, et ça ne semble pas... vrai. Mais ça, c'est une plainte générale sur l'esthétique des films, et une passion renouvelée sans cesse pour les prothèses et autres bidules que l'on pouvait voir dans les films de Dan O'Bannon et autres... qui plus est, ces effets sont souvent utilisés pour faire du plus grand plus beau plus fort sans forcément beaucoup de jugeote... à cet égard, la scène la mieux réussi du film selon moi est une scène dans la cage des vélociraptors de Chris Pratt, vers le début du film. L'enjeu est grand, et ainsi l'action s'en ressent. Si un hélicoptère s'écrase dans une volière à dinosaures, à un côté d'un gigantesque c'est quoi son nom déjà Rex, mais qu'on s'en claque des personnages dans l'hélico, y a pas, ça fait pas grand chose.


Et pourtant, il y a des moments où Jurassic World utilise à bon escient les technologies modernes, et je mentirai si je disais que je ne m'étais pas mis à pleurer comme un débile lors d'un plan séquence - numérique certes mais ô combien pertinent - qui m'a foutu sur le cul dans son utilisation de l'espace et son rappel des échelles. Mieux que tous les discours meta du film, ce simple plan pas simple du tout a su montrer la substance de ce qui fait l'essence de la saga : nous ne sommes que d'infimes petites choses face à des géants, et nous ne pouvons qu'admirer. Et éviter de se faire bouffer.

jeudi 4 juin 2015

Ex Machina : The Imitation Game 2

Quand Alex Garland décide de réaliser un film, le petit cinéphile accro à la SF est à l'affût. Car ce monsieur, qui a vécu son entrée dans le cinéma lorsque Danny Boyle a adapté son roman The Beach pour le grand écran, a ensuite enchaîné en écrivant les scripts d'un paquet de bons films : dans l'ordre, 28 Days Later, Sunshine, Never Let Me Go, et le remake de Dredd qui a fait un carton dans la vente de DVD (je parlerai bien de son bide au cinoche mais il n'est même pas sorti chez nous... pas assez d'amour pour Karl "Manon Clément" Urban !).


Pour son premier passage derrière la caméra, monsieur Garland décide de s'attaquer à la question de l'intelligence artificielle, et il le dit lui-même, le film est une oeuvre à idées, qui permet de se poser des questions. Donc, l'histoire rapidement : dans un futur proche ou lointain qu'est-ce qu'on s'en branle, un employé de BlueBook est sélectionné pour aller passer une semaine en compagnie du génie à la tête de la compagnie, qui est un genre de Google/Facebook/Apple de ouf malade. Domnhall Gleeson débarque donc dans la maison totalement isolée d'un Oscar Isaac qui confirme encore une fois qu'il est un des grands, grands, GRANDS acteurs de ces dernières années et de celles à venir. Oscar Isaac, idolâtrée comme Steve Jobs et modèle physique exact du hipster type de la clientèle Apple - c'est-à-dire celui qui n'existe pas, le modèle qui cache le vrai -, lui explique le motif de sa venue : conduire le test de Turing sur une intelligence artificielle.


Une, car c'est une femme, bien évidemment. Après la Replicant de Blade Runner, après la Eve de Wall-E, sans parler de ce qui touche à Ghost In The Shell, l'interaction naît d'une forme de sensualité, et donc, le choix est fait, le créateur homme créé la femme - Alicia Vikander qu'on a pu voir dans Anna Karenina il y a peu - et la femme est sensuelle. Et à raison, comme on peut le découvrir durant le film. Là dessus, le scénario est habile car il est riche de nombreuses surprises, plus ou moins attendues, mais également de ruptures de ton allant de la comédie absurde au cinéma d'horreur. Par ailleurs, Ex Machina a l'intelligence de nous laisser des questions plein la tête, notamment sur les motivations des personnages, ce qui est un succès en soi. Franchement, rater la fin d'un film de SF ambitieux dans les idées et réduits dans les moyens (on pense beaucoup au Moon de Duncan Jones, et dans les thématiques également), ça aurait été impardonnable, mais heureusement il n'y a rien à pardonner.

