jeudi 9 juillet 2015

Les Profs 2 : La méthode actionnelle des Robin des Bois

Il y a quelques semaines, beaucoup s'offusquaient du fait que Les Profs 2 faisait le meilleur démarrage en salles françaises depuis 2008 (c'était quoi à ce moment-là ? Avatar ? Je sais pas). Pourquoi donc s'offusquer ? Le premier film avait rencontré un succès public gigantesque, et les critiques, mêmes celles qui aiment les films du genre BIS (oh hi movie, fuck you movie) lui avaient craché à la face, ce que je vais tenter d'expliquer ici.


Mais qui a vu les Profs ? Et qui a vu les Profs 2 ? Moi. Et j'ai trouvé les deux films extrêmement amusants, et je n'ai pas honte de le dire. La preuve, je le dis sur un blog très sérieux et je n'ai pas peur de me décrédibiliser aux yeux de tous en disant cela. Les Profs sont deux films drôles et divertissants et qui ne rentrent pas dans le carcan des comédies françaises beauf de TF1 et compagnie. Pourtant, c'est bien eux qui produisent les deux films, donc comment se fait-ce ? Et bien parce que le scénariste et réalisateur, c'est Pierre-François Martin Laval. Voilà pourquoi j'ai vu ces films, parce qu'un génie de la troupe des Robin des Bois, qui joue également le prof d'histoire obsédé par Napoléon, se cache derrière ces films. Et ça, mesdames messieurs et le petit labrador qui court là-bas hé oh mais me vole pas mon goûter sale petit poilu de mes deux, ça change tout.


Le deuxième film des Profs envoie toute l'équipe de bras cassés dans le meilleur lycée anglais, pour réussir à remettre la petite fille cachée de la Reine sur le droit chemin. Là je saute les étapes mais quand même il faut que je parle du fait qu'à un moment des élèves courent avec des balais à la main dans le jardin de l'école, et qu'un des personnages principaux du film est Drago Malloy - pardon Malfoy. Non mais sans déconner, un petit blond qui fait des blagues nulles et a deux boloss qui le suivent partout, et qui n'a de cesse de dire "ha quand mon papa apprendra ça ce prof sera renvoyé !", c'est juste Drago Malfoy, et ça c'est merveilleux. Mais revenons à nos moutons. Enfin, à nos profs quoi, t'emballe pas Alfred Jarry. Donc, comme le premier, le film est à deux vitesses ; on a d'une part les gags lourds et chiants qui font très production TF1 bien sexiste comme il faut (la petite amoureuse de Boulard, qui est une gag parce qu'elle est laide, la prof de français sexy qui rend fous les petits anglais puceaux, le prof de maths qui symbolise les profs selon la droite réac...), qui heureusement ne sont pas majoritaires, et à côté on a l'Eden comique, l'humour absurde.


Humour absurde qui fonctionne encore mieux dans cette suite et ce pour trois raisons.
1. Elle va encore plus loin. Un élève congelé par de l'azote liquide qui perd un bras, une histoire de kidnapping de chat, une guerre à la craie... le film n'a aucune limite et c'est franchement tordant.
2. L'humour absurde est bien plus anglais que français, et le cadre lui donne donc une légitimité nouvelle, et qui peut expliquer en partie son accueil critique tiède voire froid sa mère en France.
3. Puisque le film est plus centré sur Boulard et la petite fille de la reine que sur les profs, il devient un peu teen movie, qui comme nous l'avons vu dans une chronique passée, est le terrain idéal pour un mélange des genres et une stylisation extrême. Parce que dans la vie d'un ado, tout est extrême ! Ouais.

Enfin, je n'oublie pas que moi-même, à mes heures perdues, j'enseigne un petit peu pour l'Education Nationale, et force est de constater que la "méthode française" qui sert de résolution dans l'histoire pour intéresser les décrocheurs à l'école, c'est ni plus ni moins la méthode actionnelle. Elle repose sur la mise en situation permanente, les jeux de rôles et le ludisme pour des raisons d'efficacité et de tentative pour capter l'attention des moins emballés. Bon, ça fonctionne mieux dans le film qu'en vrai, mais ça c'est pas trop surprenant, c'est un film, mais tout de même cela reste intéressant à remarquer.


Je comprends que l'on ne puisse pas aimer ces films, mais je ne supporte pas qu'on les attaque sans considérer au moins leur originalité. Le film mérite-t-il de faire le meilleur départ au ciné depuis 2008 ? Bien sûr que non mais je ne m'attends pas non plus à ce que Taxi Téhéran fasse péter le box office, faut pas se leurrer...

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