jeudi 10 décembre 2015

Knights of Cup : Transe Malick

Mais où est passé Terrence Malick ? Bout de chou, qu'est-ce qui t'arrive ? Trois ans après sa date de sortie d'origine, Knight of Cups, conclusion de sa trilogie existentialiste autobiographique vient s'installer sur les écrans ; avec comme toujours un paquet de stars dans ses belles images, et qui jouent comme jamais vous ne les avez vu auparavant. Christian Bale, Natalie Portman, Cate Blanchett, Rooney Mara, Imogen Poots... tous méconnaissables. Parce que Malick.

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A l'époque de Tree of Life, premier volet de la trilogie, on avait pu en lire, des critiques acerbes sur les envolées anti-structurelles et totalement sensorielles des images. Mais ça, c'était parce que le film avait eu la Palme d'or... là, les deux suivants dont Knight of Cups, personne ne les a vu au final. Du coup, personne ne s'en plaint mais il va quand même falloir le dire : oui, c'est beau. Oui, parfois c'est majestueux. Oui, c'est touchant, unique. Mais surtout, surtout Terrence, on ne comprend plus rien. Ha mais on ne pipe pas une jérémiade, on ne pige pas ! Et je vous jure que je fais attention hein... mais les structures éclatées avec des montages où ton perso marche dans une ville puis il est dans le désert puis il drague une fille dans un club puis il s'engueule avec son père sur un toit d'immeuble alors qu'un agent lui propose un script à écrire dans un décor de ville à Hollywood, le tout presque sans dialogue et avec une voix-off qui pose des questions ouvertes, je suis désolé, mais quand c'est mal dosé, je suis perdu.

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Alors on se raccroche aux moments de bravoure, aux points de repères que l'on peut espérer ; on cherche un point d'ancrage périodique. En cherchant, on s'égare beaucoup, presque autant que Christian Bale qui à un moment se retrouve à écouter un type en super costume qui explique qu'il se fait un max de blé et que sa vie c'est un peu Call of Duty en mode easy... ce type soit dit-en passant, c'est Nick Offerman. Ouais, on voit jamais sa tronche ni de près ni de loin, mais on entend sa voix, et je vous jure que c'est lui, j'ai vérifié. Je suis resté au générique rien que pour lui ! Du coup, ça veut dire que Nick Offerman a tourné avec Terrence Malick, qu'il a probablement tourné un paquet de scènes d'anthologie, et que nous ne le verrons jamais. C'est un peu ça aussi la frustration d'un fan de Malick comme moi : savoir que ses oeuvres ne sont que le sommet d'un iceberg. Il submerge volontairement le reste pour correspondre à sa vision mais croyez-moi, il est difficile de toujours croire qu'il ne nous garde que le meilleur...

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Et puis on le trouve, le point d'ancrage. C'est les jambes des femmes. Ouais. Carrément. Le film en est saturé. D'une manière absolument hypnotique, à chaque fois qu'une femme apparaît dans le cadre, l'oeil se dirige vers leurs jambes, de manière systématique, parce que c'est ce que Christian Bale regarde. Mais attention ce ne sont pas que des jambes ; ce sont des jambes avec des talons au bout des pieds, qui dessinent de fil en aiguille une obsession pour la forme charnelle qui se sublime dans certains passages (la femme nue sur le téléphone au balcon, assez bouleversant dans son apparition) ou transforme le grotesque en mignonnerie (oui, Christian Bale lèche les orteils de Natalie Portman, et c'est mignon, rien que ça on peut en parler comme un exploit de mise en scène).

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Et puis bon, à part ça, ben difficile de trouver quelque chose à dire. Si ce n'est... reviens Terry. Reviens vite. Tu as réalisé trois des plus beaux films au monde, dont peut-être le plus beau de l'histoire du cinéma en 1978. Mais maintenant, tu m'inquiètes un peu. Reviens-nous voir vite.

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