Des questions, car beaucoup d'idées font que cette approche de l'intelligence artificielle est originale par rapport à d'autres, et cela se remarque dans les détails : comment par exemple, est-ce que l'IA reproduit des expressions humaines sur son visage et dans le ton de sa voix ? Tout simplement parce qu'elle est connectée au réseau BlueBook et sait ainsi tout des vidéos, photos, appels de tous les hommes de la planète. Ainsi, elle imite jusqu'à peut-être atteindre une indépendance. Le choix du test de Turing donne une structure aux interrogations qui encadre le jugement de l'intelligence artificielle ; qu'est-ce que l'intelligence ? Est-ce être capable de formuler des pensées ? Est-ce être capable de dessiner ? D'aimer ? De mentir ? Histoire de guider notre réflexion, le titre annonce la couleur dès le départ : dans Ex Machina, il n'y a pas de Dieu, alors qu'est-ce qui sort de la machine ? En bref, y a bon le cinéma SF en ce moment franchement.

Loin de la Foule déchaînée (Far From The Madding Crowd) : Katniss avant l'heure

C'est quand même ce qu'on appelle n'en faire qu'à sa tête ; quand ptit Thomas était attendu au tournant par tout le monde, après Festen, il a fait The Hunt. Et maintenant, histoire de bien montrer qu'il n'en a vraiment rien à carrer des attentes des critiques et de son public, il s'attaque à un des romans des plus classiques de la littérature britannique, Far From The Madding Crowd, de Thomas Hardy. Et Carey Mulligan est merveilleuse et sublime.


C'est l'histoire de Miss Everdene (est-ce que Katniss est une référence à cette femme ? Franchement, honnêtement, oui.), jeune femme bien éduquée mais pauvre, qui se retrouve à la tête d'une ferme - et donc riche - et tout ce que cela implique. Alors que nous suivons sa vie, nous suivons aussi l'histoire de ces nombreux prétendants, qui font des pieds et des mains pour parvenir à la conquérir. Le premier, c'est Matthias "homme parfait" Schoenaerts, paysan autrefois prospère qui perd tous ses moutons suite à un accident débile - et horrible. Les autres, je vous laisse les découvrir. Et Carey Mulligan est merveilleuse et sublime.


Là, je pourrais me la jouer et me dire que j'ai lu le bouquin, mais pas du tout. En revanche je connais un peu son auteur, sa période, et son style, et force est de constater que malgré la tendance moderne à tout vouloir rendre réaliste, la mise en scène n'en a ici que faire. Ce genre d'histoire rocambolesque, avec des hasards heureux et des péripéties improbables existe parce qu'on lui prête un certain style, et le film s'y donne à cœur joie. C'est un film à costumes, et ceux-ci sont sublimes ; les paysages, les acteurs (Et Carey Mulligan est merveilleuse et sublime.), et la musique est extrêmement classique, dans le bon sens du terme.


Et voilà comment le réalisateur danois montre que même en conservant un style ancien, parfois ampoulé mais toujours intéressant car il s'en passe toujours à l'écran, on peut raconter un bouquin vieux de plus de deux siècles tout en faisant ressortir sa modernité ; on parle tout de même d'une femme qui se bat dans un monde d'hommes et qui tente de se faire respecter comme propriétaire et fermière quoi. Sauf qu'en plus des beaux messieurs veulent l'épouser... en gros, Far From The Madding Crowd c'est le nouveau Twilight. Mais genre, avec un personnage central actif voire hyperactif, et surtout, en bien.


