dimanche 10 avril 2016

Demolition : L'Etranger.

Un jeune homme d'affaires tente de comprendre pourquoi la mort tragique et accidentelle de sa femme ne semble pas l'attrister. Dans le plus grand des calmes, il démolit sa vie morceau par morceau.


Beaucoup de films sont sortis cette semaine, mais je ne savais pas trop quoi écrire au sujet d'une grande majorité d'entre eux.
Mais il fallait quand même que je prenne le temps de poser quelques paragraphes au sujet de Demolition, le nouveau film du réalisateur québécois Jean-Marc Vallée, connu pour Dallas Buyers Club, Wild et bien sûr C.R.A.Z.Y. Pas beaucoup, mais quelques uns. Parce que voilà, j'ai adoré ce film qui n'a pas reçu un accueil critique ou public très chaleureux, et ce sont deux choses que je peux comprendre, oui oui oui. Mais tout de même ! 


Pourquoi est-ce que ce que ce film ne plaira pas à tout le monde ? Parce que, vous l'aurez compris, Demolition est très franchement mélo ; il oscille dangereusement sur un fil d'équilibriste de sa première à sa dernière minute, et il en revient au spectateur de parvenir à le suivre sans tomber dans les écueils qui l'entourent, tels des volcans plein de la lave en fusion. Ben oui quoi, un film sur le deuil, sur un accident tragique, sur des vies brisées, on est facilement dans le téléfilm qui sent le moisi façon fromage oublié dans un frigo débranché pendant quatre mois.


Et pourtant, je suis parvenu à garder le fil, à ne pas perdre pied ; c'est d'abord grâce au talent de conteur visuel de Jean-Marc Vallée, qui est toujours très narratif à l'image plutôt que dans la parlote. Les inserts permettent de suggérer et d'insuffler une émotion sans lourdeur. C'est ensuite par la performance de Jake Gyllenhaal, qui confirme encore et toujours son statut actuel de "acteur favori de Renaud". Cet homme est un monstre, il peut tout faire et est absolument captivant. Son interprétation est si juste que ses actions en deviennent franchement drôles : c'est-à-dire que son pétage de plomb progressif, qui se fait dans un calme à faire passer Doc Gynéco pour un lapin qui a bu douze tasses de café, paraît tellement vrai qu'il en devient jubilatoire. Il n'y a rien de plus drôle que l'humanisme mes choux, et du coup bah, on se fend la poire, d'un rire gorgé d'empathie. Je ne veux pas trop spoiler, mais la quasi totalité des meilleures scènes du film sont des interactions entre le personnage de Jake et un adolescent sexuellement confus, notamment une séquence qui inclut des armes à feu et un gilet pare-balles.

Et au final, Demolition parlera le plus à ceux qui se reconnaîtront dans le personnage. Dans ses difficultés à comprendre ses sentiments, dans son détachement face au réel, je n'ai pu m'empêcher de voir beaucoup de mes propres facettes, et troubles personnels, dans le héros. Mais si vous êtes à peu près sain d'esprit, ouais, je ne suis pas sûr que ce film soit pour vous. En résumé : Demolition, un film pour les démolis.

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