samedi 16 avril 2016

Desierto : Gravity mais à la frontière americano-mexicaine.

Un groupe d'immigrés clandestins tentent de pénétrer sur le sol américain en traversant un désert. C'est sans compter sur un patrouilleur et son chien qui sont prêts à tout pour les empêcher de rejoindre le "pays des braves et des hommes libres".

Avec Gael Garcia Bernal, et Jeffrey Dean Morgan.


Quand je vivais aux USA, il y avait sur les milliards de chaînes de télévision disponibles une émission de télé réalité sur des gros malades qui vivent à la frontière mexicaine, et qui avec leur 4x4, leurs chiens, leurs fusils et leurs chapeaux de cow-boy, passaient tous leur temps libre à "protéger le pays". C'est-à-dire, chasser les clandestins qui fuient leur pays en galère pour venir galérer dans un lieu riche en mirages.


Si cette émission les présentaient en héros - rien qu'en l'écrivant j'ai l'impression de me vomir dans la bouche -, bébé Cuaron (que l'on connaît pour avoir co-scénarisé Gravity avec son papa Alfonso) a décidé de faire l'inverse. Desierto est donc une sorte de film d'horreur/western post-moderne ou un psychopathe (évidemment joué par Jeffrey Dean Morgan, aka Negan dans The Walking Dead) pourchasse et massacre des mexicains.


La dimension politique est évidente, mais pas forcément très appuyé ; elle est intelligemment toujours présente mais jamais mise en avant, comme dans tout bon film de genre au final. En d'autres termes : sans jamais être directement le sujet de l'action, on ne peut s'empêcher de la garder en tête de la première minute à la dernière.


Ce qui prime donc, c'est l'action ; et à ce sujet, Desierto est l'équivalent de Gravity. Tout ce dont on parle, c'est de survie en milieu hostile. Le désert et Jeffrey Dean Morgan sont l'équivalent de l'espace dans Gravity, pourchassant sans relâche les héros. C'est ultra violent, stressant et choquant, et jamais apologétique. La dernière demi-heure est outrageusement primale et finit par ressembler au final de Predator, ou à une forme de western postmoderne. Enfin, les derniers instants du film ont l'intelligence de nous montrer le véritable personnage principal : le désert. Et là je remarque qu'en disant cela je tombe dans le cliché de la critique de film indé qui se veut intelligente, mais voilà, j'en ai rien à branler de vos pastèques, parce que c'est vrai et na. Le désert est dans le titre et à l'image, il ne fait qu'envahir de son espace et n'est jamais accueillant. Au fond, le personnage de Jeffrey Dean Morgan n'est qu'une incarnation du désert, comme si ce dernier l'avait invoqué façon manga bien débile.


Bon le film a quelques défauts : le gentil est un peu trop parfait (on insiste biieeeen dessus franchement, c'est quelque peu agaçant), et surtout le méchant est bien trop fort au début du film. Du coup dès qu'il commence à faire des erreurs et à rater un tir par exemple sur le héros, ça n'est pas super crédible. C'est dommage qu'ils n'aient pas réussi à conserver une tension exemplaire sans tricher un peu sur les règles établies par le film, mais bon. Cela reste un bon film de genre assez original. Et puis surtout point intéressant : on peut constater une  volonté d'étude du spectacle quasi muet dans le cinéma latino de ces dernières années : entre Cuaron père et fils et Inarritu, pourrait-on parler d'un mouvement ?

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