dimanche 30 août 2015

Fant4stic : Non, ce n'est pas le pire film de super-héros de l'histoire de l'humanité vivante

Ouais, commençons par là. Tous ceux qui hurlent haut et fort que le reboot des Quatre Fantastiques "réalisé" par Josh Trank (oui, j'ai mis des guillemets, oui il y a une raison, oui je vais l'expliquer, patiente petit lecteur tiens prends ce magazine pour t'occuper) est le pire film de super-héros de l'histoire, tous ces gens-là, ont la mémoire plus courte que la bite de ta mère. Si jamais vous vous demandez, j'ai longtemps hésité à garder la phrase précédente, parce que même moi je trouve ça un peu abusé. Bref : Catwoman, Elektra, Howard The Duck, Superman IV: The Quest For Peace, Batman and Robin, Blade 3, X-Men The Last Stand, Ghost Rider 2, Underdog, Hancock, Kick Ass 2, Wolverine, et même Iron Man 2 (oui, je m'attaque au MCU, je suis sans peur et sans reproches) sont TOUS plus mauvais, chiants, décevants, que le reboot des Quatre Fantastiques. Et je devrais rajouter à la liste les deux films précédents des Quatre Fantastiques, qui sont absolument abominables, et mentionner par ailleurs le fait qu'un film intitulé Zorro The Gay Blade est sorti en 1981, dans lequel Don Diego de la Vega a un frère homosexuel. Cela ne sert à rien, mais c'est bien de le savoir. Tout comme il y a un film de Air Bud où cinq chiens deviennent des super-héros et défendent la planète Inspiron. Bon à savoir.


Donc, Fant4stic n'est pas mauvais. Pendant une heure, il est même très sympa. Mais, histoire de prouver à nouveau que nous avons la mémoire courte, les trente dernières minutes ahurissantes de connerie nous le font oublier comme par magie. Pas comme d'ailleurs, oser finir un film comme ça, après un début comme le sien, ça relève de la magie noire, celle qu'on utilise pour se faire s'effondrer des civilisations entières. Non, je ne crois pas à la magie, c'est pour l'image. N'essaie pas de me décrédibiliser, ça sert à rien, je suis déjà un nobody qui écrit un blog sur le cinéma, je ne peux pas être moins crédible ! Mais donc, pourquoi cet échec monumental ?


Je ne peux pas parler de ce film sans lui donner son contexte, à partir de ce que l'on sait. Fox a engagé Josh Trank, qui avait un seul film à son actif, et quel film nom d'une pipe de Gandalf mes amis. Chronicle, une plongée délicieuse dans ce qui fait qu'un homme devient un super-vilain. Ce film de super-héros à petit budget lui a donc permis d'être recruté, et au vu de ses intérêts, on pouvait s'attendre à ce que son approche des Quatre Fantastiques soit inhabituelle. Loin du côté rétro flashy des comics, Trank avait pour intention de se pencher sur des bêtes de foire et leurs traumatismes, des rebus de la société. Pas super original, mais sympa. Il faut admettre que c'est pourtant un contre-sens total, qui montre bien le problème du projet : Trank est à l'opposé de ce que les Quatre Fantastiques sont, c'est évident, alors pourquoi l'avoir engagé lui ?



La suite est déplorable : une semaine avant le début de tournage, Trank se voit forcé de retirer deux scènes majeures de son film. Pris par la panique et la colère, il commence à perdre la boule et se comporter n'importe comment. Il se prend la tête sur le tournage avec les acteurs, traite Kate Mara comme de la merde, manque de se fritter avec Miles Teller, devient incapable de prendre des décisions artistiques pour un film qu'on vient de lui saborder d'entrée. Les dirigeants de la Fox, qui ne comprennent pas pourquoi leur réalisateur perd pied, lui mettent tous sur le dos, racontent ses échecs à Disney qui le vire de son projet sur un film de Star Wars. Puis, ils le dégagent de son propre tournage et ne lui permettent pas d'avoir accès à la salle de montage. Quand le film est sorti, les acteurs ne l'avaient pas encore vu. Voilà voilà... le résultat, c'est qu'une petite heure de film est assez bien structurée et plaisante, et puis un saut dans le temps nous offre un film complètement différent, qui tente de ré-intégrer des éléments qui "plairont" aux fans, comme des répliques cultes, de l'action, et la fameuse scène de "la team trouve son nom". Quand le film sort, Josh Trank laisse entendre dans un tweet (et par "laisse entendre" je veux dire "exprime avec la subtilité d'un éléphant qui fait du break dance") qu'il n'a rien à voir avec ce qu'il voulait faire, signant ainsi, très probablement, son arrêt de mort à Hollywood.



Et pourquoi ? Pourquoi signe-t-il son arrêt de mort au final ? Parce qu'il fut un temps où les studios prenaient des risques, où le grand spectacle appelait une certaine folie créatrice au milieu de laquelle certains ont su se faire une marque et créer ce monde de divertissement dont ont besoin les producteurs et exécutifs pour subsister. Mais ce temps n'est plus, et c'est bien clair. Edgar Wright et Joss Whedon qui s'éloignent de Marvel, ainsi qu'Ava Duvernay, puis Disney qui engage Colin Trevorrow pour clore la nouvelle trilogie de Star Wars, James Wan pour Star Trek... la place n'est plus aux grands réalisateurs dans le monde du blockbuster, alors que ce sont eux qui l'ont inventé. Seulement, comme l'ont prouvé les chiffres de Jurassic World - pour ceux qui ne sont pas au courant, plus gros démarrage de l'histoire et 3e plus gros succès au box office de l'histoire du cinéma - qui franchement, a beau être sympa est quand même bien débile et pas mémorable, les studios n'ont pas l'air d'avoir besoin de grands films ou de grands auteurs. Ils s'en sortent très bien sans eux, et ça n'est pas triste, c'est terrifiant.

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