jeudi 11 juin 2015

Jurassic World : Metadinosaurus Rex

2015 est une année particulièrement nostalgique pour les fans de cinéma populaire : c'est le retour de Star Wars, de Terminator, de Max Max, et aujourd'hui, de Jurassic Park. Mad Max, on a vu, on est mort, on est retourné le voir encore et encore, et c'est à mes yeux un des plus grands films jamais réalisés. Star Wars, on n'en sait pas des masses mais je vais dire ici ce que je répète à qui veut bien l'entendre : on est à peu près certain que ça sera un bon film. Parce que JJ Abrams, globalement. Et puis il reste Terminator, dont les différentes bande-annonces sont plus inquiétantes qu'autre chose... et c'est pareil pour Jurassic World.


Ce qu'il faut savoir, c'est que cela fait depuis le troisième opus que Spielberg et coe cherchent de quoi en faire un nouveau film, le problème n'étant pas la page blanche pour les scénaristes mais le trop-plein d'idées ; apparemment des dizaines et des dizaines de scripts ont vu le jour et ont été proposé à Amblin et Universal. Il a fallu alors que Spielberg ait l'idée d'un parc dont les gens se seraient lassés (oui, comme quoi, même à lui ça peut lui arriver d'avoir des idées pas franchement excellentes, il faut bien l'avouer), et qu'un autre type (je sais plus qui est à l'origine de celle-ci) pense à un dresseur de vélociraptors, et le projet final était lancé. Cela vous semble bien débile ? On va y revenir, mais dîtes-vous qu'on a failli avoir un film avec des hybrides vélociraptors/humains qui braquent des banques. Je ne déconne pas. Donc... ça aurait pu être bien pire.


Et si je voulais être méchant avec le film, c'est ce que je dirais de lui : Jurassic World, ça aurait pu être bien pire. En vérité, c'est surtout un divertissement très sympa, et je dois avouer que je suis sorti du cinéma rassuré, et même content. Jurassic World nous plonge donc au coeur du parc d'attraction hyper tendance, et ce sous différents points de vue : la femme qui gère le parc, qui détient désormais le trophée de plus grande distance parcourue sur sol inadapté en talons hauts, ses deux neveux envoyés là-bas par leurs parents pendant qu'ils règlent des soucis personnels, un dresseur de vélociraptors et son équipe (dont Omar Sy, qui nous gratifie d'un petit "merde" en français dans le texte, ça fait toujours plaisir), les geeks de la tour de contrôle du parc (avec Nick de New Girl quand même), les scientifiques (welcome back Dr Wu !), et... les "méchants". Je ne vois pas comment les appeler autrement, c'est tellement ridicule. Donc ça en fait du peuple, et vous remarquerez qu'en plus ça ressemble à peu de choses près au setting du premier Jurassic Park. Et bien c'est parce que ce film n'a de cesse de revisiter le film de 1993, à la fois dans le scénario (le parc à succès + dinosaure qui s'échappe + panique + les méchants qui veulent voler des dinosaures + l'adulte qui a du mal avec les enfants + les enfants paumés) mais aussi dans des références plus ou moins subtiles, qui je l'avoue pour certaines m'ont fait jubiler.


Donc, à partir de tout ça, voilà ce qui déclenche tout le bordel : le parc fait moins d'entrées qu'avant, et pour garder le tout intéressant l'équipe du parc crée un nouveau dinosaure. On ajoute dans le tas un type qui veut militariser les dinosaures carnivores tels que les vélociraptors "dressés" de Chris Pratt, et lorsque le nouveau dinosaure se fait la malle, et bien c'est la grosse catastrophe dans le parc ! Ainsi les gentils petits touristes se retrouvent à se cacher derrière des piles de jouets de ptérodactyles pour échapper à des vrais ptérodactyles... ouais le film est extrêmement méta en fait, il joue beaucoup sur sa nature de film et de suite. Certains des dialogues du film sont CLAIREMENT des messages adressés au spectateur pour lui demander d'accepter cette suite et également de ne pas oublier de respecter et d'admirer le film d'origine... on appréciera tout de même un moment où le Dr Wu explique entre les lignes le pourquoi du comment les dinosaures de leur parc n'ont pas de plumes, ça c'était franchement amusant.


