dimanche 19 avril 2015

Dark Places : lieux communs dans la pénombre

Dark Places profite du succès de Gone Girl pour montrer le bout de son nez : en effet ce thriller est une autre adaptation d'un roman de Gillian Flynn, et la promotion le met très en avant. Le réalisateur et scénariste, un français, est en effet bien moins connu que David Fincher, donc pas moyen de banker dessus.


Et donc qu'en est-il de ce film ? Et bien, franchement pas grand chose. L'histoire a de quoi plaire pourtant ; un club de passionnés par les histoires de meurtres en tout genre contacte une femme dont toute la famille a été assassinée quand elle était encore enfant, 28 ans plus tôt. Selon eux, le puni (son grand frère. Oui c'est du Gillian Flynn, c'est du thriller policier, c'est forcément glauque) n'est pas coupable, et ils veulent faire ré-ouvrir l'affaire.


Le souci principal du film, c'est qu'il n'a aucun langage filmique. Aucun sens du rythme, aucune dynamique, un montage très brouillon lors des scènes d'action qui en perdent donc toute puissance évocatrice ou tout simplement explicative (c'est la moindre des choses de comprendre ce qui se passe), tout cela dessert totalement le matériau d'origine qui a vraiment de quoi plaire ! Le long-métrage est ainsi divisé en deux périodes, celle précédant le drame, et celle du présent ; mais elles sont totalement déséquilibrés, ce qui je l'avoue, contrairement à d'autres critiques, ne m'a pas déplu. Le poids des événements explique leur omniprésence, là où le présent n'existe presque pas dans la tête de l'héroïne. Mais c'est bien le seul élément de la réalisation qui a eu le moindre impact sur moi, malheureusement. 

Surtout qu'en plus, la distribution est légèrement abusée : Tye Sheridan (Tree of Life, Mud, Joe), futur Cyclope des X-Men, Christina Hendricks, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Chloë-Grace Moretz... mais aucun n'a réellement le temps de briller. La caméra semble simplement posée là, histoire de montrer les faits mais sans jamais laisser le temps aux acteurs de faire exister leurs personnages et de nous transmettre des choses. Christina Hendricks joue ici le même rôle -quasiment- que dans Lost River, dont j'ai parlé en début de semaine, mais toute la puissance qu'elle avait dans le film de Gosling est introuvable ici. Seule Chloë-Grace Moretz parvient à tirer son épingle du jeu ; elle joue une fille de riche déglinguée qui profite de son statut social pour s'adonner aux pires abjections. Drogues, satanisme (j'y reviendrai), vol, j'en passe et des pires, et ses scènes sont les seules à paraître authentiques.

Et c'est vraiment dommage car le livre semble avoir un potentiel filmique assez remarquable ; on retrouve ici des thématiques familières, notamment celle de l'accusation à tort et de ses conséquences. Ici, le frère de l'héroïne est accusé de pédophilie et de satanisme (le danger des fausses accusations semble être la marotte de Gillian Flynn, et c'est tant mieux, le sujet est fascinant, terrifiant et inépuisable), mais l'atmosphère étouffante et dégueulasse de Gone Girl ne parvient jamais à s'installer ici. Même les doutes qui peuvent exister autour de la vérité ne nous saisissent vraiment jamais, et on s'ennuie à attendre la révélation qui est, inévitablement, convenue. Par faute de didactisme dans le script et la mise en scène ! De même, le club des détectives en herbe est carrément sous-exploité : le côté incroyablement glauque du principe même n'apparaît que deux minutes grand maximum au début du film, et quel gâchis !


Dark Places est pour moi une film extrêmement frustrant ; si je sors de la salle en me disant "hé bien j'aurais sans doute mieux fait de lire le livre", je n'ai pas vécu une bonne expérience de cinéma.

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