Et Carey Mulligan est merveilleuse et sublime.

mercredi 3 juin 2015

Maggie : Un Zombie movie, un Teen Movie et un mélodrame sont dans un bus

Nous vivons quand même à une belle époque. Aujourd'hui, on peut être James Gunn et réaliser un antifilm de super-héros comme Super, on peut être les Frères Coen et balancer un True Grit dans la face du Western classique. Le cinéma de genre a ses beautés, qui relèvent souvent de ses codes, mais lorsqu'il parvient à exister au delà, il peut encore se révéler intéressant.


Maggie est un film de zombie. Arnold Schwarzie, dans un rôle qui aurait plutôt convenu à Tommy Lee Jones mais que Terminator joue à la merveille tout en ajoutant un côté "massif", joue un vieux papa fermier du Kansas qui ne veut pas se séparer de sa fille, Abigail Preslin, son petit rayon de soleil (référence cachée !). Sauf que sa fille a été contaminé par le virus (mordu par un zombie quoi), et elle est vraisemblablement condamné. Lentement, mais indéniablement, Maggie - diminutif de Marguerite - va perdre toute humanité pour ne conserver qu'un instinct animal cannibale. Ce qui perturbe papa Terminator, c'est le moment où la conscience disparaît ; quand est-ce que sa fille meurt ? Et meurt-elle réellement, ou bien reste-t-il une part d'humanité en elle ?


Maggie est un film étouffant, en grande partie à cause de sa mise en scène étouffante, qui ne nous laisse jamais reculer des personnages pour respirer un coup. Cette absence de répit donne un souffle à un film à très petit budget qui pourrait avoir des longueurs mais qui au final tient bien la route, malgré quelques égarements de mise en scène ici et là (le médecin sans déconner, mais c'était quoi ce jeu totalement ampoulé ??). Qui plus est, à aucun moment le film ne te prend pour un con, et franchement ça fait du bien. Pas d'exposition à deux balles, on te laisse faire tes propres conclusions à partir d'un minimum d'informations et c'est tant mieux comme ça ; sur la fugue de Maggie, sur sa relation avec sa belle-mère, sur l'histoire avec son ex petit ami, lui aussi contaminé...

Ce qui est amusant surtout, c'est que le sujet (la maladie) est extrêmement normal, mais il est projeté dans une hyperbole qui est celle du cinéma de genre, et ce sans aucune forme de commentaire, ou de message. Le mélange des deux permet de raconter une histoire comme on ne l'a pas fait auparavant, il n'y a pas d'autres ambitions extra-narratives, le film se suffit à lui-même et c'est tout à fait louable. Maggie est une excellente surprise.

Cannes #4 - L'ombre des Femmes : l'immuabilité des figures humaines

Mon amie Louisa décrit le cinéma de Philippe Garrel, que je connais à peine, comme "honnête". Et c'est vrai, il n'y a pas de demi-mesures, il parle de ce qu'il connaît et sans mentir... tout en parlant des mensonges, et de l'homme qui cherche à se comprendre. Pierre et Manon s'aiment, ils sont pauvres et font des documentaires. Pierre a une amante, Manon est blessée, Manon a un amant. Même sans avoir vu d'autres films du réalisateur, on comprend très vite qu'il est obsédée par ses thématiques, et qu'il tourne autour jusqu'à plus soif. Un auteur quoi !


Je n'ai pas vraiment aimé ce film, mais ce n'est simplement pas pour mon genre. Une pensée tout de même, qu'est-ce que l'ombre des femmes ? Est-ce l'homme, qui comme Pierre est toujours immobile, inactif, un mâle qui se cherche dans les codes genrés de la société d'hier ? Sont-ce les femmes elle-mêmes, dans leurs peurs, leurs désirs inavouées, leurs tensions secrètes ? Je ne sais pas. Au moins le film m'a fait réfléchir ! Il a un côté Rohmer, mais pas trop non plus (Louisa, encore une fois, s'y connait mieux que moi sur le sujet), et il a également cela qu'il fait réfléchir. On pourrait également bâtir une réflexion sur l'usage encore insolite de la narration dans ce film présenté à la Quinzaine. On pourrait.