lundi 21 mars 2016

Midnight Special / 10, Cloverfield Lane : Cinéma d'extraterrestres, cinéma extra.


Midnight Special, de Jeff Nichols : un père enlève à une secte son fils, prophète involontaire aux pouvoirs mystérieux, pour le ramener là où est sa place... avec des extraterrestres?


10, Cloverfield Lane, de Dan Trachtenberg: suite à un accident de voiture, une jeune fille se réveille prisonnière d'un bunker anti-apocalypse. Son "sauveur" lui apprend que l'apocalypse a eu lieu, et que les extraterrestres ont exterminé toute l'humanité à la surface. Est-ce vrai ou bien est-il fou ?

Cette semaine, deux excellents films indépendants de "science-fiction" sont sortis au cinéma. Les deux ont de petit budget, et représentent deux formes de cinéma bien distinctes, mais qui sont tout autant appréciables. Voyons donc ce qui vous plaira le plus !

Midnight Special et Jeff Nichols. Le cinéma d'auteur : ambiance, émotion et images cinématographiques



Midnight Special a donc un scénario sympa, et prenant, on a le gouvernement et Adam Driver le scientifique au grand coeur qui poursuit les héros, on a une secte flippante qui vit coupée du monde, et tout plein de trucs cool... Mais ça n'est pas du tout le centre du film. Non, ici Jeff Nichols est bien plus dans un délire à la Damon Lindelof : on nous projette dans une histoire in medias res et jamais les personnages ne vont s'arrêter pour nous expliquer le tout. Le spectateur grappille ce qu'il peut ici et là, et au final l'essentiel est là. Et il y a des incohérences si l'on s'attarde dessus... mais mieux vaut ne pas, puisque là n'est clairement pas le but.

Plus que toute autre chose, on a affaire à du cinéma d'auteur. Et du coup je vais un peu cracher sur la promotion du film qui compare le film à du Spielberg... Mouais. Ok. Y a un enfant, des histoires d'alien, une Amérique rurale et des flash de lumière, certes. Mais Spielberg les gars, c'est un cinéma de l'innocence juvénile, de la naïveté (au sens mélioratif), c'est sentimental et léger. Ici les cocos on est chez Jeff Nichols, et le mec est plutôt pas trop dans ce délire. Ici, on ne rigole pas, on n'est pas trop émerveillé. En revanche, certes, on ressent. Et on ressent ENORMEMENT. Jeff Nichols a des obsessions : la relation père-enfant, la perte de l'innocence, la folie, la violence. Et plus que tout, il aime confronter ses personnages plus qu'humains à des situations qui les dépassent totalement.



Et l'humain ici, c'est Joel Edgerton, qui joue là son meilleur rôle. Non, vraiment, son meilleur rôle. Et puis d'abord, qui parmi vous en a quelque chose à foutre de la filmo de Joel Edgerton ? Parce que moi j'en avais rien à cirer des pompes de clown jusqu'à voir Midnight Special, mais là il m'a subjugué. Et pourquoi ? Parce qu'il est notre point de repère dans le film, notre point de vue sur cette famille déchirée - Michael Shannon, Kirsten Dunst et le petit - par une secte et par des événements surnaturels, et c'est à ses côtés que nous passons du doute à l'émerveillement. Et ce surtout lors de la séquence finale, qui restera dans les mémoires. Enfin, les miens. Les miennes ? Passons. Toujours est-il que Joel est notre porte d'entrée, et dans l’entrebâillement, on aperçoit une famille qui voudrait être, mais qui ne pourra jamais s'accomplir. Et cela, on le voit deux fois de manière très claire, et très puissante : la première, c'est une scène du petit qui joue au Lego sur le tapis. Ses parents sont assis dans deux fauteuils, et se tiennent la main. Ils le regardent. Joel Edgerton, lui, les regarde... tout en rechargeant un fusil. La deuxième, c'est une embrassade familiale qu'observe Joel... l'enfant porte un gilet pare-balles, resserré avec du gaffer pour s'adapter à sa taille.

Une sacré bombe ce film.


10 Cloverfield Lane : De la balle explosive de sa mère la mante religieuse de l'espace.



En fait, j'ai décidé de ne pas vous parler de ce film. J'aurais beaucoup à dire mais je vais être bref : là où Midnight Special a une histoire qui sert un besoin de raconter des émotions et des obsessions cinématographiques, 10 Cloverfield Lane a une mise en scène super méga efficace qui est en permanence au service de son ambiance.



C'est le premier film de Dan Trachtenberg, et c'est une sacré prouesse. Sous la direction de grand gourou mauvais robot JJ Abrams, le bonhomme a réussi à créer une ambiance oppressante de film d'horreur psychologique ultra angoissant. C'est simple, je pense que c'est tout simplement la meilleure performance de John Goodman depuis The Big Lebowski et Barton Fink. Oui je pèse mes mots, et ils ont beau être aussi lourds que John Goodman lui-même, je ne reviendrai pas dessus. Il est TERRIFIANT putain. La mise en scène d'une petite scène de repas le sert bien notamment, et à partir de ce moment du film, impossible de ne pas paniquer à la moindre de ses actions, même quand il baisse sa garde et montre des côtés plus humains. Face à lui, John Gallager Jr. est très bon, et surtout Mary Elizabeth Winstead, aka Ramona Flowers, aka Mrs Lincoln chasseuse de vampires, est l'héroïne la plus cool de 2016 so far. Bon, je suis à peu près certain que Wonder Woman va la défoncer dans deux jours, mais on s'en fout. Elle est incroyable.



Et puis... et puis je ne veux pas trop vous parler de la fin du film. Mais bon, les quinze dernières minutes du film ont été pour moi totalement jubilatoires. Un des meilleurs moments que j'ai passé au cinéma de toute ma vie, et peut-être que je vous le survends, mais je m'en bats les batteries, parce que ce film défonce tout.

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