mardi 7 avril 2015

Cendrillon : l'authenticité de la tête aux souliers

Ha, Cendrillon. J'y suis allé en traînant les pieds et à reculons, car ni le concept ni la bande-annonce ne m'avait donner la moindre envie de voir cette adaptation live du célèbre conte. Et bien j'avais tort ! Tous les amis qui me l'ont recommandé avaient raison, c'est un beau film !


Un petit mot avant tout sur le court-métrage de Frozen/La Reine des Neiges qui précède le film : très mignon, sympatoche, mais sans enjeux. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que si qu'à chaque fois qu'Elsa éternue, elle créé une créature pensante, ça peut devenir très vite compliqué à gérer comme population... mais ce sont des considérations morales qui n'ont rien à faire dans un Disney. Malheureusement ? Heureusement ?


Déjà, il faut dire que le dessin animé de Cendrillon n'a jamais été mon préféré, ne serait-ce parce que j'ai toujours préféré quand il y avait un réel enjeu à la clé, et non une histoire très "minimaliste" comme celle-ci. Dans Pocahontas, une guerre oppose deux peuples, dans Le Roi Lion tout un royaume est menacé, les morts ne sont pas tragiques mais horribles car intentionnelles, sans parler de Mulan... et pourtant à côté de cela, j'ai tout de même toujours apprécié ceux dont l'histoire me fascinait moi, grâce à leurs qualités artistiques. Le Livre de la Jungle en premier lieu, mais aussi Bambi, la Belle au Bois Dormant et donc Cendrillon, sont des réussites qui font le firmament de ce qu'était Disney (oui, "était", parce que fuck l'animation 3D. Enfin, pas vraiment, mais fuck la disparition de l'animation 2D chez Disney).


Mais Kenneth Brannagh, que certains connaissent comme Gilderoy Lockhart, que beaucoup respectent pour ses adaptations de William Shakespeare (quatre au compteur, dont une merveilleuse adaptation d'Hamlet) et sa superbe retranscription du Frankenstein de Mary Shelley, est là. Et à partir d'un script extrêmement efficace, le réalisateur et acteur britannique offre la touche d'enchantement nécessaire à un film de la sorte. Lily James est superbe en Cendrillon (petit fuck-up des sous-titres : si la voix-off appelle Cendrillon "Ella", c'est parce que c'est le diminutif de Cinderella, mais en français les coco ça ne passe pas du tout...), et elle est surtout plus développée qu'à l'accoutumée. Elle est intelligente et a des valeurs claires, ses relations précoces avec sa mère (Hayley "Agent Carter" Atwell) et son père (Ben Chaplin) sont bien développées. Le prince, Richard "I am the most gorgeous man on the planet step aside bitches" Madden est aussi un réel personnage à part entière, qui reconnaît en Cendrillon des valeurs qu'il partage. Leur histoire d'amour est d'autant plus belle qu'elle est rendue, à l'image, totalement compréhensible et par extension touchante, notamment dans la manière dont les deux aimants se reconnaissent dans leur attachement à leurs pères.


Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, et je ne mentionnerai que rapidement la génialitude du chef de la garde du palais, qui est globalement le BFF du prince Robb Stark Kit Harrington Kit, et la maîtrise sans faute de papa Skarsgård, pour me concentrer sur la belle-mère de Cendrillon. Interprété par Cate Blanchett, elle aussi se retrouve affublée d'une réelle personnalité et de raisons d'agir qui sont montrées à l'écran avec habileté par le montage. Après avoir perdu son premier mari, qu'elle aimait tendrement, il est clair qu'épouser un autre homme pour le devoir, homme qui a aucun moment n'a tenté de lui témoigner de l'affection ou de cesser de parler de sa défunte femme, avait de quoi la rendre amère. Sans parler de le perdre lui aussi...


Enchanteur est le mot qui résumerait le mieux cette adaptation de Cendrillon, et c'est un quasi sans faute (la séquence d'Helena Bonham Carter est un peu construite sur un faux rythme, mais c'est vraiment pour chercher la petite bête), ce qui permet de rappeler à tout le monde encore une fois que Kenneth Brannagh est un putain de metteur en scène et technicien qui maîtrise exactement ses propos et leurs formes. Au final, il est assez amusant de voir que le film est immensément supérieur à Maléfique, qui jouait la carte de l'originalité à tout prix en surfant sur la vague Wicked, et à l'interprétation filmique ratée d'Into The Woods, qui offrait pourtant une version intéressante de Cendrillon et du Prince. Quand on est bon, il n'est pas nécessaire d'aller chercher à être à tout prix original ; parvenir à être authentique et sincère est déjà bien assez difficile.

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