dimanche 19 juin 2016

Belladonna : Quand le Japon te raconte le système féodal avec des orgies

Je vais déroger à une règle fondamentale ici, parce que je sais pertinemment que personne ici n'ira voir le film dont je parle : du coup je vais tout vous raconter, histoire de vous situer un peu le bazar. Parce que voilà, il est sorti dans à peine quatre salles, il ne va pas rester plus d'une semaine... je doute que ce petit délire fasse beaucoup de bruit. Et c'est dommage parce que PUTAIN LES COPINES ET LES COPAINS C'ETAIT N'IMPORTE QUOI !!!


Donc. Belladonna est un dessin animé. Oui, je n'ai pas dit film d'animation, j'ai dit dessin animé. Parce que la plupart des images sont simplement des dessins très grossiers, très peu animés. Grossier dans le sens... brouillon. Pas précis. En plus le style n'a absolument rien de typiquement japonais. Non, ça ressemble plus à un style très médiéval en fait, très occidental. Mais bon, on entend des voix en japonais pendant tout le film, donc ça donne un mélange assez explosif.


Et bon là je ne vous ai pas non plus dit que la bande son, c'est du psychédélique jazz façon King Crimson/Pink Floyd période Syd Barret. Mais avec du chant japonais sur certains passages. Parce que oui, admettons.


Ok, vous êtes toujours avec moi ? Il est grand temps que je vous raconte l'histoire. C'est Jean et Jeanne, un couple de cerfs. Le seigneur du coin vole Jeanne et la viole. Le diable rend visite à Jeanne et lui offre sa force pour lui permettre vengeance. Jean devient un important percepteur, puis se fait couper la main et tombe dans la misère. Jeanne devient une sorcière et est chassée en Enfer. Le village entier souffre de la peste et est abandonné par le seigneur et la religion catholique. Jeanne guérit tout le village à l'aide d'une orgie psychédélique (coucou les gens qui font de la balançoire sur des bites et les femmes qui projettent des poissons depuis leurs vagins), elle retrouve Jean, ils s'aiment. Le seigneur la met au bûcher pour sorcellerie, Jean meurt en tentant de la sauver, les villageois se révoltent. Petit message en japonais qui indique "quelques années plus tard" et là BIM DES REPRESENTATIONS DE LA PRISE DE LA BASTILLE ET DES TABLEAUX DE DELACROIX VIVE LA REVOLUTION FRANCAISE ET LES FEMMES QUI ONT GUIDE LES TROUPES QUOI QUOI QU'EST-CE-QUE TU VEUX!!!!


...Oui. Oui oui oui. Bon je vous ai épargné les scènes de sexe allégoriques/réalistes/poétiques/folles qui pullulent, notamment avec le diable puisqu'il a une forme de bite et grandit quand Jeanne lui succombe (VERIDIQUE), mais voilà vous avez une idée globale de la chose.

Ce que je ne vous ai pas dit, c'est qu'en fait c'est une adaptation libre d'un essai de Jules Michelet. Ouiiiii vous savez le super historien français qui écrivait des trucs de fou !!


Bref, vous l'aurez compris ce film n'est pas pour tout le monde, mais j'ai quand même bien kiffé ma moumoute, et je voulais vous en parler. Et puis par sa nature même il pose pas mal de questions intéressantes sur ce qu'est un film : là ce sont quand même des dessins filmés, très simples, voire moches parfois, et le tout est très cohérent malgré tout. On y trouve même une technique cinématographique assez géniale qui utilise la richesse du dessin sous forme de tapisserie en la mêlant au travelling latéral ! Ainsi nous pouvons voir dans le film des séquences racontées par une succession d'images fixes sur un mouvement latéral, avec une narration, ce qui m'a paru totalement inédit. Dans le sens où je n'ai jamais vu ça utilisé de la sorte dans un autre film.

Je vous laisse avec les deux premières minutes du film, pour ceux qui veulent découvrir.


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