dimanche 18 janvier 2015

Les Nouveaux Sauvages, Damián Szifron


Plus tôt cette semaine, le nouveau film de Damián Szifron a été nominé aux Oscars pour le meilleur film étranger de l'année 2014, contrairement à, par exemple, le film de la sélection canadienne, le Mommy de Xavier Dolan. D'un côté, un film pop humaniste, courageux, sur l'héroïsme et la beauté de chacun d'entre nous, et de l'autre, une série d'histoires courtes reposant sur le postulat que les hommes et les femmes sont des putains d'enculés.

On aurait pu penser que le film de Xavier Dolan aurait plus de chances de décrocher une nomination que la fresque cynique de l'argentin Szifron, les Oscars symbolisant l'idéalisme américain à son paroxysme, la réussite et le triomphe de la liberté et de l'homme face à l'adversité... mais peut-être la catégorie des films étrangers est à part.


Contrairement à une grande partie des critiques et du public (comme je l'ai bien compris pendant la séance, puisque j'étais le seul à ne pas rire), je n'ai pas du tout aimé Les Nouveaux Sauvages. Exposer la nature bestiale de l'homme, son irrationalité et sa perversion est pourtant un sujet qui peut me séduire, mais ce n'est pas ce qui m'a déçu dans ce film, c'est dans son manque d'expressivité.

Les Nouveaux Sauvages est une série d'histoires brèves, allant de 5 à 30 minutes, ayant toute pour thème un certain pétage de plomb aux proportions totalement loufoques. Et au moins trois des histoires sur les six ont tout pour être désopilantes : la première par exemple, montre les passagers d'un avion se rendre compte qu'ils connaissent tous le pilote, et que celui-ci va crasher l'avion pour se venger de ce qu'ils ont pu lui faire subir dans sa vie (ex-copine, prof de musique, ancien psy...).


Et c'est là que le film est démesurément frustrant à mes yeux : là où les idées sont excellentes, le langage cinématographique ne suit pas. Les dialogues et les scènes ne fournissent pas aux acteurs ni à la mise en scène assez de tension pour aller réellement dans le déjanté, la folie totale, tout est présenté avec un académisme aberrant quand on le compare à la noirceur de ce que l'image illustre : des tromperies, des meurtres, des explosions, des caca sur ton pare-brise (oui oui, c'est dans le film)... Et par dessus cela, Szifron a le culot de mettre quelques plans acrobatiques ici et là, en fixant la caméra à une porte ou à une roue de voiture, mais sans que cela n'ait absolument aucun intérêt dramatique !

Une bonne idée ne suffit pas à faire un film ; j'aurais bien vu le script retapé puis redirigé par quelqu'un comme Tarantino, quelqu'un qui comprend bien ce genre de cinéma mais qui utilise avec plus de justesse le rythme de l'image, le montage, et les feux d'artifices grotesques. Là, on ne va jamais assez loin pour éprouver de l'empathie ou aller vers la jubilation de l'excès...


Mais peut-être le film vous aura fait rire, et tant mieux, et tant pis pour moi !  Car c'est bien triste à dire, mais le seul critique à être d'accord avec moi d'après mes lectures est Pierre Murat, et ça, c'est franchement rare.

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