jeudi 1 octobre 2015

Everest, Le Prodige : cette critique s'inspire de faits réels

Voilà deux films qui ont comme ambition de nous raconter de véritables événements en passant par la fiction ; c'est courant, c'est vrai, rarement réussi, parfois génial et fascinant, et cette fois-ci extrêmement frustrant. Car tous deux, au delà de nous raconter quelque chose à peu près dont la manière dont cela s'est passé, n'ont pas grand chose à offrir.


Everest raconte comment, en bravant la mort de façon stupide, tout un tas de gens ont trouvés la mort de façon stupide. Le film s'inspire du premier événement catastrophique depuis la popularisation de l'ascension du mont le plus haut de la planète (du moins dans les terres émergées messieurs dames du jury), qui a eu lieu en 1996. En gros, il y a trop de touristes qui viennent tenter la grimpette, et les groupes se foutent dans la merde et boum, y a plein de morts. Le problème majeur du film, c'est qu'il raconte uniquement l'anecdote en lui ajoutant des fioritures à droite à gauche ; c'est-à-dire en nous forçant à nous attacher aux personnages et à être triste quand ils souffrent. Là, et je ne peux que parler pour moi, on est face à un souci majeur : le film passe son temps à expliquer que l'homme n'est pas fait pour aller aussi haut, que les poumons se noient, qu'on crache du sang, qu'on devient aveugle... donc clairement, tous ceux qui tentent cela et qui en plus ne sont pas alpinistes, bah je les trouve stupide ! Le film annonce "faut pas faire ça" au début, et la conclusion est donc "fallait pas faire ça".



Frustrant donc, parce qu'une telle histoire a beaucoup de potentiel. Déjà, dans le rapport de l'homme à sa mortalité ; on aurait pu avoir des personnages qui se voient confrontés à l'absurdité de leur entreprise, tout en la sublimant avec un putain d'existentialisme bien sympa, à la Herzog quoi. Mais pour ça, il aurait fallu s'émanciper du piège de l'"histoire vraie" et oser inventer une fiction qui parle du réel sans bêtement en reprendre des faits. Par exemple, Spielberg n'a pas besoin de faits dans Saving Private Ryan, uniquement de vérité. Dans Everest, le réalisateur recréé des photos à l'identique, mais l'authenticité ne fait le moine. Et si on veut rester sur les faits, et bien autant s'en servir pour dire quelque chose ! Par exemple, commenter sur le fait que l'Everest est devenu surpeuplé, et ce en mettant ces morts de 1996 en perspective : il y a quelques années encore, plein de gens sont morts ! Et encore plus drôle, des organisateurs des montées sur la montagne ont voulu interdire l'escalade à certaines personnes, ce qui leur a été interdit par des associations sur les droits de l'homme. Et par certaines personnes, j'entends des handicapés moteurs, et des aveugles. Sérieusement, c'est tellement débile que ça mérite d'en parler dans le film, et de servir une ironie aussi mordante que le vent des sommets du Népal ! Mais non. Donc, tant pis.



Le Prodige aussi s'enferme dans le biopic documentariste sans substance, en narrant la vie de Bobby Fischer le champion d'échecs et ses affrontements successifs face aux Russes de manière totalement linéaire, pour enfin terminer sur plusieurs minutes d'images de documentaires ! Sérieusement les cocos, si vous vouliez faire un documentaire, faîtes un documentaire, parce que là ça n'a plus aucun intérêt. En se libérant de ses contraintes et en utilisant à un meilleur escient (je suis à peu près certain que ça ne se dit pas mais je doute que l'académie française lise ce blog. Si c'est le cas : les mecs j'adore le "mot-dièse") le contexte de la Guerre Froide, on aurait pu voir comment les idéologies d'une des périodes historiques les plus fascinantes de l'histoire ont ruiné la vie de simples personnes qui sont devenus des personnages de deux Histoires officielles s'affrontant sur terre et dans l'espace. Heureusement pour les fans de Guerre Froide comme moi, et les fans d'échecs, il existe déjà une oeuvre sur le sujet : la comédie musicale Chess, composée par les gens d'Abba. Ouais, sérieusement, ça existe, et c'est génial. Check it out people.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire