dimanche 2 octobre 2016

Les Sept Mercenaires : What The Fuqua

Je n'avais pas envie de parler de ce film, et puis je l'ai vu. Et me voilà. Parce qu'il pose quand même quelques problèmes.



Je n'ai rien du tout contre les remakes de manière générale. D'ailleurs, le film d'origine de 1960 était lui-même un remake d'un film de samouraï de Kurosawa. Seulement voilà... c'est DIFFICILE de refaire un classique. Et certes, le western de Sturges n'est pas des plus populaires aujourd'hui, il est donc facile à remettre au goût du jour... mais pour les cinéphiles adeptes de western, il est quasiment impossible d'effacer le spectre de l'ancien.

Mes problèmes avec le film sont donc indéniablement liés à l'existence du film de 1960, mais vous verrez qu'au fond, ça a du sens.

Un des premiers problèmes est dans la motivation des mercenaires : dans le film de Sturges, la beauté de la chose est qu'ils n'en ont pas vraiment en fait. Ici, c'est presque pareil... sauf que le leader des mercenaires fait ça par vengeance. Dès lors, la voix off de la madame du village à la fin du film de De Fuqua n'a aucun sens : non, ce n'est pas magnifique qu'ils se soient battus pour une cause qui ne les concerne pas, leur chef a voulu tuer ton ennemi parce qu'il a violé et buté sa mère !

Un des autres problèmes est dans la structure du film, qui ne permet pas à l'héroïsme de s'installer forcément de manière aussi organique que dans l'original. Qui plus est, certains des mercenaires n'ont pas vraiment le temps d'exister au delà de quelques caricatures stéréotypées... le mexicain et l'amérindien par exemple, ne sont pas grand chose de plus narrativement qu'un mexicain et un amérindien. Et ça, franchement, c'est super giga dommage. Après, certains acteurs déchirent hein. Ethan Hawke est comme toujours gigantesque et Denzel Washington aussi. Mais bon.

Et enfin, le souci principal avec ce remake à mon goût, c'est qu'il s'est un peu foiré niveau diégèse. Je m'explique : Antoine de Fuqua a fait le choix de donner le rôle principal à Denzel Washington. C'était déjà le gars dans The Equalizer et Training Day, deux autres films assez problématiques à mon sens. Bref, pour une raison qui m'échappe, le perso de Washington n'est pas traité comme afro-américain. Antoine Fuqua, lui-même afro-américain, a forcément fait ce choix consciemment, bien évidemment. Sauf queeeeeee ben ça n'est pas crédible. Si on est honnête, en regardant le film, le héros est clairement traité comme si personne ne voyait sa couleur ; on est à l'opposé du personnage de chasseur de primes de Samuel L. Jackson dans The Hateful Eight. Et ceci ne serait pas du tout un problème s'il était établi dans la diégèse qu'on est dans un monde où les hommes sont égaux. Sauf que là, tout laisse à croire qu'on est dans du réalisme pur et dur, et donc je doute qu'un chasseur de prime noirs quelques années après la Guerre de Secession, ça ne fasse réagir personne, et surtout, les autres personnages non blancs sont eux totalement caractérisés par leurs couleurs/ethnies ! Donc, pas cohérent. Donc problématique. Au moins ça fait réfléchir mais... ça sort bien trop du film quoi.

Donc dommage.


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