L'un des intérêts de la structure narrative d'un film de cette saga, c'est qu'il peut aisément échapper aux codes des films de super-héros qui envahissent près de tous les blockbusters actuellement (codes qui sont en réalité ceux des films pour enfants, et qui ont été emprunté par les blockbusters par la suite, je me demande pourquoi personne ne parle de ce détail), et ainsi profiter d'une bonne heure d'exposition et de découverte du parc, avant que tout se chamboule et que les personnages, tout sous différents fronts, se retrouvent finalement rassemblés. Ou morts ! Parce que justement, cette saga fonctionne plus comme un film d'horreur au final et se rapproche des Aliens et autres Predator, et dans le paysage actuel c'est clairement rafraîchissant.


Maintenant, il faut dire ce qu'il est, si le film est sympa, il est quand même franchement débile. Le plan des méchants de prendre des dinosaures pour les utiliser dans l'armée est totalement insensé... mais étrangement, quand ils font ça dans Alien, ça ne me choque pas. Peut-être est-ce parce que la capacité à faire croire à un spectateur les choses les plus absurdes est ce talent d'illusionniste qui sépare les Hitchcock, Spielberg, Nolan et autres, des réalisateurs professionnels moins talentueux ? je dis peut-être, mais en fait je ne me le demande pas, j'en suis persuadé. Au delà de ça, la majorité des scènes de parlote sont étrangement dirigées, et si certains acteurs sont franchement bons malgré la rigidité des dialogues, ça reste assez tendu. Qui plus est, la réalisation n'est pas toujours hyper maline, et si on trouve des idées assez chouettes ici et là (le gag de l'oiseau, le T-Rex difficile à apercevoir derrière tous les gens collés à la vitre, comme dans un vrai zoo), on ne peut pas vraiment dire que le montage où le cadrage soit toujours propice aux sensations fortes. La première apparition frontale d'un dinosaure dans le film par exemple, n'est pas vraiment réussie, ce qui me permet de toucher un mot sur les effets visuels : ils sont bons. C'est vrai, ils le sont, et c'est nettement plus beau à voir que les scènes du même type dans le film de 1993.



Mais... c'est jamais aussi vrai que les Animatronics, et ça ne semble pas... vrai. Mais ça, c'est une plainte générale sur l'esthétique des films, et une passion renouvelée sans cesse pour les prothèses et autres bidules que l'on pouvait voir dans les films de Dan O'Bannon et autres... qui plus est, ces effets sont souvent utilisés pour faire du plus grand plus beau plus fort sans forcément beaucoup de jugeote... à cet égard, la scène la mieux réussi du film selon moi est une scène dans la cage des vélociraptors de Chris Pratt, vers le début du film. L'enjeu est grand, et ainsi l'action s'en ressent. Si un hélicoptère s'écrase dans une volière à dinosaures, à un côté d'un gigantesque c'est quoi son nom déjà Rex, mais qu'on s'en claque des personnages dans l'hélico, y a pas, ça fait pas grand chose.


Et pourtant, il y a des moments où Jurassic World utilise à bon escient les technologies modernes, et je mentirai si je disais que je ne m'étais pas mis à pleurer comme un débile lors d'un plan séquence - numérique certes mais ô combien pertinent - qui m'a foutu sur le cul dans son utilisation de l'espace et son rappel des échelles. Mieux que tous les discours meta du film, ce simple plan pas simple du tout a su montrer la substance de ce qui fait l'essence de la saga : nous ne sommes que d'infimes petites choses face à des géants, et nous ne pouvons qu'admirer. Et éviter de se faire bouffer.

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