dimanche 10 juillet 2016

La Légende de Tarzan : Impérialisme Cinématographique

Le nouveau carton mouillé de chez Warner ressemble beaucoup à son précédent, Pan : on commence avec le prétexte d'une histoire originale, une variation unique sur une histoire connue et reconnue, mais on tombe au final dans des clichés gigantesques. Pan par exemple montre comment Peter est enlevé d'un orphelinat par Barbe Noire, et le montre même ami avec un jeune Crochet... mais les arcs narratifs du film sont tristement évidents. 


Tarzan a le même problème : il propose de commencer l'histoire quand John "Tarzan" Clayton III est bien installé en Angleterre et heureux de sa vie civilisée. Des événements imprévus le renvoie dans sa jungle, désormais territoire colonisé sous le contrôle des Belges et du méchant Christoph Waltz.

Visuellement c'est laid comme un pou vérolé qui se serait déguisé en Marine Le Pen, scénaristiquement c'est parfois facile, parfois flou... mais surtout, le cadre du film est vraiment d'un extrême mauvais goût. Alors certes, il faut lui reconnaître l'effort qui a été fait pour représenter le Congo (enfin, c'est tourné au Gabon) avec authenticité, et avec la langue qui va avec, mais cela ne sauve pas le tout d'un parti pris que je trouve absolument dégueulasse.



Je m'explique : Tarzan est un film réalisé par des Anglais, sur un noble britannique membre de la chambre des Lords, qui vient sauver la contrée qui l'a vue grandir des méchants colons. Sauf que les méchants colons ne sont pas les Anglais, puisque nous sommes chez les Belges au Congo. Je ne pense pas être le seul à trouver qu'une telle prise de position est plus que douteuse. Et même plus que cela, je trouve ça dommage.


Parce que le film n'exploite jamais réellement cette dimension coloniale. D'ailleurs il n'exploite jamais ses autres thématiques ; donc pour voir un film sur le rapport entre sauvagerie et civilisation dans une vision qui questionne l'occidentalisme de cette dichotomie, on restera sur le Tarzan de Christophe Lambert, malgré les essais autour des personnages de Jane et de l'américain campé par Samuel L. Jackson. Pour un Tarzan qui exploitera la question coloniale en utilisant le personnage hybride de John Clayton pour mettre en question la Grande Bretagne et son impérialisme... il faudra venir le voir dans le cinéma dans ma tête. Parce que ce film n'existe pas.

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