samedi 23 mai 2015

Tomorrowland : Manifeste du "bisounours du cinéma"

Pour faire Tomorrowland, Brad Bird a dit non à Star Wars, et c'est tant mieux. Non pas que ce nouveau film Disney soit un meilleur film que le prochain Star Wars (qui est aussi un film Disney, parce que l'Empire contre-attaque, et que je n'ai pas vu, évidemment), mais il est difficile d'imaginer quelqu'un d'autre sur le projet que JJ Abrams, et quelqu'un d'autre sur Tomorrowland que Brad Bird. Monsieur l'oiseau est le réalisateur très respecté des Indestructibles, de Ratatouille, Mission Impossible 4, mais les vrais de vrais l'apprécient surtout pour Le Géant de Fer. Parfaitement. Si vous ne l'avez pas vu, vous n'êtes pas un vrai de vrai. Apparaît donc ce film de SF - et oui, un film de SF, pas un film d'action déguisé en SF, vous seriez déçus d'attendre cela - scénarisé par Damon Lindelof, le génie derrière Lost et The Leftovers, que Brad Bird a rencontré lorsque ce premier a réécrit une partie du script de MI-4.


Tomorrowland, c'est le futur du passé. On imagine que les plus grands scientifiques du monde entier ont un jour décidé d'exploiter le meilleur de l'homme et de créer un monde meilleur, dans une dimension parallèle. Des recruteurs sont envoyés dans notre monde pour trouver ceux qui, lorsqu'on les accable de tous les maux du monde (le réchauffement climatique, l'orwellisation de la planète, etc.) n'ont qu'une envie : riposter. Ce sont les grands penseurs, scientifiques et artistes, qui feront ce monde. Mais même ce rêve est un jour tombé en désuétude... et il a besoin d'un gros coup pied au cul. Tomorrowland raconte l'histoire de ce coup de pied au cul. Avec ce film, Disney continue son entreprise - apparemment subtile vu que personne n'en parle - visant à diriger les enfants d'aujourd'hui vers des carrières scientifiques. Ce sont bien sûr des visions extrêmement romancées de la science que nous découvrons dans ce film, dans Bienvenue chez les Robinson, dans Les Nouveaux Héros et même dans le Marvel Cinematic Universe, mais c'était la même chose pour Indiana Jones les gars. Il faut bien commencer quelque part !


Bon, je ne peux pas dire que ce film m'a transcendé. J'ai trouvé les effets visuels très décevants, le tout fait très... Disney en fait, le rythme est un peu faux et le tout un poil trop long. Cependant, il est bourré de bonnes idées et de trouvailles très amusantes. Le scénario a une structure extrêmement inhabituelle, construit sur des faux-départs, ce qui n'est pas déplaisant, et ces histoires secondaires (celle de George Clooney notamment) sont très réussies. L'esthétique du film s'inspire en grande partie des parcs Disney et par moment le film ressemble à une grande attraction - sans que cela soit gratuit - jubilatoire. Enfin, la toute dernière séquence du film est remarquable.


Mais ce qui reste après ce film avant tout, c'est l'idée qu'il véhicule ; un optimisme mêlé de culot. Tomorrowland fait appel à tous ceux qui en ont assez d'entendre du mal de tout, assez de la dystopie, de l'horreur, des anti-héros, de la mode du toujours plus sombre... c'est en cela qu'on retrouve le Brad Bird du Géant de Fer, celui qui faisait appel au symbole de Superman pour redonner de l'espoir à un pays désabusé.

En cela, le film m'a touché parce qu'il fait écho à l'existence même de ce blog. Aujourd'hui, nous aimons la critique. Nous aimons ceux qui hurlent, le Nostalgia Critic et Le Joueur du Grenier, on aime cracher sur tout et n'importe quoi, en le faisant n'importe comment. Le cinéma populaire d'aujourd'hui c'est que de la merde, les Transformers sont des bouses intersidérales, Hollywood est une usine infecte qui tente de nous laver le cerveau, j'en passe et des meilleures. Vivons-nous dans un monde parfait ? Bien sûr que non. Le cinéma est-il soudain devenu irréprochable ? Encore moins. Mais quel est l'intérêt de se concentrer sur les crachats ? Constatons les erreurs, réparons-les, et encore plus important, dirigeons notre regard sur ce qui est beau, ce qui est réussi. A force de critiquer, le spectateur moderne en vient à venir au cinéma avec des œillères et il rate le plus important : la totalité du cinéma.


J'écris pour donner envie de voir des films. J'écris pour parler des œuvres qui m'inspire, qui me font non pas cracher mais déposer des mots sur les touches de mon clavier. J'écris pour rappeler, jour après jour, que si l'on voit de la merde partout c'est probablement parce qu'on en a plein les yeux. Alors allons de l'avant ensemble, et continuons à aimer le cinéma et à aimer l'homme et ses possibles.

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