dimanche 19 avril 2015

Still Life (Une Belle Fin) : Ode à la douceur et la générosité

Pasolini a sorti un nouveau film ! Il n'est pas mort assassiné en 1975 ! Du coup le film sorti sur lui en janvier avec Willem Dafoe n'a aucun sens.

Ah non, en fait c'est un autre Pasolini. Rien à voir. Quelle idée il a eu aussi celui-là, de s'appeler Pasolini comme ça. Bref.

Une Belle Fin, ou Still Life en version originale (ce qui veut dire Nature Morte, et là vous comprendrez pourquoi la traduction littérale n'était pas possible, étant donné que les conceptions anglaises et françaises de ce style de peinture sont diamétralement opposés par le sens. L'une est une vie figée, l'autre est putain de morte), est un film indépendant britannique qui a été extrêmement bien reçu lors de nombreux festivals qui a le mérite de raconter une histoire plutôt originale.


Nous découvrons donc la vie de John May, fonctionnaire de son état, qui a pour travail de retrouver les proches des personnes décédés. Car oui, la vie souvent c'est triste, et beaucoup de personnes meurent sans avoir des proches pour s'en apercevoir. C'est alors le travail de John May de trouver les personnes les plus susceptibles de vouloir assister à l'enterrement, et marquer ainsi le respect des morts. Sauf que, dès les premières images du film nous le comprenons bien : qui se meurt seul, meurt seul. John May est le seul à accompagner les morts ; en fouillant bien, il découvre tout ce qu'il peut sur la vie des défunts et leur offre ainsi les funérailles les plus sincères qu'il peut imaginer.


Ouais... c'est pas joyeux. Mais c'est franchement beau. Ce film a du mérite pour une raison selon moi, c'est la cohérence de son propos et de la forme qui exprime ce propos : c'est le quotidien de John May qui nous est montré, et au risque d'être répétitif, lent et parfois chiant, au moins le résultat est authentique, sincère et du coup, touchant. Chaque plan représente le calme, l'ordre et les méthodes du héros. Très peu de mouvements, et une logique au service du sentiment. Tant et si bien que l'élément perturbateur n'arrive qu'après une demi-heure de film ; sur un long métrage de 85 minutes, c'est osé ! Et c'est surtout que le film aurait pu tomber dans des écueils narratifs et visuels très facilement, et ressembler de trop près à une oeuvre plein de bons sentiments mais sans maîtrise, dans le genre des Oscars-nominees wannabe qui sortent un peu tous les ans entre novembre et février.


C'est là que le film fait une erreur somme toute impardonnable à mes yeux, mais c'est un spoiler gigantesque donc je vais d'abord dire que c'est un beau film malgré tout, que son originalité et sa sincérité sont admirables, et qu'on lui pardonne volontiers d'être un peu chiant. Et maintenant je vais parler de la fin du film, donc si vous souhaitez le voir, arrêtez-vous là.


A la fin, il meurt. Ouiiii mais pourquoi tu lis encore là, je t'avais dit de ne pas lire pour pas te faire spoiler !! Et ben tu aurais dû m'écouter. Bref. A la fin, John May a réussi à faire venir onze personnes pour son dernier dossier (il vient d'être licencié, parce que son approche est révolue. Respecter les morts, on n'en a plus rien à battre dans son service), et il est heureux, très heureux. Il se fait percuter par un bus et il meurt. Ouais... Ouais. Mais il meurt heureux au moins. Et il n'y a personne à son enterrement, pendant que son dernier client se fait enterrer, entouré de ses proches. John May se fait enterrer dans la fosse commune, parce qu'il a donné son propre emplacement à son dernier client, justement. La fille du défunt jette un œil vers son cercueil un instant, puis s'en va. Et là... des fantômes sortent de tout le cimetière et viennent rendre hommage à John May. C'est pour moi une immense faute de goût digne du pire film guimauve, et une balle dans la tête de la sincérité qui parcourt le reste du film. C'est visuellement insensé compte tenu du reste du film, et surtout totalement inutile ! Déjà, le plan se suffisait à lui-même, mais pour insister il aurait suffit d'enchaîner des plans sur les tombes du cimetières, hop là effet Koulechov et on comprend bien que ptit John est bien entouré et que c'est effectivement, Une Belle Fin. Mais non, à la place on fait un truc dégueulasse.

C'était donc un nouvel épisode de "Renaud pense pouvoir mieux réaliser qu'un professionnel, parce qu'il a fumé un chimpanzé."

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